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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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francs.
    — Vous vous moquez ! C’est
impossible.
    — Quoi d’impossible à notre
époque ! C’était hier, deux ans à peine, en septembre 1792, dix mille
diamants. Une paille ! Ils étaient entreposés au garde meuble, place
Louis XV, là où se trouve maintenant la guillotine. Chaque lundi, le
public était invité à venir les admirer derrière des vitrines.
    — On touche seulement avec les
yeux, opine Vidocq.
    — Dans la vie, il y en a
toujours qui préfèrent palper plutôt que voir de loin. Si bien qu’un beau jour,
sous ces arcades, on s’est mis à en proposer des poignées pour des sommes
dérisoires, ricane son compagnon.
    — Et les gens ne posaient pas
de questions sur leur provenance ?
    — Les seuls qui n’en voulaient
pas pensaient qu’il s’agissait de faux. Il y a bien eu un citoyen qui a trouvé
cela louche. Il est allé dénoncer ce trafic au commissariat de police de la
section du Pont-Neuf mais se fit flanquer dehors. Avec l’ennemi qui envahissait
les frontières et la déclaration de la patrie en danger, la police avait
d’autres chats à fouetter. Elle traquait les suspects, pas les bijoux. Pendant
des semaines, on a acheté des diamants moins cher qu’un quignon de pain.
    — Le crime ne paie
pas ! » s’esclaffe Vidocq. Son voisin lui tape sur sa cuisse l’air
enjoué.
    « Pas assez, alors, par la
force des choses, les voleurs ont continué. Quatre fois de suite, ils y sont
retournés, se dérangeant si peu qu’ils pique-niquaient à l’intérieur du
bâtiment. Autant prendre ses aises. Lorsqu’un passant déposa au poste une
énorme émeraude qu’il avait ramassée sur la place, on décida d’ouvrir une
enquête. Le commissaire alla au garde-meuble tout proche, vérifia que les
scellés de la porte étaient intacts et rassuré, repartit la conscience
tranquille. Dix mètres plus loin, il se prit les pieds dans un filin qui
traînait, accroché à une fenêtre. Les voleurs étaient tellement habitués à la
tranquillité du quartier qu’ils n’avaient même pas posté de sentinelle. On les
arrêta avec leur butin, un par un, à la descente de la corde.
    — Le commissaire a dû avoir de
l’avancement.
    — Au contraire. Le ministre de
l’Intérieur, Roland, refusait de croire à un simple vol. Il a fait un grand
discours à la tribune de la Convention en dénonçant une conspiration. Membre de
la Gironde, il accusait Danton, son adversaire montagnard, pendant que Marat
dans son journal, hurlait au complot aristocratique. Personne n’a voulu
entendre parler d’un banal cambriolage. Le prétexte était trop bon pour se
débarrasser de ses ennemis politiques. D’ailleurs, pas de jaloux, ils ont
décapité tout le monde, députés et voleurs. Seul un des brigands, Depeyron, a
pu sauver sa tête en indiquant où il avait caché le plus gros diamant du monde,
le « Régent ». Il est vrai qu’il valait trente millions de francs.
    — Où était-il caché ?
interroge avidement Vidocq.
    — Sous une pierre, au fond d’un
ruisselet de l’allée des Veuves. Un petit sentier qui coupe l’allée des
Champs-Elysées.
    — Dommage que je n’aie pas été
là à ce moment », soupire Vidocq d’un air rêveur tandis que son
interlocuteur, conforté dans son opinion, décide de lui faire une proposition :
    « Je quitte Paris demain matin
pour un périple dans le Nord, à Mons, de l’autre côté de la frontière. J’ai
besoin d’un compagnon décidé. Voulez-vous me tenir compagnie ? »
    C’est vrai que tout arrive au
Palais-Royal. Voilà peut-être mon problème résolu, songe Vidocq :
    « Pourquoi moi ?
    — Parce que vous êtes un joueur
dans mon genre. J’aime les gens capables de tout. »
    Dans sa tête, Vidocq se dit que de
Mons, il lui sera facile de se rendre à Arras.
    « Affaire conclue. »
     
    Son travail ne sera pas trop pénible.
Son compagnon le lui a indiqué :
    « Je paierai le trajet, en
échange, vous m’aiderez à transporter ma marchandise. »
    Vidocq qui songeait à faire la route
à pied, est aussi soulagé que perplexe. C’est une chance d’être ainsi guidé et
défrayé pour voyager dans une France où il n’existe aucun poteau indicateur. Il
est impossible de connaître tous les chemins, à moins d’être maître des postes
et de passer par les relais traditionnels de diligences. Ceux qui voyagent
seuls, sauf s’ils se rendent au chef-lieu de canton, ont toutes les chances de
se perdre. De plus, en

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