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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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à des vexations constantes, notamment de la part de Lady Flora Hastings, qui donne libre cours à sa langue de vipère. On aimerait que la gouvernante allemande s’en aille, à bout de nerfs, ou qu’elle commette quelque faute qui servirait de prétexte pour la chasser.
    L’atmosphère pesante de Kensington change du tout au tout en présence d’invités. La duchesse de Kent, soucieuse de montrer au monde l’image d’une vie de famille harmonieuse, redouble alors de manifestations d’affection pour Victoria. Cela vaut aussi lors des sorties, comme lorsque la cour donne un bal d’enfants à St James pour l’anniversaire de la princesse. La visite de ses cousins, les princes Alexandre et Ernest de Wurtemberg, lui fait une autre récréation bienvenue. Elle passe des soirées à jouer au mikado et à faire des puzzles avec eux. Puis elle les regarde s’éloigner avec un pincement au cœur et rentre dans sa solitude.
    De temps à autre, elle explose en courses folles avec de plus jeunes qu’elle dans les couloirs du palais. Victoria adore ces moments de chahut. Elle en a autant besoin que de l’attachement innocent des animaux domestiques. L’équitation, surtout, l’exalte au plus haut point. Elle trouve dans les chevaux de gigantesques objets d’affection. La tendresse émue qu’elle éprouve pour sa jument Rosa, « douce petite Rosa ! », qui la suit dans tous ses voyages, est décuplée par les sensations de puissance et de liberté que ses chevauchées lui procurent. Toute de bleu vêtue, montée en amazone à droite comme il est de tradition pour les princesses, l’immense jupe cachant entièrement ses jambes fermement serrées sur les arçons de cuir, elle galope aussi vite qu’elle peut.
    Elle a plusieurs petits chiens, qui ne la quittent presque jamais ; son favori est celui que lui a laissé sa mère, qui l’a reçu de Conroy. Elle l’adore d’autant mieux que la duchesse n’en a pas voulu. Elle l’aime plus encore que Tilco et Islay. Il s’appelle Dash. Le « gentil petit Dashy » est un cavalier king-charles, un de ces minuscules « chiens-chats » bicolores à poil long et à grandes oreilles pendantes. Une fois par semaine, elle lui donne elle-même son bain. Avec sa chère Lehzen, elle lui confectionne des vêtements comme pour ses poupées : veston rouge et pantalon bleu.
    Il y a aussi le perroquet de Maman, qui tousse et qui rit sur son perchoir. L’un des canaris est si peu farouche qu’il sort parfois de sa cage pour picoter la fourrure de Dash.
    Elle aime les cochons d’Inde et l’otarie apprivoisée du prince Ernest, le mari de Feodora. Au printemps 1834, l’arrivée de Fidi, venue passer l’été avec elle, lui fait beaucoup de bien. Elle se sentait de plus en plus indisposée, souffrant de maux de tête et de dos, d’indigestion et de rhume.
    Fidi est si gaie, si heureuse avec Ernest. Elle lui change les idées, comme s’il n’y avait dans la vie rien de plus grave que d’apprendre à Victoria à fermer la bouche. Quand on la peint, surtout, comme dans le tableau de Westall qui la montre en train de dessiner, quoi de plus disgracieux que d’apercevoir ses dents derrière ses lèvres sans cesse entrouvertes ?
    La présence de Feodora et d’Ernest, prince et princesse de Hohenlohe-Langenbourg, est une raison supplémentaire d’activité mondaine. Au théâtre, Victoria admire l’acteur Edmund Kean, l’actrice Fanny Kemble. À Covent Garden, la saison lyrique est tout à fait flamboyante. Elle est ravie de voir Le Barbier de Séville de Rossini, Robert le Diable de Meyerbeer. Elle est éblouie par Marie Taglioni, qui danse « comme un faon » dans La Sylphide de Donizetti – tout cela fournit, par la même occasion, de nouveaux modèles de robes de poupées à confectionner avec Lehzen.
    Dans les immenses couloirs de Windsor où tout résonne, les courses-poursuites avec les enfants de Lord Ashley la font rire aux éclats. Sa Majesté l’y a invitée pour qu’elle l’accompagne aux courses d’Ascot. En arrivant sur l’hippodrome, elle est saisie par les vivats, surprise de s’apercevoir que c’est elle que la foule acclame. Avec son oncle, le roi Guillaume, elle fait un pari et gagne une petite jument alezane, d’une grande beauté, qu’elle nomme Taglioni comme la danseuse.
    Elle a tout juste le temps d’essayer deux ou trois fois sa nouvelle monture « à l’allure merveilleuse » et il lui faut prendre congé de Feodora. La

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