Vidocq - le Napoléon de la Police
diligence et arrive sans encombre à Paris. Il
s’installe avec sa mère dans le faubourg Saint-Denis et entreprend de remonter
son commerce.
Sa première cliente devait devenir
la femme de sa vie, Annette. Il lui avoue sa véritable situation, elle ne l’en
admire que plus. Il la présente à sa mère.
Les deux femmes sympathisent et se
relaient à la boutique tandis que Vidocq continue ses activités pour échanger
sa marchandise.
Un matin qu’il va passer la barrière
Saint-Marceau, il entend les colporteurs hurler les dernières nouvelles où
résonne le nom d’Herbaux :
« César Herbaux, forçat libéré,
né à Lille, convaincu d’assassinat, condamné à mourir ce jour en place de grève. »
L’auteur du faux qui l’a fait
condamner au bagne. Vidocq court au Palais de justice. Comme pour toute
exécution capitale, une foule avide est rassemblée pour voir le visage et la
contenance des condamnés. Elle s’agglutine dans l’attente du passage des voitures
qui les emmènent à la guillotine. Vidocq pour ne pas être piétiné, s’accroche à
la grille près des faisceaux de bronze. Lorsque le guichet s’ouvre, une
première charrette paraît. C’est bien Herbaux. Au moment de passer le portail,
leurs regards se croisent. Vingt minutes plus tard alors que la foule finit de
s’écouler, une voiture, chargée d’un panier rouge et escortée par un gendarme,
traverse au trot le Pont-au-Change, se dirigeant vers le cimetière des
guillotinés.
Des années après, il apprendra que
pendant les derniers jours de sa détention, Herbaux avait reconnu être le seul
auteur du faux et innocenté Vidocq.
Pendant plus d’un an, il parcourt
les marchés de province. Un jour qu’il est à Auxerre, à l’auberge du Faisan, il
entend un bruit aussi familier qu’inquiétant. Il se penche à la fenêtre, c’est
la « chaîne ». Dans son trouble, il recule et casse un carreau.
Catastrophe. Toutes les têtes se tournent vers lui. Immobile au milieu de sa
chambre, il se passe la main sur sa figure, il est couvert de sueur. Dans son
dos, la porte s’ouvre à la volée :
« Venez voir, M. Blondel. C’est
la “chaîne” qui passe ! Il y a longtemps qu’on n’en a vu une si belle. Ils
sont au moins cent cinquante et de fameux gaillards encore. Entendez-vous comme
ils chantent ? »
Vidocq grommelle quelques mots
indistincts. Son hôtesse, toute à la gaieté de cette distraction que provoque
le passage des forçats, ne remarque rien :
« Vous aurez tout le temps de
les voir, ils couchent ici dans l’écurie. Et si vous souhaitez causer avec leur
chef, ce sera facile, il a la chambre à côté de la vôtre. »
Tandis que Vidocq parvient à
articuler qu’il veut finir son inventaire, elle part en lui lançant :
« Ah le travail, toujours le
travail ! Mais il faut vous distraire un peu. »
Vidocq-Blondel sans sortir de sa
chambre, de crainte d’être reconnu, prétexte qu’il a trop de travail pour ne
pas descendre au dîner. À quatre heures du matin, un long cliquetis de fer
retentit sur le pavé de la cour, annonçant le départ de la colonne infernale.
Vidocq est incapable de dormir la
nuit suivante, s’imaginant sans arrêt être poursuivi par les bagnards ou la
police.
Malgré ces inquiétudes, il continue
son négoce. Les affaires marchent si bien que lorsqu’un tailleur de la cour
Saint-Martin veut vendre son fond, il l’achète. L’établissement prospère car
Vidocq ne se borne pas comme son prédécesseur à la confection des habits. Il
vend des draps, des soieries et des dentelles. Il gagne tellement d’argent
qu’après avoir couvert Annette de bijoux, il collectionne des tableaux
anciens : Cranach, Rubens, Rembrandt et prend des rentes à l’Hôtel de
Ville. Presque la vie du parfait bourgeois si ce n’est un goût affiché pour
l’entraide et la charité.
Apprenant par Annette qu’une jeune
femme Adèle d’Escars va être expulsée de chez elle parce que sa propriétaire a
appris qu’elle sortait de prison, il lui procure un autre logis, offre sa
garantie pour le loyer et lui procure du travail. Il l’emploie comme couturière
à faire des ourlets et des boutonnières. Petit à petit, les sans-emploi, les
sans-logis viennent frapper à sa porte. Ils en repartent avec plus qu’une
aumône, l’assurance d’avoir une aide.
S’il accorde sa sympathie à ces
réprouvés, Vidocq en revanche ressent une aversion insurmontable pour les
dévoyés.
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