Une histoire du Canada
aurait, il n’a pas les capacités nécessaires pour les mener au combat. au début du mois de décembre 1837, il marche sur toronto, s’arrête, bat en retraite, puis reprend sa marche.
Cette pause permet aux partisans du gouvernement de renforcer toronto par bateau à vapeur. C’est à présent au tour du gouvernement de se mettre en marche. Mackenzie s’enfuit pour finir par se mettre en lieu sûr aux états-Unis.
La base de la rébellion se trouvera donc aux états-Unis plutôt qu’au Canada. avec l’aide de ses sympathisants américains et de fonds américains, Mackenzie et ses hommes tentent à plusieurs reprises d’envahir le Haut-Canada. Les pouvoirs britanniques lèvent leurs propres troupes, gardent la frontière et envoient des soldats de métier en renfort de leurs troupes locales.
alerté par les troubles le long de sa frontière du nord, le gouvernement américain fait ce qu’il peut pour couper les vivres aux rebelles et décourage leurs partisans américains. il bénéficie en cela du soutien de la majorité de l’opinion publique américaine42. au bout d’un an d’actions décousues de guérilla, la rébellion se calme.
Le gouvernement a remporté la victoire. dans le sillage de la rébellion, des centaines, voire des milliers, de rebelles ou de sympathisants rebelles quittent la province. Ceux qui restent risquent d’être arrêtés et le sont souvent. deux des rebelles de 1837 sont pendus. (Certains des envahisseurs ultérieurs de 1838, dont un suédois mal avisé répondant au nom de nils van schoultz, sont également pendus. À son procès, schoultz a pour défenseur un jeune avocat de Kingston en pleine ascension, John a. Macdonald.) La victoire gouvernementale transforme l’équilibre politique. après 1838, la politique ne diffère que par les nuances de la loyauté envers la question fondamentale de savoir si le Haut-Canada devrait être britannique.
Comment parvenir à le garder britannique, voilà la grande question.
LORD DURHAm ET L’UniOn DES DEUx cAnADAS
La nouvelle des rébellions canadiennes et de leur étouffement oblige le gouvernement britannique à adopter une forme plus active de contemplation. déjà, lord Gosford a démissionné de ses fonctions de gouverneur général, sa mission de conciliation ayant manifestement 166
UnE HIsTOIRE dU Canada
échoué. Pour le remplacer, le gouvernement whig envoie un personnage beaucoup plus en vue, John Lambton, comte de durham. il s’agit d’un riche propriétaire minier du nord de l’angleterre qui s’est illustré dans la politique radicale depuis les années 1820 (d’où son surnom, « Radical Jack »). il a été brièvement ministre au début des années 1830 mais, après s’être disputé avec certains de ses collègues, il a été mis à l’écart au poste d’ambassadeur britannique en russie (de 1833 à 1835). de retour en angleterre, c’est un élément perturbateur au sein du parti whig, où il suscite parmi les ministres des réflexions quant à savoir s’il ne serait pas opportun et adéquat de lui confier une autre lointaine mission.
durham accepte de partir en mission au Canada en 183843. il jouit de vastes pouvoirs ou, du moins, c’est ce qu’il croit. il sera gouverneur général et son autorité s’étendra aux colonies de l’atlantique autant qu’aux deux Canadas, et, au sein de ces colonies, il sera beaucoup moins entravé par des obstacles constitutionnels et politiques que ses prédécesseurs. durham fera plus que gouverner ; il cherchera ce qui n’a pas fonctionné et fera des recommandations au gouvernement de Londres qui devrait alors agir en conséquence.
après avoir examiné les dossiers sur les deux Canadas au Colonial Office, durham met le cap sur les colonies accompagné d’une importante suite officielle et y arrive en mai 1838. À titre de gouverneur, il prend des décisions importantes sur la question la plus pressante à l’époque : que faire des rebelles capturés et toujours en captivité ? durham en envoie certains en exil semi-tropical aux Bermudes, leur épargnant ainsi une peine plus grave. Malheureusement, les Bermudes échappent à son autorité. Le gouvernement de Londres renie sur le champ cette décision ; quand les nouvelles officielles parviennent au Canada, durham remet sa démission et lève les voiles en octobre au terme d’un des mandats les plus courts de l’histoire.
si l’histoire s’arrêtait là, durham n’aurait été qu’un feu de
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