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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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émeutes. Ces syndicats étant le plus souvent des sociétés secrètes, une vieille loi qui les bannit reprend du service. Elle date de 1797, du temps de la dernière guerre contre la France, quand William Pitt le Jeune amputait les libertés britanniques pour stopper la gangrène révolutionnaire. Les agitateurs qui se font prendre sont jugés pour serments secrets illégaux et condamnés à la déportation. Que n’interdit-on de même les loges maçonniques d’Orange, dont le duc de Cumberland est le chef ? Le peuple fait de ces misérables des martyrs et commence à se rendre en pèlerinage sur leurs lieux de réunion.
     
    La correspondance que Victoria poursuit avec son oncle Léopold depuis l’âge de 9 ans devient plus sérieuse. Il entretient avec sa nièce, princesse orpheline de père, une relation affectueuse, lui donne doucement des conseils, lui expédie des livres. Connaît-elle les Mémoires de Sully ? Il lui envoie des autographes pour sa collection. En aurait-il de Mme de Sévigné, dont elle apprécie tant les lettres, et de Racine, dont elle lit en ce moment les tragédies ?
    « Je suis particulièrement contente de celui de Louis XIV, le Grand Roi , que j’admire beaucoup. »
    Car Victoria se passionne pour l’histoire et, parce qu’elle en fait partie, elle n’aime rien tant que d’en toucher du doigt les traces réelles. Elle met beaucoup d’application à dresser des tableaux des rois et des reines d’Angleterre. « Car, naturellement, l’histoire de mon propre pays est l’un de mes premiers devoirs. »
    Elle s’intéresse de près aux consorts des souverains britanniques. En effet, si le mariage des rois a de l’importance pour son incidence sur leur succession, celui d’une reine pose avec plus d’acuité le problème des rapports de pouvoir entre les époux royaux. La grande Elizabeth sut trancher cette question en ne se mariant pas, et c’est l’une des raisons pour lesquelles Victoria vénère la « reine vierge », qui fut un équivalent britannique du Roi-Soleil au féminin.
    Victoria se prépare à régner, dès demain peut-être. Elle n’ignore pas la difficulté de la tâche, mais elle ne peut pas douter d’être à la hauteur. Cette perspective l’exalte. « Je ferai de mon mieux », a-t-elle dit à Lehzen, près de cinq ans auparavant, en comprenant combien elle était proche du trône. Si elle se souvient d’avoir pleuré alors, c’étaient aussi des larmes de joie. L’Histoire glorifie la grandeur de quelques souverains, mais méprise et souvent châtie les médiocres. Elle fera tout pour être des premiers.
    « Je vous suis très obligée, cher oncle, pour cet extrait sur la reine Anne, mais je dois vous prier, puisque vous m’avez écrit pour me montrer ce qu’une reine ne doit pas être, que vous m’écriviez ce qu’une reine doit être. »
     
    Le 24 mai 1835, jour de son anniversaire, Victoria écrit dans son journal : « J’aime être occupée. Je déteste être désœuvrée. » Elle est entrée dans sa dix-septième année. Les personnes royales atteignent leur majorité à 18 ans. Lors d’un concert privé, donné pour l’occasion à Kensington, elle rencontre l’une des plus célèbres artistes lyriques du temps : Maria Malibran, la grande soprano sfogato . Le style flamboyant de cette ténébreuse diva espagnole, en robe de satin blanc et chapeau écarlate orné de plumes, est presque trop « outré » pour la princesse, qui incline en faveur d’un certain degré de simplicité dans les arts. Elle préfère la soprano Giulia Grisli, qu’elle a entendue dans Norma de Bellini et Mario Faliero de Donizetti. Elle aime le baryton Antonio Tamburini et le ténor Battista Rubini dont le vibrato extraordinaire évoque des sanglots. En matière de musique, Victoria n’apprécie pas les lourdes compositions anglo-allemandes de Haendel : cette pompe démodée la fatigue. « J’aime beaucoup mieux l’école italienne actuelle, comme Rossini, Bellini, Donizetti, etc. »
     
    Le roi Guillaume désire que soient changés les noms de la princesse, à l’occasion de sa confirmation. « Alexandrina » et « Victoria » ayant des résonances trop étrangères, Sa Majesté aimerait que soient choisis des noms plus seyants pour une future reine d’Angleterre. La duchesse répond d’abord que, bien que le nom de Victoria soit « cher à la princesse », elle ne doute pas que celle-ci fera « tout ce qui conviendra aux

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