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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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ce que ma mère me laisse un peu tranquille… Je n’avais jamais pu lui enfoncer dans la tête qu’un détective privé avait des choses plus urgentes à faire que les travaux ménagers.
    Tout en avalant ma boisson au miel maison, je me demandais si c’était le fait d’avoir des mères abusives qui transformait les détectives en solitaires donnant toujours l’impression de s’être enfuis de chez eux.
     
    En arrivant rue Abacus, je rencontrai des passants qui commençaient à se préoccuper de leur repas de midi. Un rot élégant vint me rappeler que je venais de prendre mon petit déjeuner, mais j’eus tout de même envie de me joindre à eux. Un petit supplément serait le bienvenu – d’autant plus que je pourrais facturer aux Hortensius tout ce que j’allais manger comme « frais de surveillance ».
    C’est alors que mon regard fut attiré par la chercheuse d’or. En voyant les manuscrits coincés sous son bras, j’en déduisis qu’elle arrivait de la bibliothèque. La fromagerie se trouvant devant sa maison recevait une livraison, et l’entrée était obstruée par des charrettes à bras pleines de jarres de lait de chèvre, et de fromages enveloppés dans des tissus. Severina Zotica avait donc été obligée de descendre de sa chaise à porteurs dans la rue. Quand je m’approchai d’elle, elle était en train d’abreuver de sarcasmes les livreurs. Ils eurent le malheur de répondre qu’ils ne faisaient que leur travail, ce qui lui donna l’occasion de leur expliquer comment ce travail devrait être fait, s’ils avaient la moindre considération pour le règlement incendie et celui de la circulation, pour la paix du voisinage et la circulation des piétons.
    Pour Rome, il s’agissait là d’une scène tout à fait banale. Sans signaler ma présence, je la regardai s’en donner à cœur joie. Les livreurs, habitués à ce genre de propos, écartèrent tranquillement un grand baquet aux parois crémeuses ; rassemblant ses jupes, elle parvint à se frayer un passage.
    — Encore toi ! me jeta-t-elle par-dessus son épaule.
    Son ton me rappela celui que ma famille employait avec moi. Et, une fois de plus, j’eus le sentiment qu’elle aimait se sentir en danger.
    — Oui. Excuse-moi…
    Quelque chose venait d’attirer mon attention. Un instant auparavant, j’avais aperçu un vaurien juché sur un âne parler au marchand de fruits qui possédait un verger dans la campagne romaine, et avec qui j’avais discuté hier. Le vieil homme, debout devant son étal, paraissait le supplier. Après avoir fait semblant de s’éloigner, la crapule fit reculer son âne pour que sa croupe heurte violemment l’étalage de fruits. Il devait tirer son plaisir de la destruction, et son numéro paraissait être au point (comme s’il l’avait répété pour distraire les foules dans l’arène, entre les combats de gladiateurs). Toutes les rangées de raisins précoces, d’abricots et d’autres fruits, si soigneusement alignées, s’éparpillèrent sur la route. Le cavalier attrapa une nectarine au vol, mordit dedans à belles dents, puis la jeta dédaigneusement dans le caniveau.
    J’étais déjà en train de traverser la rue en courant. Le voyou s’apprêtait à faire reculer son âne une deuxième fois. Je lui arrachai la bride des mains et plantai mes talons dans le sol.
    — Fais attention, l’ami !
    Sous sa coiffure marron tricotée, son visage respirait l’insolence. Il déployait un volume horizontal impressionnant. Ses chevilles étaient aussi larges que des jambons, et ses épaules auraient bloqué la lumière sous un arc de triomphe. En dépit de tous ses muscles, la mauvaise santé semblait suinter de lui. Il avait des yeux chassieux et des doigts couverts de panaris. Même dans une ville où les nuques boutonneuses étaient coutumières, il constituait une merveille de purulence bourgeonnante.
    Tandis que l’âne me montrait les dents, l’homme se pencha vers moi pour me foudroyer du regard.
    — On se reverra, dis-je calmement. Je saurai te retrouver. Je m’appelle Falco, et n’importe qui dans ce quartier pourra te dire que je n’accepterai jamais de voir un gros tas comme toi mettre à mal le gagne-pain d’un vieil homme.
    Ses yeux se dirigèrent vers le marchand de fruits, qui essayait de se faire tout petit au milieu de ses poires écrasées.
    — C’était un accident, murmura le vieux, en évitant de me regarder. Ça peut arriver…
    Mon intervention lui

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