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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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qu’il faudrait pour accepter une position si élevée et si périlleuse ». Le prince de Hohenlohe fait suivre à l’empereur la réponse de sa fille.
    « Mon cher, je suis pris ! » répond Napoléon III au comte Walewski quand il lui apporte la nouvelle. Il vient de conclure son union avec Eugénie de Montijo, comtesse de Teba, catholique espagnole et ultramontaine. Femme remarquée dans le monde pour sa beauté, fervente admiratrice de Marie-Antoinette et des Bourbons, Eugénie n’a cependant peut-être pas tout à fait la même distinction qu’une altesse sérénissime ou royale. Les difficultés que l’empereur a rencontrées à cette occasion sont à l’image de la piètre opinion qu’a de lui la haute noblesse d’Europe, pour qui il demeure un parvenu.
    « Maintenant que cette terrible affaire concernant notre chère Ada est résolue par ses propres soins, écrit Victoria à Feodora, je peux et je vais vous dire ce que furent mes sentiments, qui après mûre réflexion sont plus forts encore qu’en premier lieu. Je pense que votre chère enfant a été sauvée d’un désastre à tous points de vue . Vous savez ce qu’ il est, ce qu’est son caractère moral (sans toutefois que je le croie tout à fait dépourvu de bonnes et louables qualités), ce qu’est son entourage, combien la France et la société française sont totalement immorales, ne considérant guère ce qui est mal que comme une chose à la mode et naturelle. Vous savez combien sa position est instable, vous n’ignorez pas son âge et sa piètre santé, et naturellement son désir d’épouser Ada pour des raisons strictement politiques, puisqu’il ne l’a jamais vue. »
    Dans les démarches effectuées par l’empereur auprès de différentes cours d’Europe, Victoria ne semble voir pour l’instant que des tentatives de renforcer au plus vite sa légitimité. En Angleterre, quelques mois auparavant, une certaine opinion publique craignait une guerre avec le nouveau Napoléon. Cela rend quelque peu surprenante l’hypothèse selon laquelle Napoléon III pouvait rechercher un rapprochement, une alliance peut-être, avec la souveraine britannique. Pourtant, c’est par une lettre personnelle de Victoria que la Grande-Bretagne s’est empressée de le reconnaître. Parmi les chefs d’État signataires du protocole secret, qui le reconnaissent comme empereur des Français, le tsar de Russie Nicolas I er a montré plus que de la tiédeur.
    Napoléon III hérite de Louis-Philippe une très ancienne querelle de moines. Les Lieux saints de Palestine se trouvent sous la domination de l’Empire ottoman, qui s’obstine à persécuter ses ressortissants chrétiens. Or, depuis la rencontre de Henry VIII et de François I er au Camp du drap d’or, les catholiques sont sous la protection de la France, les orthodoxes sous celle de la Russie. Si pendant la période révolutionnaire la question de cette partition avait perdu de sa pertinence, elle en a retrouvé, depuis la Restauration, aux yeux de souverains français soucieux de se concilier les bonnes grâces du clergé.
    À l’approche de Noël 1852, les moines catholiques, exerçant un droit séculaire, se rendent en procession à l’église de la Nativité, à Bethléem, pour en recevoir les clés des mains des orthodoxes et placer dans le sanctuaire une étoile aux armes de la France.
    Entre les deux empereurs, la tension monte. Le tsar Nicolas masse un corps d’armée sur la frontière de la Moldavie. Il paraît s’apprêter à envahir les principautés danubiennes, sous prétexte d’en protéger les populations chrétiennes. Napoléon III menace d’envoyer la flotte française en Syrie.
    Cet épisode de la politique internationale pourrait n’être qu’une contingence sans gravité. Néanmoins, la situation entretient un rapport étroit avec ce qui se passe dans le salon de Victoria. Le jour de Noël, traditionnellement consacré à la réunion de la famille à Osborne, autour des sapins décorés, est tout à fait gâché, cette année-là, par les interminables audiences de « ce cher Lord Aberdeen » avec la reine.
    Derby, à la tête de son « gouvernement des Qui-Qui », n’ayant jamais réussi à s’appuyer sur une majorité suffisante, a été contraint de démissionner. Aberdeen compose un cabinet de coalition, regroupant des conservateurs libéraux et des whigs. Palmerston, sorti l’année précédente par la porte du Foreign Office, revient par

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