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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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vidant sa pipe dans le foyer du
poêle.
    « Vous trouverez que l’on vous
traite mal. Que l’on met du temps à reconnaître vos mérites. Vous effectuez
plus de 800 arrestations par an et êtes jalousé par vos collègues, calomniés
par les médiocres, cela n’est rien. Ne vous mêlez jamais de politique. Si vous
entendez parler d’un complot, devenez sourd et passez au large. Si vous savez
quelque chose, faites savoir que vous êtes muet. Vous verrez, à côté des
puissants du jour, les assassins parfois, paraissent rafraîchissants.
    — Je ne pense pas que je les
verrai jamais de cette façon. » sourit Vidocq et comme son interlocuteur
fait de la main un geste d’apaisement, il reprend d’un air amusé :
« Je dois parfaire mes fiches signalétiques. Je ne suis pas comme vous, je
préfère garder tout dans ma tête. Il faut que je grave dans ma mémoire tous les
traits des forçats qui quittent Paris. Le moindre signe particulier, pli de
bouche, tatouage, cicatrice, forme des oreilles, tout ce qu’il est impossible
de dissimuler. Ainsi lorsque l’un d’eux s’échappera, comme je suis certain
qu’il reviendra se cacher ici, je saurai l’y reconnaître.
    — Comment allez-vous faire pour
les voir avant leur départ ?
    — J’irai à Bicêtre. Je les
verrai au moment des préparatifs. Je ne peux avoir meilleure occasion.
    — Dites surtout une plus
dangereuse ! C’est de la folie. La plupart d’entre eux vous doivent leur
arrestation. S’ils vous reconnaissent, vous êtes mort, s’inquiète Henry.
    — Ils ne me regarderont pas,
trop occupés par leurs propres problèmes.
    — Prenez quand même trois
policiers avec vous, à titre de protection. On ne sait jamais » décide
Henry.
     
    Le lendemain, aussi élégamment vêtu
que les gandins qui viennent assister aux ferrements des condamnés, Vidocq en
redingote grise et chapeau haut de forme, paraît un bourgeois comme les autres.
Un peu plus attentif et surtout moins bavard. Il ne dit pas un mot mais
regarde. Prodigieux physionomiste, il détaille chaque trait des bagnards qui
passent devant ses yeux. Même si dans dix ans, il croise cet individu à la
lèvre barrée d’une balafre ou cet autre au grain de beauté sur la paupière, il
les reconnaîtra à coup sûr.
    Pendant qu’ils défilent devant lui,
il continue de les observer, à tel point qu’il ne prête pas attention à un
curieux phénomène dans la populace qui l’entoure. En moins d’une minute, les
policiers chargés de le protéger se sont écartés et ont fait reculer la foule.
Vidocq se retrouve soudain seul au milieu de deux cents criminels, libres de
leurs mouvements.
    Formant un cercle de plus en plus
compact, les forçats se rapprochent de lui dans l’intention évidente de le
lyncher. Ils tiennent leur revanche. Au milieu d’eux, tout seul, celui qui les
a arrêtés et asservis. Ils le tiennent.
    La rumeur soudain s’enfle, parcourt
tous les rangs soudain disloqués et un cri retentit, repris par la foule
déchaînée :
    « C’est Vidocq ! À
mort ! »
    C’est la fin qu’il voit dans leurs
yeux féroces et qui s’approche dans cet orage d’insultes qui éclate et dure,
poussé par ces centaines de bouches. Ils n’ont plus rien à perdre. C’est une
trop belle occasion. Des prisonniers accrochés aux barreaux de leurs cellules
hurlent comme des loups. Le sang monte à la tête et envahit la bouche. La cour
n’est plus qu’une tempête de vociférations qui éclatent pour reprendre encore
plus fort comme une houle de haine. Vidocq immobile les contemple. Soudain, il
lève la main. Tout s’arrête. Le silence s’abat comme un coup de tonnerre de
calme. Une tension écrasante ravage la foule, en un instant le destin bascule.
Tous s’immobilisent. Personne n’ose bouger. Sa puissance les tétanise. La tête droite,
sa crinière en désordre, il jette son chapeau à terre et les défie. Après les
avoir affrontés du regard, il les fascine par la parole. Sa voix, âpre et
rauque les frappe comme une gifle :
    « Oui, c’est moi Vidocq. Tas de
canailles, vous criez comme des rats. Trop tard. Je vous ai livrés à la justice
parce que vous étiez coupables. N’espérez pas que je vous épargne maintenant.
Vous avez perdu, vous êtes perdus. »
    En face de lui, les poitrines se
creusent comme vidées de leur souffle. Tous reculent d’un pas. Il a gagné.
Comme un dresseur dominant ses fauves, il tourne tranquillement le dos à la
masse

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