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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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comment ? C’est la première chose que la vieille femme va me demander.
    Appuyé sur son établi, il me raconta l’histoire de la crise cardiaque dans l’amphithéâtre.
    — C’est pas de chance. Il était très vieux ?
    — La soixantaine.
    — C’est pas beaucoup ! (Aucun commentaire.) Il avait de la famille ? Maman va vouloir faire ses condoléances…
    Le visage de l’homme se ferma.
    — Non, dit-il.
    Réponse étrange et, surtout, parfaitement inexacte.
    — Et tu es qui, toi ? insistai-je avec jovialité, comme un étranger grossier. Comment as-tu récupéré la boutique ? Tu travaillais avec lui, avant ?
    — C’est ça. Je travaillais avec lui. J’étais son apprenti. Il m’a bien appris le métier, et il m’arrivait de le remplacer quand le poids des ans s’est fait sentir. Alors, après sa mort, j’ai continué.
    Arrivé à ce point, je me sentis obligé d’admirer son travail. Il y avait un peu de tout, depuis des rangs de perles banales, en corail, jusqu’à de merveilleux pendants en sardonyx, gros comme la moitié de mon poing.
    — Tout ça est très beau. Je connais une dame qui serait heureuse si je choisissais quelque chose dans ton stock…
    Non que j’aie eu l’intention d’acheter quoi que ce soit. Je devais meubler un appartement, et Helena possédait déjà assez de bijoux. De plus beaux bijoux que ceux que je pourrais me permettre de lui offrir, alors inutile de me lancer dans la compétition.
    — … Écoute, je peux me tromper, mais il me semble bien que ma mère m’a dit que Moscus avait une femme.
    — Elle s’est remariée. (Il avait parlé assez sèchement, mais ne semblait pas particulièrement fâché.) C’est elle qui me loue cette boutique. Tu veux savoir quelque chose d’autre sur Moscus, fils ? L’emplacement de ses taches de vin, ou la pointure de ses sandales ?
    Comme il devenait de plus en plus agressif, je battis en retraite en prenant un air gêné.
    — Par Jupiter, je n’avais pas l’intention de me montrer indiscret. C’est à cause de ma mère qui va me demander des tas de détails.
    — Eh bien voilà, tu sais tout, trancha-t-il d’un ton bourru.
    — C’est vrai ! Merci beaucoup ! (Je risquai néanmoins une dernière impertinence :) Tu ne trouves pas un peu rageant d’avoir fait marcher l’affaire pour le vieux Moscus et de te retrouver locataire, tandis que sa veuve convole joyeusement avec un autre ?
    — Non. (Le lapidaire me provoqua du regard. Il me mettait clairement au défi, tout en m’avertissant que je le ferais à mes risques et périls.) Pourquoi ? Je devrais ? continua-t-il de sa voix criarde. (En apparence, tout au moins, il était insensible à mes provocations.) Elle me fait payer un loyer tout à fait raisonnable. Moscus est mort ; alors ce qu’elle fait de sa vie, c’est elle que ça regarde.
    Si je voulais recueillir des commérages, je devrais m’adresser ailleurs. Je souris bêtement, et m’éloignai sans rien ajouter.
     
    J’étais de retour rue Abacus, en train de surveiller la maison de la chercheuse d’or. Les choses suivaient leur cours normal : petit déjeuner ; forte chaleur ; livraison de vin ; chien courant après chat ; Severina dans établissement de bains…
    J’en étais arrivé au point où je pouvais décrire la journée de la dame à l’avance. Travail on ne peut plus facile ; tellement facile que j’en étais déprimé. Puis, alors que je me demandais comment faire pour que la situation évolue un peu, j’appris plusieurs choses coup sur coup.
    La chaise fit son apparition juste après le déjeuner. Je la suivis le long de cinq rues et la vis franchir l’entrée d’un magasin de poteries. J’attendis discrètement dehors – tellement longtemps que le doute finit par s’infiltrer en moi. Je me rendis à l’intérieur, pensant voir la chaise de Severina l’attendant au bout du passage sombre.
    La chaise avait disparu. Tandis que je restais dans la rue comme un idiot à me faire écraser les pieds par les mules, la chercheuse d’or avait traversé le magasin, pour ressortir probablement par la porte du jardin. Bravo, Falco !
    J’allai jusqu’à la maison. L’appartement du rez-de-chaussée était plutôt discret : pas de fenêtres ; pas de plantes grimpantes en pots ; pas de chatons sur le seuil. Rien d’autre qu’une porte de couleur foncée, protégée avec un guichet grillagé. À côté, on avait fixé une petite plaque de céramique

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