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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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était venue malgré lui qu’il décida de rendre l’argent du loyer… Mon grand-oncle Scaro m’a raconté ça comme une histoire, quand j’avais environ 7 ans. J’ai compris plus tard qu’il s’agissait d’un avertissement.
    — Pour que tu ne deviennes pas un propriétaire foncier ? (Severina me regarda de la tête aux pieds : je portais une tunique rapiécée, une ceinture ordinaire, et j’avais les cheveux en désordre.) Tu ne risques pas grand-chose, si ?
    — Les chercheuses d’or n’ont pas le monopole de l’ambition !
    Elle ne sembla pas s’offusquer de mes paroles.
    — Je vais te dire pourquoi je n’ai pas le même propriétaire que les boutiques.
    — Je crois avoir deviné. Tu es propriétaire de ton appartement.
    — Ainsi que de tous ceux du bloc. Mais je n’ai rien à voir avec les boutiques, dit-elle d’une voix douce.
    Il était clair que sa déclaration nous ramenait directement au problème des héritages reçus dans une rapide succession. J’avais appris de la bouche du bijoutier que son loyer était raisonnable. Mais quoi qu’il en soit, je m’intéressais davantage à la façon dont elle avait acquis son magot qu’à ses placements.
     
    Je me levai. Nous nous tenions dans une pièce très claire, aux murs d’un ocre tirant sur le jaune, avec des portes pliantes. Je les repoussai, presque certain qu’elles ouvraient sur de la verdure. Au lieu de cela, je découvris une cour pavée, sans un seul arbre.
    — Tu n’as pas de jardin ? (Severina fit non de la tête. Je laissai échapper un soupir et tournai le dos à ce triste tableau.) Évidemment, tu déménages trop souvent pour avoir le temps de faire des plantations… Aucune importance : avec Novus, tu vas acquérir la moitié du mont Pincio.
    — Oui. J’aurai tout loisir de rattraper le temps perdu dans l’art du jardinage… Où habites-tu ?
    — Dans un appartement de quatre pièces dont une me sert de bureau. Je viens juste de le louer.
    — Content ?
    — Trop tôt pour le savoir. J’ai l’impression que les voisins sont des poseurs, et je regrette de ne pas avoir de balcon. Mais il y a suffisamment d’espace ; c’est ce qui m’a plu.
    — Es-tu marié ?
    — Non.
    — Des petites amies ? (Elle me vit hésiter.) Oh ! laisse-moi deviner… Tu n’en as qu’une. Et elle te donne du souci.
    — Qu’est-ce qui te fait croire ça ?
    — Tu m’as l’air d’un homme capable de viser trop haut. (Je parvins à garder mon calme, car avec cinq sœurs, j’avais appris à ignorer les persiflages. Severina, qui était plus intelligente que mes sœurs, changea de sujet.) Quand tu travailles, tu as besoin d’un collaborateur ?
    — Non, je travaille seul.
    Je ne compris pas pourquoi ma réponse la fit éclater de rire. Pour une raison que j’ignorais, j’avais l’impression qu’elle essayait de me piéger. Ce n’est que longtemps après que je découvris pourquoi.
    — Tu n’as pas l’air très à l’aise, Falco. Tu n’aimes pas parler de ta vie privée ?
    — Comme la plupart des hommes, je suppose.
    — Oh ! oui. Derrière le cliché de la mâchoire ferme se dissimule un homme fascinant.
    On en arrivait aux flatteries professionnelles. Je sentis ma colonne vertébrale se raidir.
    — Ça suffit, Zotica !
    — Allons, du calme, Falco !
    — La flagornerie, c’est pas mon truc. Et, en plus, je déteste les rouquines.
    Elle me foudroya du regard.
    — Qu’est-ce qu’elles t’ont fait, les rouquines ?
    Sa question fit naître un timide sourire sur mes lèvres. Mon père avait levé le pied avec une rouquine, mais je ne pouvais pas les haïr toutes pour cette raison. Qui plus est, je connaissais suffisamment mon père pour savoir que c’était lui le coupable. En vérité, mon opinion n’était qu’une question de goût : je n’avais jamais été attiré par les rouquines.
    — Il vaudrait mieux qu’on parle affaires, suggérai-je, en ignorant sa question.
     
    Severina se pencha vers une table basse et remplit de nouveau sa tasse. Ensuite, elle renouvela l’opération avec la mienne. Étant donné que j’étais persuadé qu’elle avait tué trois maris et que l’un d’eux, l’apothicaire, avait sans doute été empoisonné, je vécus un moment pénible. Tout homme sensé, connaissant le passé de la dame, aurait dû refuser l’hospitalité de ses gracieuses mains blanches. Et cependant, confortablement installé dans sa maison, séduit par

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