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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Dès qu’elle me vit m’éloigner nonchalamment, elle poussa un cri qui dut s’entendre jusque sur l’île de Tibère et, retroussant ses jupes rugueuses, elle se lança à ma poursuite.
    La panique – et la rage – lubrifièrent mes membres ankylosés. Je me mis à courir le long de la ruelle, au moment précis où les deux espions d’Anacrites bondissaient hors de la boutique du barbier. En un rien de temps, ma botte fut coincée sous un des monstrueux panards, et je ne pus retenir un hurlement.
    Je balançai machinalement mon balluchon dans la direction du deuxième larron. Quelque chose à l’intérieur (probablement ma plus grande poêle à frire) le frappa à hauteur de la gorge, l’envoyant valdinguer en arrière avec un croassement qui fit peine à entendre. Le propriétaire des pieds se trouvait trop près de moi pour que je puisse agir de même à son égard. Sa technique, pour maîtriser une victime incapable de se défendre, était d’appeler les passants à son secours. La plupart d’entre eux me connaissaient, et se contentèrent de se moquer de lui. Ils furent surtout surpris à la vue de la vendeuse de saucisses – aussi large que haute – qui m’attaquait avec un salami géant. Je parvins à écarter mon corps, de façon à ce que mon agresseur me protège malgré lui. Et, de fait, il ramassa un violent coup de ce gigantesque phallus fumé, qui dut le dégoûter à vie du porc poivré.
    Malheureusement, il n’avait pas soulevé le pied pour autant, et j’étais handicapé par mon ballot qu’il n’était pas question de lâcher. Sinon, le premier voyou venu allait se sauver avec, pour en vendre le contenu à l’encan au premier coin de rue. Alors, tandis que je faisais tout pour essayer de me libérer, grands-pieds et moi nous tenions serrés l’un contre l’autre, donnant l’impression de nous livrer à une danse tribale étrange.
    Du coin de l’œil, j’aperçus son compère en espionnage qui reprenait ses esprits. Ce fut le moment choisi par Lenia pour sortir de sa blanchisserie en courant, un vaste récipient de métal sur la hanche. Elle voulait connaître la raison de tout ce remue-ménage près de chez elle. Quand elle me vit, un rictus lui souleva le coin des lèvres et, sans hésiter, elle assena un coup de son chaudron sur la tête de l’espion qui faisait mine de se relever. Décidément, le pauvre n’avait pas de chance avec la quincaillerie. Son crâne accusa le choc, et ses genoux cédèrent sous lui une nouvelle fois. Je profitai de cette diversion pour flanquer un vicieux coup de genou dans une partie de l’anatomie de mon agresseur qui me parut moins développée que ses pieds. Sa petite amie allait certainement me maudire. Je vis ses orteils se recroqueviller sous l’atroce douleur, et je pus me libérer sans peine. Tandis que Lenia agonissait d’injures la marchande de saucisses, j’achevai grands-pieds d’un coup de balluchon avant de partir sans demander mon reste.
     
    Enfin de retour à la maison.
    Après le tohu-bohu de l’Aventin, tout paraissait incroyablement calme. Je tentai de créer un peu d’animation en sifflant une chanson gauloise, mais l’étrange veuve du dessus ne tarda pas à se remettre à cogner, m’obligeant à mettre un terme à mon récital.
    Épuisé, je dissimulai les cuillères d’Helena sous mon matelas, m’entortillai dans ma couverture bouffée aux mites, et m’écroulai sur le lit.
    Ronfler pendant un après-midi entier est un merveilleux passe-temps. Le genre de passe-temps auquel un détective privé se livre avec beaucoup de facilité.

19
    Le lendemain, je me réveillai ragaillardi, mais plein de courbatures. Je résolus de foncer chez Severina Zotica, afin de lui dire ce que je pensais d’elle, les mots adéquats se formant dans mon cerveau.
    J’avalai cependant un petit déjeuner avant de partir. Ma mère, qui croit que la cuisine familiale protège un garçon des dangers moraux (surtout quand il est obligé de tenir lui-même la queue de la poêle), avait apporté un brasero qui pourrait faire l’affaire en attendant que je construise un vrai gril. Ce qui n’était pas pour demain. Août n’est pas le mois rêvé pour traîner à la maison des briques volées sur les chantiers, dans le but d’emplir mon élégant appartement de fumée et de l’odeur des sardines grillées, sans parler de la chaleur. D’un autre côté, je ferais sans doute mieux de m’y mettre le plus vite possible, si je tenais à

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