Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
Péloponnèse. À l’époque, je l’avais mis en colère en prétendant qu’il s’agissait d’un bouclier gaulois – c’est-à-dire un autre de ces trucs sans valeur que mon idiot de frère avait gagné dans un pari, ou trouvé sur les quais d’Ostie. Il aurait été encore plus furieux, s’il avait pu me voir transformer son précieux bouclier en bouilloire à poisson.
    Je filai donc chez ma mère. Quand je grimpai récupérer l’objet en question, je trouvai un nid de souris à un bout. Je m’empressai de les déloger sans en souffler mot à quiconque. La poignée intérieure était déjà détachée d’un côté, et le vert-de-gris rongeait l’autre. Je parvins à finir de l’arracher, au prix de quelques coupures. La face extérieure était ornée d’une pointe en son centre, qui allait me poser un sérieux problème. Mais, à mon avis, je pourrais installer le bouclier en équilibre sur plusieurs casseroles d’eau, au-dessus de réchauds. Je passai toute l’heure suivante à polir le métal, et lavai mon nouvel ustensile de cuisine à une fontaine publique en rentrant chez moi. Je pus alors constater qu’il était assez grand pour contenir le turbot, mais pas assez creux. Quand je voulus le remplir, l’eau atteignait les bords du bouclier sans recouvrir complètement le poisson. Et quand il s’agirait de retourner le monstre à mi-cuisson, l’opération allait s’avérer délicate…
    Comme d’habitude, ma mère me laissa trouver ma propre solution ; puis elle s’en alla, persuadée que j’allais tout faire de travers. J’étais encore en train de contempler le turbot à moitié recouvert d’eau, quand je l’entendis revenir accompagnée d’un bruit de ferraille. Elle disparaissait aux trois quarts sous un grand bac de cuivre qui venait tout droit de la blanchisserie de Lenia. Nous nous efforçâmes tous les deux de ne pas penser à ce qu’elle avait bien pu faire tremper dedans.
    — Je l’ai bien gratté, assura ma mère.
    Le bac était plus court que le bouclier gaulois, mais le poisson y logerait en diagonale (quitte à tordre sa grande tête triangulaire et sa queue). Maman avait aussi pensé à apporter un filet, pour qu’on puisse le soulever une fois cuit.
     
    Tout était enfin prêt.
    J’avais invité ma mère, mon meilleur ami Petronius et sa femme Silvia, ainsi que quelques membres de ma famille. Cette famille était si importante que personne ne pouvait s’attendre à ce que j’invite toute la tribu en même temps. Je choisis Maïa pour la remercier des jetons gagnants, et Junia parce qu’elle m’avait donné le lit. Je me gardai bien d’inviter mes beaux-frères, ce qui ne les empêcha pas de venir.
    J’avais prévenu les invités qu’ils pourraient venir tôt, car regarder le poisson cuire serait une part des festivités. Ils me prirent au mot, et débarquèrent avant que j’aie eu le temps de mettre la main sur une tunique propre et d’aller prendre un bain. Je les laissai errer dans l’appartement en émettant leurs critiques (et en changeant mes affaires de place), tandis que je me concentrais sur le turbot.
    J’avais décidé que nous allions dîner dans la pièce que je destinais à devenir mon bureau, mais chacun apporta son tabouret pour venir s’entasser dans la salle de séjour. Ils y gênaient mes mouvements, tout en me noyant sous leurs conseils.
    — C’est quoi, ton court-bouillon, Marcus ?
    — De l’eau, du vin, et un peu de laurier. Je ne veux pas détruire la saveur originale. On dit que la chair du turbot est très fine.
    — Tu devrais y ajouter un peu de saumure de poisson. Pas vrai, Maïa, qu’il devrait ajouter un peu de saumure de poisson ?
    — Moi, je crois plutôt qu’il devrait le faire cuire dans une sauce.
    — Non. La sauce sera servie à part.
    — Tu vas le regretter, Marcus ! Tu mets du safran, ou de l’oignon ?
    — Du cumin.
    — Du cumin ? Oooh ! Marcus, nous nous sommes fait une sauce au cumin !
    Au milieu de tout ce caquetage, je me mis en devoir de piler les herbes pour ma sauce (ç’aurait dû être du livèche, mais Maïa avait compris du persil. J’aurais aussi ajouté du thym, si je n’avais pas oublié mon pot Cour de la Fontaine). Quelqu’un frappa à la porte d’entrée, et Petronius alla ouvrir pour moi.
    — Camillus Verus t’envoie un divan de lecture. Où faut-il le mettre ?
    Petro me posa la question en hurlant. Je voulais l’installer dans mon bureau, mais c’est là que

Weitere Kostenlose Bücher