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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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la fenêtre du ministère de l’Intérieur. Russell est aux Affaires étrangères.
    Si Palmerston semble un mal nécessaire, du moins n’est-il apparemment plus en position d’exercer trop dangereusement sa fougue dans les relations internationales. Old Pam est désormais un vieil homme presque aveugle, qui se déplace péniblement en s’appuyant sur des cannes. Enfin, de l’aveu de Victoria et d’Albert, Lord Aberdeen est le Premier ministre le plus digne de confiance.
    Il n’est pas immédiatement évident que le retour de Lord Aberdeen a aussi toute l’approbation du tsar Nicolas I er . Car, s’il se peut que ses interlocuteurs anglais l’aient un peu oublié, l’empereur de Russie se souvient fort bien du mois de juin 1844. C’était au temps où Victoria et Louis-Philippe jouaient à l’Entente cordiale. Sir Robert Peel était alors le chef du gouvernement et Aberdeen son ministre des Affaires étrangères. Le tsar était venu leur parler de la Turquie, qui était à ses yeux, sinon aux leurs, « l’homme malade » de l’Europe.
    « Je ne convoite pas un pouce de sol turc pour moi-même, leur avait-il dit en présence de la reine et du duc de Wellington, mais je ne permettrai pas non plus à qui que ce soit d’autre d’en avoir un. »
    D’autres choses encore avaient été dites à cette occasion, puis consignées par Nesselrode dans un mémorandum signé par les parties présentes. Les Britanniques avaient réaffirmé leur soutien à la Russie dans son rôle de protectrice légitime de la religion orthodoxe et des Lieux saints dans l’Empire ottoman, et cela sans qu’il fût besoin d’en référer à la France.
    La nature secrète de ce mémorandum de 1844 peut expliquer que des gouvernements différents aient, entre-temps, paru ne pas saisir certaines allusions de von Brunnow, l’ambassadeur de Russie. Mais Lord Aberdeen, Premier ministre en 1852, ne peut pas ignorer l’existence de ce texte qu’il a lui-même signé. Palmerston, visiblement bien fatigué, étant relégué au ministère de l’Intérieur, le tsar Nicolas a de sérieuses raisons de penser que la Grande-Bretagne ne s’alliera pas à la France contre la Russie.
    En janvier 1853, la France et la Grande-Bretagne échangent des signes de bonne entente. Lors d’un bal pour célébrer son accession, Napoléon III choisit d’ouvrir le quadrille avec Lady Cowley, l’épouse de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris. Victoria donne son accord pour la restitution à la France du testament de Napoléon I er .
    Le tsar Nicolas envoie en Turquie le prince Menchikov, avec pour mission officielle de régler pacifiquement la question de la protection par la Russie des Lieux saints et des orthodoxes des principautés danubiennes de Moldavie et de Valachie.
    En février, Lord Russell, juste avant d’être remplacé aux Affaires étrangères par Lord Clarendon, dépêche à Constantinople Lord Stratford de Redcliffe, en le chargeant d’œuvrer à la conciliation entre la Turquie, la Russie et la France. Le diplomate anglais se rend bientôt compte que Menchikov est en réalité venu contraindre la Sublime Porte à signer, à l’insu des puissances européennes, un traité qui la réduit au rang de vassale du tsar. La Russie exige la souveraineté sur les douze millions de sujets orthodoxes en Turquie.
    Stratford de Redcliffe est un diplomate aussi compétent que retors. Il nourrit une rancune personnelle envers le tsar Nicolas qui n’a pas voulu de lui comme ambassadeur de Grande-Bretagne à Saint-Pétersbourg. Il s’acquitte de sa mission à la lettre, mais dans un esprit opposé à la conciliation recherchée.
     
    Dans la nuit du 19 mars, le château de Windsor est en feu. L’incendie s’est déclaré dans la tour du Prince de Galles. Victoria, d’abord très agitée, parvient tant bien que mal à maîtriser ses nerfs. Entourée de ses dames, tremblant de peur pour tous ceux qui s’évertuent à juguler la catastrophe, elle ne quitte pas des yeux l’horrible spectacle. En haut des grandes échelles, les pompiers aux casques rougeoyants dirigent leurs lances sur les fenêtres d’où les flammes jaillissent en grondant. Au-dessous des planchers qui menacent de s’effondrer, les hommes s’affairent sans relâche. Ils évacuent œuvres d’art et objets de valeur, démontent tout ce qui peut être sauvé, vident la tour de tout ce qu’elle contient.
    En ce début de l’année 1853, la question d’Orient ne

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