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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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cérémonie a été retardée pour terminer le tombeau, édifié sur un tumulus résultant du creusement plus ancien d’un lac artificiel, du temps de George III. Dans une lettre au prince consort, elle avait demandé à être enterrée à cet endroit, loin de Windsor où reposent les membres de la famille de Hanovre. Ces funérailles tardives n’ont pas facilité le deuil de la reine. Sa longue période de réclusion fait naître le bruit, dans le pays ainsi qu’à l’étranger, qu’elle a subi une dépression nerveuse si violente qu’il a fallu l’enfermer dans une cellule capitonnée. Elle doit paraître en public sans attendre, pour couper court à ces racontars.
    Bertie lui en fournit l’occasion. Depuis le début de l’année, il poursuit ses études à l’université de Cambridge, qu’il est le premier prince de Galles à fréquenter. Son père, cédant aux demandes réitérées du prince pour recevoir une formation militaire, l’a autorisé à passer les grandes vacances au camp militaire du Curragh de Kildare, près de Dublin. Cela permet incidemment de satisfaire le souhait général d’une présence plus fréquente de la famille royale en Irlande. Bertie y fait ses classes avec le 1 er bataillon de grenadiers de la Garde. Il est prévu qu’il y monte en grade tous les quinze jours, mais les rapports attestent qu’il éprouve quelques difficultés à suivre le rythme de ce programme accéléré.
    Le 24 août, la reine et le prince consort débarquent en Irlande pour la première fois depuis 1849. Ils descendent à la résidence du vice-roi, dans Phoenix Park. Le lendemain, au Curragh de Kildare, Bertie défile devant eux à la tête de son bataillon. Si Victoria apprécie qu’il n’ait pas l’air particulièrement petit, ses officiers instructeurs lui reprochent un manque de précision dans les manœuvres, ses ordres n’étant pas assez clairs et audibles. Victoria et Albert n’en sont pas outre mesure surpris ni déçus. Cet épisode aura du moins permis au prince de Galles de passer ses envies militaires, et à ses parents de rassurer le peuple par leur présence officielle.
    Les routines de la famille royale constituant l’un des gages de la stabilité des institutions, leur départ annuel pour Balmoral contribue à confirmer la bonne marche des choses. Au milieu des réjouissances habituelles, néanmoins, la reine ne parvient pas à se départir de sa tristesse. À Édimbourg, elle entend un sermon sur le livre d’Amos, « Prépare-toi à rencontrer ton Dieu, Ô Israël », qui ravive sa mélancolie.
    « Je me sens désormais, dit-elle, si accoutumée à la mort, et tellement plus proche du monde invisible. »
    Albert, pâle et toujours souffrant, n’est cependant pas si fatigué qu’ils ne puissent s’adonner à leurs marches quotidiennes. Ils entreprennent même une de leurs « grandes expéditions », avec Alice et Helena, suivis de leur fidèle serviteur Brown, Duncan et Stewart leur servant de guides. Partis de bonne heure le matin, ils gravissent le Cairn Logan, pour aller pique-niquer à midi au Cairn Turc, tout au bord de l’à-pic vertigineux. Le sommet est couvert d’une fine couche de glace, qui refuse de fondre dans la main de Brown. Victoria brosse quelques esquisses du paysage. Albert écrit sur un bout de papier qu’ils ont déjeuné ici, ce 16 octobre 1861, avec la liste de leurs noms. Puis il glisse le message dans une bouteille vide et la plante dans le sol, pour marquer leur premier passage en ce lieu. Décrivant l’excursion dans son journal, Victoria conclut par une étrange prémonition. « Hélas ! je crains que ce ne soit notre dernière grande expédition ! » Au moment du départ pour Londres, John Brown leur dit au revoir avec la gentillesse bourrue qui le caractérise. « Surtout, j’espère, ajoute-t-il, que vous n’aurez pas de mort dans la famille. »
    Quand ils rentrent au palais, une nouvelle les y attend qui perturbe terriblement Albert. Dans les derniers jours de septembre, se pliant docilement aux plans de sa sœur, le prince de Galles a rencontré la princesse Alexandra dans la cathédrale Saint-Bernard de Spire.
    « Bertie dit qu’elle lui plaît énormément, écrit Vicky à ses parents. Mais pour ce qui est d’en être amoureux, je ne pense pas qu’il soit capable d’enthousiasme pour rien ni personne au monde. »
    Il n’était pas sitôt rentré au Curragh de Kildare que ses camarades officiers ont mis dans son

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