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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Novus participait assez peu à la conversation, si ce n’est par quelques remarques qui me permirent de comprendre que Severina avait toute sa confiance.
    — Ma cargaison de Sidon est enfin arrivée.
    — Tu dois être soulagé. Qu’est-ce qui l’a retardée ?
    — Des vents contraires, dans le voisinage de Chypre…
    Elle lui fit passer la salade. C’était un homme qui transpirait beaucoup, et fronçait les sourcils en se goinfrant à toute vitesse. Il se conduisait un peu en rustre, mais une femme rêvant de confort ne s’attardait pas à ce genre de détail, s’il savait se montrer généreux. Severina le traitait avec un certain respect. Si leur mariage avait lieu, il fonctionnerait sans doute assez bien, si elle était capable de conserver cette attitude respectueuse – et si lui restait en vie, bien sûr.
    Il était généreux. Il avait apporté à sa fiancée un collier fait d’une vingtaine d’améthystes. À la façon dont il le lui tendit, on devinait qu’il avait beaucoup pratiqué ce genre d’exercice. Elle accepta le cadeau avec un plaisir visible mais discret. Je gardai mes pensées cyniques pour moi.
    — Falco, ici présent, a affronté ce matin un des représentants de Priscillus, dit soudain Severina.
    Novus parut alors s’intéresser à moi pour la première fois. Tandis que je mordillai une olive en prenant un air modeste, elle me décrivit en train de tirer le vieux vendeur de fruits des griffes du sbire de son propriétaire. Novus hurla de rire.
    — Tu devrais te méfier ! Offenser Priscillus peut être dangereux pour la santé.
    — C’est qui ? Un gros propriétaire foncier ?
    — Un homme d’affaires.
    — Et cet homme d’affaires est dans des affaires louches ?
    — Des affaires normales.
    Novus n’était pas intéressé par ce que je pensais des hommes qui magouillent dans l’immobilier.
    Severina poussa son fiancé dans ses retranchements d’une voix songeuse :
    — Est-ce qu’Appius Priscillus ne dépasse pas un peu les bornes ?
    — Il fait rentrer ses loyers.
    — J’ai l’impression…
    Novus interrompit son murmure d’un geste.
    — Ses locataires devaient avoir des arriérés. On ne peut pas faire de sentiment avec les dettes.
    Il se dévoilait sous l’aspect d’un homme obstiné, même s’il lui décocha un regard indulgent en prononçant le mot « sentiment ». Ce genre d’homme m’était familier : dur comme un couteau de Noricum, et ravi de posséder une petite chatte langoureuse agissant comme sa conscience. Très bien – dans la mesure où il écouterait sa conscience quand elle parlerait.
    Severina n’avait pas l’air convaincu, mais elle laissa tomber le sujet sans insister. C’était la femme idéale à la table du déjeuner : capable de participer à une conversation intelligente, et assez perspicace pour savoir faire preuve de réserve… Je me mis à penser à Helena Justina. Quand Helena avait un sujet à cœur, personne ne pouvait l’empêcher de dire ce qu’elle en pensait.
    Je surpris Severina en train de m’observer en silence. Alors, sans savoir exactement pourquoi, je relançai la conversation à laquelle Novus avait souhaité mettre un terme.
    — Est-ce que la façon dont Priscillus harcèle le voisinage te rend nerveuse ?
    Le sourire rassurant de la parfaite hôtesse illumina le visage de Severina.
    — En ce qui concerne les affaires, je suis à la lettre les conseils d’Hortensius Novus !
    J’aurais mieux fait d’économiser mon souffle.
     
    Comme un dernier tribut à l’appétit de Novus, Severina fit servir des gâteaux. Seulement trois gâteaux (il s’agissait d’un déjeuner, pas d’un banquet ), mais des merveilles de gâteaux, élégamment disposés sur un superbe plat d’argent que Severina offrit ensuite à Novus. Il l’accepta aussi naturellement qu’elle avait accepté les améthystes. Cela lui donnait aussi le droit de lécher le plat, et c’est avec beaucoup de jalousie que je vis sa grosse langue molle aller et venir pour ramasser les miettes.
    Il prit congé peu de temps après, le plat d’argent sous le bras, mais sans avoir une seule fois abordé la raison de ma présence à ce déjeuner. Severina sortit avec lui, ce qui me laissa supposer qu’ils s’embrassaient en privé. Des croassements moqueurs du perroquet semblèrent me donner raison.
    Quand l’hôtesse revint, je m’étais redressé sur la couche et j’étais en train de faire une estimation du collier

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