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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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rien entendu, trop occupé à regarder les
soldats cirer leurs moustaches ou répondre au son du clairon. Une chose est
sûre, l’ancienne beauté passait pour avoir gardé, sinon de beaux restes du
moins de très beaux bijoux. Où sont-ils ? Regardant le corps torturé,
Vidocq s’étonne des étranges blessures. Alors qu’il essaye différents stylets,
aucun ne rentre à fond. Une seule explication, l’arme était courbe. Qui peut
bien savoir se servir d’un tel instrument ? Ce n’est pas une serpe mais
c’est probablement un outil de la campagne. Commençant son enquête à
l’estaminet le plus proche, Vidocq se fraie un passage parmi des Russes avinés
qui tapent sur les comptoirs en hurlant « Bistro !
Bistro ! » pour être servis « rapidement ». Libéré un
instant de sa clientèle, le patron lui apprend que l’ancienne coquette avait
gardé un certain intérêt pour les jeunes gens qu’il lui arrivait de recevoir
chez elle. « Pas plus tard qu’hier soir, tenez… » Il lui raconte
alors qu’elle dînait avec un joli garçon qui avait élagué des arbres dans un
jardin. Une de ses amies les avait vus, elle pourrait lui fournir un
signalement plus précis et il disparaît, happé par de nouveaux soiffards.
« Bistro ! Bistro ! » À la recherche de l’amie, ancienne
« belle-de-nuit », Vidocq réfléchit. Un outil d’élagueur, cela
pourrait bien faire l’affaire. Ils ne doivent pas être si nombreux dans la
profession. Le plus important élagueur, qui emploie de nombreux ouvriers,
s’appelle Guichet et a son entreprise à Sceaux. Il faut donc aller le voir.
     
    Le lendemain, les journaux publient
des comptes-rendus du « tragique assassinat ». La foule des grands
jours se presse devant les portes de la morgue. Vidocq arrive par les quais
jusqu’au bâtiment et recommande aux employés d’ouvrir l’œil lorsque certains
s’intéresseront au corps de la « Belle Normande ». Les ordres
appliquent le vieil adage disant que « l’assassin revient toujours sur les
lieux de son crime ». Vidocq n’y croit pas, décidant d’explorer la piste
de l’élagueur, mais il ne faut rien négliger.
    « Après les articles sur ce
beau meurtre, ils demanderont tous à le voir ! Regardez aujourd’hui, vous
avez vu les gens qui font la queue, attendant l’ouverture. On devrait faire
payer, on refuserait du monde. » Et le gardien jovial, désigne la file
d’attente.
    Les femmes y sont en majorité :
les grisettes et les ouvrières, avant d’arriver à leur atelier, ont fait un
détour pour défiler devant le cadavre de la suppliciée. Quelques jeunettes au
cœur sensible restent à la porte, attendant leurs collègues plus courageuses,
pour mieux les questionner à la sortie.
    Toutes les dalles sont occupées, un
froid humide s’abat sur le visiteur, lui glaçant les épaules tandis qu’une
odeur âcre, mélange de chlore et de relents de décomposition frappe les
narines. Des regards avides contemplent les corps allongés sous les draps
chaulés. Ils s’attardent sur les visages au teint plombé et verdâtre, mouillés
par le filet d’eau froide qui s’écoule sans arrêt au chevet de chaque dalle.
Au-dessus, les habits des morts inconnus sont suspendus. Certains corps sont
méconnaissables et ne peuvent être identifiés par les proches que grâce aux
vêtements. Lorsqu’au bout d’un certain temps, personne ne s’est manifesté, les
fripiers viennent marchander les défroques. Quant aux corps, ils sont envoyés
aux étudiants en médecine, avides de se faire la main :
    « Pas de morte saison à la
morgue, rien ne se perd ! », pouffe le portier, hilare.
    Laissant son collaborateur en
faction, Vidocq part pour Sceaux en compagnie de Yolande, l’amie de la victime.
L’entrepreneur étant absent, Vidocq se présente comme M. de Saint-Firmin ayant
besoin de faire élaguer les arbres de sa propriété. Tandis que sa fille le reçoit,
prenant ses coordonnées, la belle Yolande confie à Vidocq qu’il existe une
ressemblance frappante entre le jeune homme avec qui dînait hier son amie et
Mlle Guichet.
    « Avez-vous un frère ?
demande Vidocq.
    — Deux », répond la jeune
fille. En repartant, le policier questionne les autres ouvriers et apprend que
les deux fils de l’élagueur sont très différents. Autant l’un est ponctuel,
régulier et poli, autant l’autre fait le désespoir de son père, c’est un
mauvais garçon qui va et vient. Personne ne

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