Une histoire du Canada
étaient anglicans, membres de l’église officielle ; ce ne sera jamais le cas. Même en angleterre, la plupart des chrétiens de foi protestante ne sont pas anglicans, mais membres de sectes dissidentes : baptistes, congrégationalistes et, depuis tout récemment, méthodistes. aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, dans les années 1740, 1770, 1800 et 1820, l’amérique anglophone est balayée par plusieurs vagues de renouveaux religieux. des prédicateurs à cheval, les « itinérants » méthodistes, des américains en général, apportent la Bible et un message de salut individuel dans les régions anglophones 7•TransformaTionseTrelaTions,1815–1840
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retirées de la nouvelle-écosse, du nouveau-Brunswick et du Haut et du Bas-Canada. Prédicateurs officieux, vivant d’expédients et de charité, les méthodistes comblent le vide laissé par l’église établie, surmontant même leur incapacité à célébrer légalement des mariages, qui sont la chasse gardée des rares pasteurs anglicans des provinces. si, au Canada français, la langue représente un obstacle insurmontable, ailleurs, leur message est reçu avec enthousiasme, même par des familles ou des personnes autrefois anglicanes.
On peut prendre l’exemple de la famille ryerson, des Loyalistes et anglicans venus du new Jersey et habitant dans le comté du norfolk, sur la rive nord du lac érié. Juge de paix et colonel de la milice, Joseph ryerson adhère à l’église anglicane et va jusqu’à fermer sa porte à son fils egerton lorsque ce dernier se convertit au méthodisme. en dépit des craintes de son père, pour egerton, ce choix religieux n’est pas déterminant pour son allégeance politique ; enfant, il a vu les maraudeurs américains à l’œuvre pendant la guerre de 181237 et n’a aucune raison d’admirer la république ou ses institutions. Quand l’occasion se présente de détacher le méthodisme canadien de ses cousins américains et de retourner à ses racines britanniques, egerton ryerson, devenu le promoteur et le journaliste le plus influent de l’église, ne la laisse pas passer. Mais tant que les pouvoirs ne reconnaîtront pas que les méthodistes et les autres protestants dissidents ne font pas preuve d’un manque de loyauté en choisissant de ne pas vénérer l’église de l’état, l’harmonie dans la province sera mise à mal par la question religieuse.
Les méthodistes ont la malchance de se trouver confrontés à l’inflexibilité de John strachan, l’archidiacre anglican de York, qui deviendra plus tard le premier évêque anglican de toronto. écossais et presbytérien à l’origine, strachan est le promoteur le plus ardent et le plus puissant, mais non le mieux placé, de l’anglicanisme38. Un gouverneur général ultérieur, lord elgin, l’appellera « l’homme le plus dangereux et le plus vindicatif du Haut-Canada39 ». strachan ne ménage pas ses efforts pour créer une province reposant sur son église, voire dominée par celle-ci. ancien maître d’école, il voit ses anciens élèves accéder à des postes de pouvoir, dont ils se servent pour renforcer l’influence de l’église. strachan lui-même siège au conseil exécutif, où il donne des conseils confessionnels aux lieutenants-gouverneurs, qui s’empressent de les écouter. Mais strachan n’est pas seul à défendre sa position puisqu’il peut compter sur ses collègues du conseil exécutif très uni et, à côté de cela, sur l’assentiment et l’enthousiasme d’hommes bien en vue d’un bout à l’autre du Haut-Canada.
Les trois lieutenants gouverneurs du Haut-Canada durant cette période, sir Peregrine Maitland (1818–1828), sir John Colborne (1828–
1835) et sir Francis Bond Head (1835–1838) ne sont pas dépourvus de talent, 162
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bien que Head soit tellement excentrique que ses critiques soutiendront –
fait tout à fait plausible – qu’il a été nommé à ce poste par erreur. tous trois sont très attachés aux principes de la constitution britannique, qui comprennent, selon leur visions des choses, l’église anglicane. ils sont aussi très attachés à une interprétation stricte de leur fonction et de la relation qui doit exister entre une colonie et l’empire. Les gouverneurs gouvernent, et les colons, s’ils veulent être d’une loyauté à toute épreuve, en acceptent les résultats. Par conséquent, les gouverneurs repoussent toute tentative de compromis – à
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