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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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j’avais tout préparé pour le repas.
    — Si on l’installait dans ta chambre ?
    — Pas assez de place. Plutôt dans la pièce vide en face.
    L’un de mes braseros s’emballait dangereusement ; c’était plus grave que de choisir l’emplacement du divan.
    Ma mère et Julia choisirent ce moment précis pour installer des rideaux de portes. J’avais sous les yeux leurs bras s’agitant dans les plis de l’étoffe, mais je n’apercevais rien de ce qui se passait dans le couloir. J’entendais mes deux beaux-frères enfoncer les clous qui allaient soutenir les tringles ; en les entendant discuter, je compris qu’installer ces tringles droites n’allait pas être une chose simple. D’après les bruits venus d’ailleurs, j’en conclus que l’installation du divan mettait à rude épreuve le chambranle des portes et la patience de Petronius. Au moment où je m’apprêtai à intervenir, le court-bouillon de mon turbot se mit à bouillir, et je décidai d’ignorer tout le reste. J’avais le visage rouge de m’être penché sur le feu, je venais de prendre le turbot dans mes bras pour le plonger dans le bac, quand j’entendis Maïa crier :
    — Désolée, il s’agit d’une réunion familiale. Didius Falco n’est pas disponible pour des clients.
    Il se produisit alors une espèce d’accalmie. Pendant un horrible instant, j’avais cru qu’il s’agissait de Severina. Je me retournai, le poisson toujours entre les bras… pour constater que c’était bien pire. Avec un air de chien battu, Petronius fit entrer quelqu’un que personne de ma famille ne connaissait (ma mère et moi mis à part) : Helena Justina.
    Il lui fallut un certain temps pour comprendre la situation.
    — Marcus, j’avais bien pensé que tu t’étais trouvé d’autres chats à fouetter, mais pas un seul instant, je n’avais imaginé qu’il puisse s’agir d’un poisson.
    Puis elle se tut, et toute étincelle d’humour disparut de ses yeux. En contemplant le fabuleux turbot que je m’apprêtais à faire cuire, Helena prit soudain conscience que nous allions faire la fête. Mais ce qui parut la frapper plus que tout, c’est que je ne l’avais pas invitée.
     
    Après cinq années passées dans la garde de l’Aventin, Petronius n’avait pas son pareil pour flairer les embrouilles de loin.
    — Débarrassez vite cet homme de son poisson !
    Ma sœur Maïa ne se le fit pas répéter deux fois. Elle se précipita vers moi pour me prendre le turbot des mains, mais, avec l’entêtement des gens en état de choc, je refusai de le lâcher.
    — Je vous présente Helena, déclara Petronius à la cantonade, dans l’espoir de détendre l’atmosphère.
    Il restait planté derrière elle, comme pour l’empêcher de reculer.
    Nous ne savions quoi faire ni l’un ni l’autre. Je ne souhaitais pas lui parler devant tout le monde. Helena était dans le même état d’esprit.
    Je m’accrochais au poisson comme un naufragé à son radeau. Tout était de ma faute, comme d’habitude. L’air scandalisé, Helena luttait discrètement pour se débarrasser du bras protecteur que Petronius venait de lui passer autour des épaules.
    — Marcus, Helena est venue s’assurer que le divan de lecture avait bien été livré. Helena, continua-t-il courageusement, Marcus a reçu ce superbe cadeau de la part de Titus. J’espère que tu vas pouvoir rester dîner avec nous.
    — Pas sans avoir été invitée.
    — Tu sais bien que tu es toujours invitée, parvins-je enfin à dire assez platement.
    — Je n’étais même pas au courant.
    — Mais tu l’es, maintenant.
    — Vraiment, Marcus ! Quelle délicatesse !
    Rassemblant toutes ses forces, Maïa parvint à m’arracher le turbot. Avant que j’aie eu le temps d’intervenir, elle parvint à le placer sur le rebord du bac de cuivre, pour ensuite le laisser glisser à l’intérieur. Il s’enfonça dans le court-bouillon avec toute la grâce d’un chaland impérial qu’on lance à l’eau pour la première fois. Une vague de liquide odorant jaillit de l’autre côté, faisant crépiter les braseros. Maïa eut droit aux applaudissements de tous les membres de la famille ayant assisté à l’exploit.
    Elle se laissa alors tomber sur le tabouret le plus proche, l’air très fier d’elle-même. Mes crétins de beaux-frères se mêlèrent de servir le vin que j’avais prévu pour plus tard. Pour l’instant, le poisson ne risquait rien, mais il avait commencé à cuire

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