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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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L’archevêque de Cantorbéry et le Lord Chamberlain demandent à voir Victoria. La duchesse leur répond qu’à cette heure-ci la princesse dort.
    « Nous désirons parler à la reine. »
    La duchesse de Kent se retire silencieusement. Elle monte à la chambre de sa fille et l’éveille d’un baiser. Victoria passe par son cabinet de toilette. Elle descend lentement l’escalier, à la lueur d’un chandelier d’argent porté par Mme de Kent qui la tient par la main. La baronne Lehzen la suit avec un flacon de sels. En bas des marches, Victoria s’arrête. Elle lâche la main de sa mère.
    « J’y vais seule. »
    Elle pousse la porte de l’antichambre et s’avance, seule, devant les deux hommes qui s’inclinent. De la main gauche, elle tient fermé le col d’une ample robe de chambre en coton blanc, hâtivement passée par-dessus sa chemise de nuit, qui cache ses pieds nus dans ses pantoufles. Ses très longs cheveux blonds défaits lui descendent dans le dos.
    « Nous sommes venu vous dire, lui dit Lord Conyngham, que votre oncle le roi n’est plus, qu’il a expiré à 2 h 12 ce matin, et que par conséquent Votre Majesté est reine. »
    Tandis qu’il prononce ces derniers mots, Victoria avance doucement la main droite, que Lord Conyngham baise en mettant un genou à terre. Il lui remet le certificat de décès du roi.
    « Votre tante Adélaïde a désiré, lui dit l’archevêque, que je vienne vous faire part des détails des derniers moments de votre oncle. Il a tourné son esprit vers la religion, et il est parti dans des dispositions heureuses et sereines, tout à fait préparé à sa mort. Les dernières souffrances du roi ne furent pas grandes, mais ses derniers instants furent pénibles. Votre tante demande que vous lui permettiez de rester à Windsor jusqu’après les funérailles. »
    Victoria rédige une lettre de condoléances pour sa tante Adélaïde. Elle signe « Victoria R. » pour « Victoria Regina ». Que la reine demeure à Windsor, naturellement, si elle le désire, aussi longtemps qu’il lui plaira.
    « Votre Majesté, lui dit l’archevêque, a oublié le mot “Douairière”.
    — Je ne veux pas être la première à lui donner ce titre. »
    Elle remonte seule à sa chambre, où l’on a préparé ses vêtements de deuil.
    « Je suis très jeune, pense-t-elle, et peut-être en beaucoup de choses, mais certainement pas toutes, inexpérimentée. Mais je suis sûre que très rares sont ceux qui ont plus de réelle bonne volonté, et de réel désir, de faire ce qui est convenable et juste que je n’en ai. »
    La première affirmation de son pouvoir de souveraine consiste à choisir seule, à tout moment, les personnes dont elle souhaite, ou non, la compagnie. Elle déjeune seule, ne permettant qu’à Stockmar de la rejoindre, pour évoquer l’emploi du temps de cette première journée de son règne. Puis elle se retire de nouveau, pour écrire à son oncle Léopold et à sa demi-sœur Feodora.
    « Votre sœur aimante et dévouée, VR. »
    Un courrier lui annonce la visite du Premier ministre, Lord Melbourne, un peu avant 9 heures. Elle le recevra dans sa chambre.
    « Et bien sûr seule, comme je verrai toujours tous mes ministres. »
    Le Premier ministre se présente à l’heure dite en grande tenue, dans son uniforme bleu marine au plastron brodé d’or. Il s’agenouille et lui baise la main.
    « Lord Melbourne, c’est depuis longtemps mon intention de vous maintenir aux affaires, ainsi que votre cabinet. »
    De nouveau, le ministre lui baise la main. Puis il lui donne lecture de la déclaration qu’il lui demande de prononcer devant le Conseil. Elle apprécie cet homme du monde de 58 ans aux manières pleines de douceur et de distinction. L’émotion que son visage exprime, les larmes qui ont envahi ses yeux en la voyant, inspirent à Victoria une confiance immédiate. Elle a l’intime conviction que cet aristocrate whig est une personne intelligente, franche et honnête, selon son cœur.
     
    La tradition veut que le Conseil privé s’assemble sur les lieux où se trouve le souverain. Vers le milieu de la matinée, les abords du palais de Kensington se sont animés d’un va-et-vient de voitures. La chambre du Conseil bourdonne de murmures graves. En tête d’une grande table couverte d’une nappe écarlate frangée d’or, un trône des mêmes couleurs est posé sur une estrade, un agenouilloir en contrebas. Le salon Rouge est

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