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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bleu nuit, entourée de petites étoiles dorées. Elle indiquait un seul nom en caractères grecs noirs : T U X H.
     
    Je savais où je me trouvais. Je devinais quelle espèce de vieille sorcière démente cette Tyche devait être.
    Je me forçai néanmoins à rassembler mes esprit et, levant le poing, tambourinai fermement à la porte.
    — Est-ce que je pourrais avoir un rendez-vous ?
    — Tu veux la voir tout de suite ?
    — Si personne d’autre ne se trouve avec elle.
    — Je crois que ça ira. Sa dernière visiteuse est partie depuis un petit moment…
    Après avoir péniblement avalé ma salive, j’entrai pour un rendez-vous immédiat avec une astrologue.

13
    J’ai horreur de ces endroits.
    Je me mis en condition pour affronter une horrible sorcière vomissant des imprécations. À mon grand soulagement, je constatai que la cambuse enfumée où elle devait faire ses incantations se trouvait ailleurs dans la maison. Un jeune esclave tiré à quatre épingles me conduisit dans un salon confortable, ce qui, paradoxalement, me mit encore plus mal à l’aise. Une mosaïque brillante, aux motifs noir et blanc, constituait le sol. Au-dessus de lambris ornés de dessins simples, les murs étaient peints en noir. Entre les différents panneaux, agrémentés de petits médaillons dorés contenant des coquillages et des fleurs séchées, des candélabres jetaient une lumière douce. De chaque côté d’une table basse en marbre, qui devait bien peser une demi-tonne, étaient disposés deux fauteuils à haut dossier comme en utilisent les femmes. À un bout de la table trônait un astrolabe ; à l’autre s’étalait un parchemin représentant les planètes. En face de la porte, sur une série d’étagères, on pouvait admirer une collection de vases grecs anciens qui auraient fait le bonheur d’un commissaire-priseur : tous parfaits, tous de belle taille, tous de ce style géométrique ancien avec des rangées répétitives de spirales et d’antilopes stylisées qui témoignaient de la connaissance et du bon goût du collectionneur.
    Ces antiquités m’impressionnèrent encore plus que l’atmosphère. Seule une odeur de parfum flottait dans l’air, comme si des femmes venaient juste de libérer les lieux. On ne décelait aucune trace d’encens (ou de drogue quelconque) susceptible de mettre en condition un visiteur qui ne se tiendrait pas sur ses gardes. Pas de tintements de clochettes. Pas de musique subtile et lancinante. Pas de nains difformes bondissant hors de cabinets secrets…
    — Bienvenue. En quoi puis-je t’aider ?
    La femme qui venait de se glisser dans la pièce était d’aspect parfaitement net, calme, et s’exprimait d’une voix agréable et cultivée. Elle parlait même latin avec un meilleur accent que moi.
    Je lui aurais donné la soixantaine. Sa robe droite, de couleur foncée, était retenue aux épaules par deux petites broches en argent et émail noir. Elle laissait ses bras nus, mais ils se trouvaient plus ou moins dissimulés dans les plis du vêtement. Ses cheveux fins et noirs s’éclairaient de mèches grises. Si l’expression de son visage n’avait rien de mystique, on remarquait cependant ses paupières lourdes, et il était difficile de définir la couleur de ses yeux. En fait, elle ressemblait à n’importe quelle femme d’affaires au sein de la société masculine romaine : sujette aux concessions, mais avec une force et une opiniâtreté sous-jacentes, plus une trace d’amertume – aussi discrète que celle de l’escargot.
    — Tu es l’astrologue ?
    Ses lèvres pincées formaient une ligne mince, comme si ma présence l’indisposait.
    — Je suis Tyche.
    —  Fortune, en grec. Pas mal.
    — Tu dis ça comme une insulte.
    — Il m’arrive d’utiliser des noms bien pires, pour qualifier ceux qui s’amusent à donner de faux espoirs aux gens désespérés.
    — Alors, commenta-t-elle froidement, je ferai en sorte de ne pas t’en donner.
    Comme je m’attendais à faire l’objet d’un examen en règle de sa part, je la dévisageai franchement.
    — Je peux voir que tu ne viens pas en client, déclara-t-elle, avant que j’aie eu le temps d’ajouter quoi que ce soit.
    Évidemment, prétendre lire les pensées fait partie des trucs du métier.
    — Je m’appelle Falco.
    — Je n’ai pas besoin de savoir ton nom.
    — Épargne-moi le baratin habituel. Les niaiseries énigmatiques me donnent envie de grincer des dents.
    — Oh !

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