Vidocq - le Napoléon de la Police
commise. Que le commissaire consulte son dossier, il
s’apercevra qu’il n’a ni vol ni crime sur la conscience. Entre ses périodes de
détention, on n’a jamais eu à lui reprocher quoi que ce soit. Seules ses fréquentes
évasions ont indisposé les juges.
Lui seul est capable d’identifier
les bandits qui infestent Lyon. De plus, il connaît leurs projets. Le
commissaire, s’il accepte sa collaboration pourra faire un énorme coup de filet
qui purgera la ville pour des années. Pour prix de ses services, il ne demande
que la possibilité de quitter librement la ville.
Le commissaire Dubois, quoique
tenté, a peur d’être dupe et de mettre en liberté un dangereux bandit. Vidocq
s’en aperçoit immédiatement : « Vous doutez de moi. Si je m’évade et
si je reviens me mettre à votre merci, dans ce même bureau, me ferez-vous
confiance ? »
Dubois hausse les épaules et sonne.
Deux gendarmes menottent alors Vidocq pour le conduire en prison. Un quart
d’heure plus tard, un huissier effaré annonce au commissaire que quelqu’un
demande à être reçu. Une poigne puissante le pousse sur le côté et Vidocq
s’encadre dans la porte : « Je suis de retour et seul. Est-ce que
vous me croyez maintenant ? »
V
Le monde des voleurs
Dans la diligence qui se dirige vers
Paris, Vidocq se remémore son action auprès du commissaire Dubois. En moins
d’un mois, il a purgé Lyon et sa région des voleurs et des criminels. Pour la
première fois, de gibier, il est devenu chasseur et doit s’avouer qu’il y a
pris un étrange plaisir. Les voleurs, le menu fretin sont vite mis sous clef
mais ce qui impressionne le commissaire c’est que Vidocq ne se contente pas de
ces nombreuses prises. Il a entendu parler du meurtre d’une aubergiste,
Catherine Morel et n’a eu de cesse de trouver et livrer les coupables. Le 15
juillet 1800, les preuves qu’il apporte permettent de confondre les assassins,
Christian Cherede et Pierre Quinet. Tous ses succès sont mis au compte du
commissaire qui en contrepartie, tient sa promesse. Il ne fait pas reconduire
Vidocq au bagne de Toulon mais lui donne un sauf-conduit jusqu’à Paris.
Vidocq n’a qu’une hâte, revoir sa
mère. Après leurs retrouvailles à Arras, celle-ci devenue veuve, ne le sent pas
en sécurité dans une si petite ville. Elle lui propose de s’installer dans une
cité où personne ne pourra les reconnaître. Ainsi nul ne le recherchera. Elle
lui fournit un passeport au nom d’un de ses cousins, Blondel qui a un
signalement proche du sien.
Une fois la maison familiale vendue,
tout le monde se retrouve à Rouen. Vaste centre commercial où la contrebande
joue un rôle essentiel. Le transport et les cachettes étant favorisés par le
bocage normand et le fleuve.
Vidocq-Blondel ne tarde pas à s’y
sentir à l’aise. Il ouvre une boutique de demi-gros rue de Martainville et
reprend ses activités de contrebande triangulaire, draps contre dentelles
contre tabac. Une inscription au registre des marchands forains lui permet de
justifier de sa présence à plusieurs lieues de sa boutique. Il fait
d’excellentes affaires et serait peut-être mort sous la réputation d’un
respectable notable rouennais lorsqu’un incident familial remet tout en
question. Sa compagne du moment, pendant ses longues absences, le trompe.
Vidocq préfère rompre. Il vend la boutique et le stock puis décide de
s’installer avec sa mère dans une autre ville, plus proche de la capitale,
Versailles.
Il y continue son commerce de
broderies, sa mère tenant le comptoir, lui faisant le tour de ses associés
contrebandiers.
Un soir, plutôt que de loger dans
une auberge, l’un d’eux insiste pour lui offrir l’hospitalité. Vidocq accepte.
Dès l’aube un peloton de gendarmerie envahit la maison de son associé.
Bien loin de chercher un bagnard en
rupture de ban, ils sont en quête du beau-frère de son hôte, réfractaire à la conscription
des armées napoléoniennes.
Par malheur, leur brigadier ne se
contente pas du jeune homme, il vérifie tous les autres passeports. Dès qu’il
voit « Blondel », il s’écrie :
« Je le connais, j’ai vu ce
drôle à Arras. C’est Vidocq. »
En route pour Douai. Arrivé dans le
préau de la prison, le procureur général Ranson qui l’avait lourdement
condamné, exaspéré par ses évasions, paraît :
« Vidocq enfin arrêté. Lui
a-t-on mis les fers au moins ?
— Que vous ai-je fait monsieur
pour me
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