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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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comme c’est maître Astruch qui parle, murmura Yusuf à l’oreille de Raquel, c’est à Collioure que nous passerons la nuit. J’espère que cet ami nous logera mieux que le précédent.

CHAPITRE V
    Le port de Collioure était peuplé de vaisseaux à l’ancre : une splendide galée, deux navires de commerce de belle envergure et une horde de bateaux de pêche, de la coquille de noix à des embarcations présentant de multiples bancs de rame. Astruch avait installé Raquel, Bonafilla et leurs servantes dans la maison de son ami puis, débordant d’énergie, il avait pressé son fils ainsi qu’Isaac et Yusuf de descendre au port.
    — Je me demande si l’une d’elles est la Santa Maria, dit Astruch en désignant les navires.
    — C’est possible, fit Duran d’un ton aimable.
    — C’est possible, répéta un homme au visage buriné et aux mains noueuses, assis près d’eux sur un rocher. Ce sont tous deux des vaisseaux de commerce, mais celui-ci n’est pas la Santa Maria.
    — Pourquoi dites-vous ça, vieil homme ?
    — Parce que la Santa Maria Nunciada a levé l’ancre et appareillé jeudi dernier à l’aube. Je l’ai vue. Et comme on ne l’a pas revue, j’en déduis qu’elle a pris la mer, ajouta-t-il.
    — Savez-vous si elle a emporté toute sa cargaison ? lui demanda Astruch.
    — Je ne connais rien à ce genre de chose. Je vois les bateaux arriver au port et jeter l’ancre puis relever l’ancre et sortir du port. Quand on est trop vieux pour travailler dessus, il n’y a plus qu’à observer leurs allées et venues. Ça aide à passer le temps.
    — Connaissez-vous quelqu’un susceptible de me renseigner sur sa cargaison ?
    — Le lieutenant de port devrait être au courant. Seulement, il est parti à Perpignan.
    Le vieux quitta son rocher et fit quelques pas en direction de la ville.
    — Bon, je vais manger, ajouta-t-il.
    — Merci, vieil homme, dit Astruch en déposant une pièce dans sa main. Buvez un verre de vin à ma santé. Vous m’avez été très utile.
    — Je ne vois pas en quoi, grommela le vieux, les doigts refermés sur la pièce de monnaie.
    Quand il fut à dix ou vingt pas d’eux, il se retourna.
    — Maître Pere est au courant, leur lança-t-il. Pere Peyro. Il vient de Perpignan. Vous le trouverez normalement par là, s’il n’est pas allé dîner ailleurs.
     
    « Par là » désignait l’une des tavernes de la ville. Le tenancier leur fit un signe en direction de Pere Peyro, assis dans un coin et perdu dans la contemplation d’une cruche de vin. Il leva la tête, assez étonné d’être le centre d’intérêt de trois hommes adultes et d’un jeune garçon.
    — Avez-vous affaire avec moi, messires ? leur lança-t-il sur un ton suffisamment affable pour encourager la conversation.
    — Nous venons de Gérone, dit Astruch en s’inclinant. Et nous faisons étape à Collioure avant de nous rendre à Perpignan. Mon nom est Astruch. Astruch Afaman, c’est ainsi que l’on me nomme habituellement. Voici maître Isaac, médecin, mon fils, Duran, et le disciple de maître Isaac, ajouta-t-il en désignant Yusuf.
    Maître Pere se leva. Il était mince, de taille moyenne et vêtu d’une tunique jaune avec des crevés de velours noir. Ses hauts-de-chausses étaient également jaunes, et ses pieds étaient chaussés de bottes assez élégantes pour faire l’admiration d’un marchand de cuir. Il s’inclina devant Astruch puis devant ses compagnons.
    — Vous me cherchiez ? demanda-t-il. Je suis Pere Peyro. Que puis-je pour vous ?
    — Je suis ici au nom de Guillem de Castell, dit Astruch.
    — Je le connais bien. Nous sommes associés dans la même entreprise.
    — Si l’entreprise à laquelle vous faites allusion est l’expédition de la Santa Maria Nunciada, alors je suis venu frapper à la bonne porte. Don Guillem m’a demandé de voir comment cela se passait. Il ne se rendait pas compte, ajouta-t-il avec délicatesse, que le navire partirait si tôt.
    — Nous non plus, dit Peyro. Mais je vous en prie, messires, asseyez-vous et buvez avec moi. Je suis moi-même arrivé la nuit dernière dans l’espoir de la voir avant son départ.
    — Auriez-vous quelque information que je puisse rapporter à Don Guillem ? demanda Astruch.
    — Je ne veux pas me montrer soupçonneux, mais comment savoir si vous agissez bien en son nom ?
    — Il s’agit de prudence plus que de soupçon, maître Pere, l’approuva Astruch.
    Il entrouvrit sa

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