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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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maître Astruch, reprit le jeune homme. Il fait presque nuit et la lune n’est pas assez haute pour éclairer votre route. Vous auriez beaucoup de mal à vous reconnaître.
    — Nous avons passé la nuit dernière à Figueres, dit Astruch en guise d’explication. En temps ordinaire, quand je pars de Gérone, je n’y fais pas étape et la nuit me surprend où elle le veut.
    — Vous êtes les bienvenus ici. Entre le grenier et la maison, nous allons vous trouver où coucher. Mais je vous en supplie, soyez discrets.
     
    La femme de Johan, Francesca, descendit l’étroit escalier après avoir mis les enfants au lit. Elle déposa sur la table des assiettes emplies d’olives, de viandes froides, de noix et de fruits, ainsi qu’une grosse miche de pain et une marmite de soupe. Quand tous eurent fini de manger, les serviteurs s’installèrent de leur mieux dans le grenier à foin. Francesca s’excusa et alla s’occuper des lits. Sur un regard de Raquel, les deux servantes prirent leurs baluchons et montèrent aider la femme de Johan avant de se trouver une place où dormir.
    — Je vais me faire un lit dans le grenier, dit Duran. Cela vous laissera plus de place.
    — Fais doucement, recommanda son père. Ne dérange personne.
    — Oui, je vous en conjure, ne faites aucun bruit, renchérit Johan.
    Le jeune homme hocha la tête, prit ses affaires et quitta la cuisine.
    — Vous avez un excellent fils, maître Astruch, ajouta Johan. J’espère que les miens seront comme lui.
    — Avec de tels parents, répondit Astruch, j’en suis persuadé.
    — C’est pour eux autant que pour nous que nous nous sommes convertis, se justifia Johan. Sinon, nous aurions été chassés de nos terres. Ce n’est pas une ville ici, nous n’avons ni murailles épaisses ni communauté pour nous protéger, et je n’ai pas d’autres dons pour gagner mon pain.
    — Vous avez de la famille dans plusieurs villes, des gens prospères qui vous viendraient en aide. Comme le feraient vos amis et les amis de vos parents.
    — J’ai toujours vécu sur cette terre, s’obstina Johan. Mon grand-père y a planté ces oliviers, et ce soir nous avons mangé les fruits des poiriers de mon père. Je me rappelle encore quand il a mis en terre les pousses qui sont devenues des arbres.
    — C’est une ferme riche et bien entretenue.
    — Oui, elle est dans notre famille depuis de nombreuses générations. Mais la seule autre famille juive du secteur a vu ses biens brûler, elle a été convertie de force et chassée pour vivre dans le plus grand dénuement. Ils ont quitté le royaume.
    — Où sont-ils allés ? demanda Raquel.
    — Je l’ignore, mais cela nous a suffi. Je suis allé trouver le noble Francesch de Cervian, qui faisait affaire avec mon oncle et qui est un homme juste et bon. Il a accepté de parrainer notre conversion.
    — Et vous avez pris son nom ? voulut savoir Isaac.
    — Avec sa permission, oui. C’est plus sûr. Je suis Johan Cervian, et ma Dolsa est Francesca Dolsa Cervian. Je fais de mon mieux pour l’appeler Francesca. L’homme que vous avez entendu est une vraie malédiction. C’est un voisin qui espère récupérer nos terres à bon prix s’il peut prouver que nous pratiquons notre ancienne religion. Il débarque à n’importe quelle heure, il nous surveille et nous écoute pour saisir le moindre indice.
    — Nous partirons avant l’aube, décida Astruch.
    — Cela me chagrine de devoir renvoyer à une telle heure un ami de mon père, dit Johan, mais je vous en serais très reconnaissant.
    — À quelle heure faudra-t-il se lever ? demanda Bonafilla, paniquée.
    — Notre voisin est un homme qui aime boire le soir, dit Johan.
    — Dort-il tard ? demanda Isaac.
    — Pas toujours, mais parfois il a du mal à s’arracher à sa couche avant que les cloches sonnent tierce.

CHAPITRE IV
    Dans l’obscurité qui annonçait l’aurore, Raquel était couchée sur le côté et écoutait les petits bruits indiquant que quelqu’un était déjà levé, au-dessus. Elle partageait un lit étroit avec Bonafilla et elle avait passé une nuit aussi longue que désagréable, où l’insomnie n’était entrecoupée que de rêves étranges. Heureuse d’en voir la fin, elle se glissa hors du lit, ouvrit les volets et passa sa robe à la pâle lueur de la lune. Elle fit de son mieux pour se coiffer de ses doigts, puis elle réveilla Bonafilla et descendit l’escalier. Dans la cuisine, Francesca préparait le

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