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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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Adélaïde pesaient sur les lieux. Windsor, pense-t-elle, aurait besoin d’être entièrement rénové.
    En septembre, au Grand Parc de Windsor, Victoria passe en revue le 1 er régiment de Life Guards, les grenadiers et un détachement de lanciers. Elle a tenu à le faire « à cheval, comme Elizabeth ». En uniforme de Windsor, bleu foncé avec col et revers rouges, coiffée d’une casquette militaire, arborant l’ordre de la Jarretière, elle s’avance vers les troupes au galop, puis longe leurs rangs au pas.
    « Je les ai salués en portant ma main à ma casquette, comme font les officiers, et ce geste a été fort apprécié. »
    Lorsqu’elle est revenue à son point de départ, les troupes manœuvrent devant elle. Des ordres hurlés déclenchent des salves assourdissantes. Son brave cheval Léopold ne bronche pas le moins du monde.
    « Tout s’est passé à merveille, et je me suis sentie pour la première fois comme un homme, comme si je pouvais combattre moi-même à la tête de mes troupes. »

11
    Comme chaque jour, ou presque, Victoria chevauche dans Londres en compagnie de Lord Melbourne. Ils sont suivis par un groupe de gentlemen de la maison royale. Les petits chiens gambadent non loin de son cheval au pelage isabelle, bai clair avec les crins et l’extrémité des membres noirs. Toujours en deuil, la reine porte un chapeau noir à voilette, dont le modelé rappelle les hauts-de-forme des messieurs. Ses cheveux tressés aux tempes forment une boucle sous l’oreille pour rejoindre le chignon. Dans l’échancrure de son veston noir, étroitement boutonné à la taille, un ample col ouvert de chemise blanche est retenu par une cravate bleue souplement nouée. Du côté gauche, où se tient son Premier ministre, les plis de sa longue robe noire tombent très bas sous l’étrier de sa selle amazone.
    Dans Hyde Park, tout à coup, un passant arrête son cheval par la bride, en brandissant une lettre. L’excentrique est rapidement maîtrisé, entraîné à l’écart sans ménagement. L’incident la fait rire, elle en plaisante avec Melbourne. On ne compte plus les intrusions de ce genre, ni les courriers qu’elle reçoit de parfaits inconnus qui la demandent en mariage. L’un tente de se faufiler dans sa loge à l’Opéra. Tel autre se précipite à la Chapelle royale pour lui baiser la main. Ceux de ces pauvres délirants qui paraissent les plus dangereux sont envoyés à l’asile.
    Ces péripéties participent de l’engouement du peuple pour Victoria. Une si jeune femme sur le trône rénove soudain l’image de la monarchie. Dans les boutiques fleurissent toutes sortes d’objets à son effigie. Les tournées de la princesse ont rendu la nouvelle souveraine immensément populaire. Ses sympathies pour les whigs, héritées de son père, nourrissent l’espoir qu’elle poursuivra la réforme. Les chansonniers des rues en font même une reine radicale.
    Le journal satirique Figaro in London publie des poèmes qui donnent la parole à Sa Majesté pour lui faire dire qu’elle n’est pas une marionnette dont les tories pourront si facilement tirer les fils. L’ironie, bien sûr, tient à ce que chacun sait que le marionnettiste en puissance est Melbourne, le Premier ministre whig. Il rencontre Victoria deux fois par jour et se montre avec elle si souvent que les plaisantins prétendent qu’il s’est mis en tête de l’épouser. Il a été reconduit dans ses fonctions après la victoire de son parti aux élections de 1837. Cependant, sa majorité s’amenuise. Les tories talonnent de très près les whigs à la Chambre des communes et font feu de tout bois pour revenir aux affaires.
    À Buckingham Palace, la « petite Vic », comme l’appellent en privé certaines langues plus espiègles que perfides, déborde d’une énergie trop longtemps bridée par l’oppressant système de Kensington. Ayant définitivement banni Conroy de sa vue, elle ne se laisse pas davantage approcher par Mme de Kent. Un serviteur se rend chaque jour chez la duchesse pour l’inviter à la table royale. Victoria ne correspond plus avec Maman que par écrit.
    « Je pensais que vous n’espéreriez pas que j’invite Sir John Conroy, après la conduite qu’il a eue envers moi au cours de ces dernières années, et encore moins après la manière inqualifiable dont il s’est comporté avec moi, peu de temps avant mon accession au trône. »
    La duchesse fait des scènes, écrit des lettres

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