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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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raison de la chouannerie et des bandits de grands
chemins, les routes sont dangereuses. C’est sûrement pour cette raison que M.
Christian cherche un compagnon de route, un protecteur.
    Les deux hommes se retrouvent le
lendemain matin, dans une voiture particulière qui stationne porte
Saint-Honoré.
    Sitôt éloigné de Paris, son
compagnon se coiffe différemment, change de cravate, donne une autre forme à
son chapeau. En moins de dix minutes, il ne paraît plus le même homme. Il
connaît la route par cœur, indique des sentiers, passe par des raccourcis,
évite la grand-route. À midi, ils déjeunent dans une excellente auberge, en
lisière de la forêt de Bondy. Le repas est aussi copieux que succulent, la vie
est belle. Tout le monde salue M. Christian mais sous le nom de Caron et chacun
lui donne le titre de médecin. Tout en se laissant gagner par une douce
béatitude propice à la digestion, Vidocq demande :
    « Où sont donc les bagages que
je devais vous aider à porter ?
    — Les voilà qui arrivent »
murmure le Rentier en tétant sa pipe. Il se lève et va vers une mendiante qui
reste sur le pas de la porte. Un instant plus tard, il est de retour avec deux
lourdes sacoches qu’il range dans la voiture, sous le siège de Vidocq.
    « Si nous avons un contrôle de
gendarmerie, ces bagages sont les vôtres.
    — Que contiennent-ils ?
    — Votre billet de retour pour
Arras », précise sèchement le docteur Caron.
    Le soir, ils font halte dans une
maison isolée où la tenancière discute à mi-voix avec le voyageur, dans une
langue inconnue. Lorsque les deux compères se sont mis d’accord, la femme fait
signe à un enfant et lui confie des paquets que le Rentier a pris dans ses
bagages. Le lendemain matin, un fermier demande à l’aubergiste si le médecin
est encore là. M. Caron le suit et part pour la matinée, laissant Vidocq
veiller sur leurs affaires. Un travail vraiment peu fatiguant. Le voyage se
poursuit avec de curieuses répétitions. Alors que dans la journée, ils font
halte pour déjeuner dans les meilleures hôtelleries, le soir, les deux hommes
descendent dans des bouges sordides. Devant la protestation de Vidocq, son
guide lui explique : « La gendarmerie vérifie les hôtels, pas les
restaurants. »
     
    À chaque étape, arrive un gamin
déguenillé ou une fillette vêtue d’oripeaux à qui M. Caron confie sous le
manteau, de petits paquets, sortis d’un des sacs que Vidocq transporte et ne
doit pour ainsi dire pas quitter des yeux.
    Une fois, il lui propose de
l’accompagner. Tous deux vont dans les fermes avoisinantes où ils sont
accueillis à bras ouverts. Chaque fois, on les emmène dans une étable ou dans
une écurie, devant une bête malade, une fois même tout un troupeau. Après les
avoir palpés avec soin, le compagnon de Vidocq psalmodie des incantations, fait
de larges signes de croix, imités aussitôt par le couple de fermiers qui
derrière lui, attendent le résultat de sa consultation. Il leur vend alors un
modeste petit sachet à diluer dans de l’eau. Une heure plus tard
invariablement, les bêtes sont remises sur pieds. L’agriculteur, le plus
souvent, les invite à partager le déjeuner. Arrivé à « la goutte », à
la fin du repas, le « médecin » tout en patoisant avec familiarité
avec le paysan, après un clin d’œil de connivence, lui demande s’il n’a pas chez
lui telle ou telle pièce de monnaie, qu’il est prêt à racheter un tiers et demi
au-dessus du cours.
    Après une dernière rasade, le
fermier se lève et revient peu après avec un sac ou une cassette contenant des
pièces qu’il étale sur la table. Caron les prend alors une à une, les examine
soigneusement, en met certaines de côté et rachète les autres au prix promis. À
la fin, chacun se lève et s’en va en topant, l’air content.
    Vidocq, surpris par la fréquence des
demandes de consultation des paysans, finit par lui demander, en le voyant
soigner tant de bêtes :
    « Est-ce qu’il y a une épidémie
dans la région ? »
    Le « médecin » a un mince
sourire et réplique :
    « Je suis une sorte de
vétérinaire ambulant. Un jour, j’ai guéri tous les chevaux d’un escadron du 13 e chasseur que leur capitaine désespérait de récupérer. D’ailleurs que t’importe
de savoir comment je soigne, puisque l’important pour toi est que ton sac soit
chaque fois moins lourd à porter. »
    Cette réflexion donne à penser au
jeune homme. Tout

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