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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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Alexandra est véritablement charmante ! dit Victoria. Quel dommage qu’elle soit qui elle est ! » Alexandra est en effet la fille du prince Christian, héritier du trône du Danemark. Or il se trouve que la Prusse revendique le Schleswig-Holstein comme faisant partie de la Confédération germanique. Dans cette affaire, Russell souhaite donner des garanties au Danemark, auxquelles le Palais s’oppose, non pas tant par sympathie pour les Prussiens que par souci de ne pas impliquer l’Angleterre dans les querelles continentales. Qu’à cela ne tienne, « nous nous en voudrions de la laisser filer », dit Albert à Vicky. Déjà, la Kronprinzessin organise une rencontre entre Alix et Bertie. Le prince de Galles se rendra tout exprès en Allemagne, au prétexte d’exercices militaires.
    Cet heureux projet adoucissant quelque peu les soucis de la reine et du prince consort, tandis que Vicky rentre à Berlin la famille royale se retire à Osborne. Le 18 mai 1861, pour le quarante-deuxième anniversaire de Victoria, ses cadeaux ont été disposés comme pour Noël, sur une grande table au fond d’une pièce décorée tout exprès. Des guirlandes de lierre grimpent aux murs et courent tout autour des moulures du plafond, soutenant une profusion de bouquets. Tout l’espace est meublé d’une abondance de vases et de pots de fleurs blanches, rouges, bleues, et dans tous les tons de rose, de parme, de fuchsia et de mauve. Il y en a tout au long du rebord des fenêtres ouvertes, autour des miroirs et des tableaux, et puis encore sur des guéridons et colonnes tronquées, sur la moquette imprimée de motifs floraux. Aquarelles de paysages, portraits en médaillons des membres de sa famille, lampes, pendules, une petite locomotive, des animaux en porcelaine et divers bibelots couvrent la table aux présents. Dans des couronnes, des tresses de lierre inscrivent « 1861 » et les initiales « V. R. » de Victoria Regina . Sur le pan de nappe qui tombe jusqu’au sol, deux grands V superposés, le second à l’envers formant ainsi un A.
    Le retour des beaux jours n’améliore en rien la santé d’Albert. À l’exposition florale de Chelsea, la presse a remarqué sa mine maladive et, depuis lors, s’inquiète pour sa santé. Tandis que reviennent les fortes chaleurs, des cas de typhoïde sont signalés sur le continent. Certains disent que le comte Cavour est mort de cette maladie, aggravée par le surmenage. Les symptômes d’Albert paraissent très similaires. Cela n’empêche pas les journaux de poursuivre leurs critiques. Le Times , notamment, l’accuse de contrer la politique italienne de Palmerston au moment où l’Autriche refuse de céder à l’Italie la Vénétie que lui garantit le pacte de Villafranca.
    Albert continue de travailler avec autant d’acharnement que ses forces le lui permettent. Il règne en Europe un climat de conflit latent. À cela vient s’ajouter la guerre civile en Amérique, qui depuis l’ouverture des hostilités à Fort Sumter au mois d’avril oppose les armées fédérales des États-Unis à celles des États confédérés. La Grande-Bretagne demeure neutre, mais elle n’oublie pas que son industrie textile dépend fortement du coton que produisent les États du Sud. Palmerston, Russell et Gladstone, comme une majorité des Anglais, considèrent la sécession comme un fait acquis, et inclinent en faveur des sudistes.
    Cela crée une source de tension supplémentaire entre le gouvernement et le Palais, car Victoria et Albert soutiennent les nordistes. Leurs convictions politiques, favorables au libéralisme économique, les y prédisposent au moins autant que leur exécration de l’esclavage. Victoria vient de lire avec passion le roman de Harriet Beecher Stowe, La Case de l’oncle Tom. Si besoin en était, l’accueil que les Américains ont réservé au prince de Galles emporterait son adhésion. Elle réprimande Vicky, dont l’opinion opposée paraît un peu trop refléter l’influence des réactionnaires prussiens.
    « Nous sommes plutôt choqués que tu parles de ces “horribles Yankees”. Bertie a été reçu aux États-Unis comme personne d’autre n’a jamais été reçu nulle part, principalement en raison de leur attachement (incroyable à mes yeux) pour moi qui le mérite si peu. Par conséquent, n’insulte pas les “Yankees” pour leurs défauts naturels. »
     
    Au mois d’août ont lieu les obsèques de la duchesse de Kent à Frogmore. La

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