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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’aide.
    — Chez qui ?
    — Chez maître Pere. Je vais voir ce que je peux faire.
    Une fois dans la ruelle, il brandit la torche qui crachotait. Elle ne révéla que le pavé et les murs. Tout près, il entendit le bruit sinistre d’une arme qui s’abat sur un corps. Il n’y eut nul autre bruit – ni gémissements, ni appels au secours, ni même de ces sons involontaires qu’émet un homme inconscient. Soudain, Yusuf se sentit tout petit, vulnérable, et manquant cruellement d’expérience dans l’art de l’escrime. Il revint vers l’entrée de la ruelle au moment où quatre ou cinq hommes munis de torches et d’épées sortaient de la demeure de maître Pere.
    — Par ici, cria Yusuf en s’effaçant pour les laisser passer.
    Mais l’agresseur avait pris soin de choisir une ruelle qui ne se terminât pas en cul-de-sac. Quand les torches éclairèrent le passage, il s’enfuit, abandonnant le corps d’Abram.
    — C’est maître Jacob, dit le premier serviteur.
    Chacun s’immobilisa et fit silence.
    — Non, dit Yusuf qui les avait suivis. C’est son apprenti, le jeune maître Abram.
    Il s’agenouilla à côté de lui et posa doucement l’oreille sur sa poitrine comme il avait vu son maître le faire à de nombreuses reprises. La respiration d’Abram était faible, irrégulière, mais au moins était-il encore en vie.
    — Il respire !
    — Va chercher un brancard, lança Peyro à son voisin immédiat. Et fais-le transporter chez son père, le plus rapidement possible.
    — Oui, maître.
    — Quelle terrible affaire…
    — On n’est plus en sécurité de nos jours, dit un invité.
    Peyro secoua la tête et regarda gravement les hommes qui transportaient le jeune apprenti vers le Call.
    — Allez me chercher ma cape et mon épée ! ordonna-t-il. J’ai aussi besoin d’un homme armé et de deux porteurs de torche. Faites mes excuses à mes hôtes, ajouta-t-il. Je dois rendre visite à mon médecin. Si tu veux retrouver sans risque maître Isaac, tu ferais bien de nous accompagner, dit-il à Yusuf. Amène ton serviteur avec toi.
     
    Maître Pere fut introduit dans le cabinet du médecin, où on lui apporta du vin et un plateau de fruits secs et de noix ; il resta seul avec Yusuf. La petite servante lui avait dit à l’oreille que Jacob était parti voir la famille d’Abram et que les festivités nuptiales avaient été interrompues. Par les volets ouverts de la fenêtre donnant sur la cour, Yusuf entendit le murmure d’une conversation où la voix si reconnaissable d’Isaac accompagnait d’une basse continue le chœur des autres personnes présentes.
    — Si vous voulez bien m’excuser, maître Pere, dit-il, je vais aller chercher mon maître. La servante dit qu’il était avec le médecin quand le message lui est parvenu. Il pourra vous en dire plus que moi sur la situation.
    — Va, mon garçon, répondit maître Pere, dont les yeux avaient perdu leur éclat. Fais au plus vite.
    Moins d’une minute plus tard, Isaac entra dans le cabinet.
    — Maître Isaac, dit Peyro, avez-vous des nouvelles du jeune Abram ? Je ne puis croire qu’une telle chose se soit produite au seuil de ma maison.
    — Je reviens de chez ses parents, répondit Isaac en s’asseyant lourdement. Quand j’en suis parti, ils désespéraient de sa vie, à juste titre. Je vous assure que maître Jacob et le père de ce garçon font de leur mieux, mais le talent du meilleur médecin ne peut rien face à certaines blessures. Celles-ci, je crois, appartiennent à cette catégorie.
    — Mais pourquoi l’attaquer ? Un jeune garçon ? Un apprenti sans défense ? Cette agression n’est pas due au hasard, maître Isaac. Il ne s’agissait pas d’une bande d’ivrognes. Non, ces hommes l’attendaient.
    — Ce n’était pas pour lui dérober sa bourse, en tout cas. Ils ne l’ont pas touchée. Pourquoi l’ont-ils attaqué, je l’ignore, mais je suis sûr qu’ils voulaient sa mort.
    Une cloche sonna à la porte principale et la servante courut ouvrir à son maître.
    — Maître Pere est dans votre étude, messire, annonça-t-elle.
    — Merci, mon enfant, fit Jacob d’un air las.
    Il leva sa lanterne afin d’éclairer son visage.
    — Il est temps que tu ailles te coucher, ajouta-t-il.
    Il entra dans son cabinet, se versa un gobelet de vin qu’il posa sur la table et prit place à côté d’Isaac.
    — Bonsoir, maître Pere. Qu’est-ce qui vous amène dans ma demeure à une heure

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