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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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l’habileté de ses arguments, il était difficile de refuser des rafraîchissements aussi aimablement offerts. Est-ce que j’étais en train de me laisser désarmer par la même fausseté qui séduisait ses victimes ?
    — Très bien. Que puis-je faire pour toi, Falco ?
    Je reposai ma tasse, puis croisai les doigts et y appuyai le menton.
    — On ne peut pas te reprocher de ne pas aller droit au but…
    Nous parlions d’une voix calme, même si une certaine tension sous-jacente était perceptible. Son regard ne me quittait pas, quelque peu adouci par le plaisir qu’elle prenait à marchander.
    — … Mes clientes, les femmes Hortensius, m’ont demandé de découvrir le montant de la somme qui te déciderait à laisser Novus tranquille.
     
    Severina resta silencieuse pendant si longtemps que je m’efforçai de me rappeler les mots exacts que je venais d’employer, pour essayer de déceler une éventuelle bévue. En fait, elle devait s’attendre à une proposition de la sorte.
    — Tu sais aller droit au but, toi aussi, Falco. Tu dois souvent avoir eu besoin de payer les femmes !
    — Mon frère aîné était un homme d’expérience. Il a tenu à m’apprendre comment on glissait un demi-denier dans le corselet d’une putain.
    — C’est venimeux !
    — Cette situation n’est pas si différente.
    Elle se redressa sur son siège, et j’adoptai l’expression qu’elle avait qualifiée de : « cliché de la mâchoire ferme ».
    — Eh bien, je me sens flattée. Combien les horribles Pollia et Atilia comptent-elles m’offrir ?
    — Dis ton chiffre. Si ta demande est trop exorbitante, je leur conseillerai de la rejeter. D’un autre côté, nous sommes en train de discuter le prix d’une vie…
    — Je préfère ne pas comprendre ! murmura-t-elle avec colère, sans presque desserrer les dents. (Elle se redressa encore plus.) Falco, demander en quoi consistait l’offre était une simple curiosité. Je n’ai pas la moindre intention de rompre mes fiançailles avec Novus. Toute tentative de m’acheter est une insulte et une perte de temps. Tu peux me croire : ce n’est pas son argent qui m’intéresse !
    Ses dernières paroles étaient prononcées avec une telle passion que je me sentis obligé d’applaudir. Severina Zotica respirait fort, mais elle ne donna pas libre cours à son irritation, car un visiteur nous interrompit. Il y eut d’abord un grattement. Le rideau de la porte se mit à trembler. Je restai un instant perplexe, avant de voir apparaître en dessous un bec menaçant et un œil sinistre bordé de jaune, bientôt suivis d’environ quinze pouces d’oiseau gris dont la teinte allait de l’argent au charbon. Le tout se terminait par une queue rouge.
    Je vis l’humeur de Severina changer.
    — Tu n’as pas envie d’avoir un perroquet, Falco ? soupira-t-elle.
    En ce qui me concerne, il faut laisser les oiseaux dans les arbres. Et les oiseaux exotiques – avec leurs horribles maladies – dans les arbres exotiques. Je hochai énergiquement la tête de gauche à droite.
    « Tous les hommes sont des salauds ! » hurla le perroquet.
    Pris par surprise, j’éclatai de rire. Le perroquet s’empressa d’imiter mon rire. Je sentis le rouge me monter au visage. « Salaud ! » ne cessait-il de répéter d’une façon quasi obsessionnelle.
    — Il raconte n’importe quoi ! Qui a bien pu lui apprendre cette ineptie ?
    — C’est une fille.
    — Évidemment. J’aurais dû m’en douter.
    Le plus redoutable assemblage de plumes à avoir jamais mordillé un perchoir me regardait d’un œil torve. Il se dégagea du rideau de la porte dans un bref flamboiement des plumes rouges de sa queue, et avança dans la pièce comme une espèce d’étrange paon miniature. Il s’arrêta juste à portée de ma botte.
    Severina ne quittait pas son oiseau des yeux.
    — Elle s’appelle Chloé. Elle était déjà comme ça quand on me l’a offerte. C’est un gage d’amour de Fronto.
    — Pas surprenant. Les hommes ont défilé à une telle vitesse dans ta vie que tu as dû accumuler plus que ta part de cadeaux bizarres !
    Le perroquet me fixa en gonflant ses plumes, et des duvets me volèrent jusque sous le nez. J’essayai de ne pas lui donner le plaisir d’éternuer.
    À ce moment-là, l’un des esclaves musclés de Severina écarta le rideau à son tour. Il se contenta d’incliner la tête vers elle. Elle se leva immédiatement.
    — Novus vient d’arriver.

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