Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
Vom Netzwerk:
emploie, par l'intelligence et l'activité des ouvriers, et par la distribution bien entendue du travail. Or, ces moyens de diminuer le prix des objets qui sortent des manufactures, n'ont rien de commun avec la modicité du salaire de l'ouvrier.
    Dans une grande manufacture, où l'on emploie des animaux au lieu d'hommes, et des machines au lieu d'animaux, et où le travail est distribué avec cette intelligence qui double, qui décuple la force et le temps, l'ouvrage peut être fabriqué et vendu à un prix beaucoup moindre que dans celles qui n'ont pas le même avantage ; et cependant, les ouvriers de l'une sont payés deux fois plus que ceux des autres.
C'est, sans doute, un avantage pour toute manufacture, d'avoir des ouvriers à bon marché ; et lorsque la cherté des salaires est excessive, elle devient un obstacle à l'établissement des grandes fabriques. C'est même cette cherté qui, comme je l'expliquerai plus bas, est une des raisons qui font croire que les États-Unis de l'Amérique ne pourront, de très-long-temps, avoir des manufactures rivales de celles d'Europe.—Mais il ne faut pas en conclure que les manufactures ne puissent prospérer, sans que les salaires des ouvriers soient réduits au point où nous les voyons en Europe. Il y a plus : c'est que l'insuffisance des salaires est une cause de décadence pour une manufacture, comme leur haut prix est une cause de prospérité.
Les hauts salaires attirent les ouvriers les plus habiles, les plus industrieux. Alors l'ouvrage est mieux fabriqué ; il se vend mieux ; et par ce moyen, l'entrepreneur fait plus de profit qu'il n'en pourroit faire par la diminution du prix des ouvriers. Un bon ouvrier gâte moins d'outils, perd moins de matières et travaille plus promptement qu'un autre ; ce qui est encore une source de profit pour l'entrepreneur.
Le perfectionnement du mécanisme dans tous les arts est, en grande partie, dû aux ouvriers.
    Il n'y a point de grande manufacture, où ils n'aient inventé quelque pratique utile, qui épargne le temps et les matières, ou rend l'ouvrage meilleur.—Si les ouvrages des manufactures communes, les seules dignes d'intéresser l'homme d'état, si les étoffes de laine, de coton, même de soie, les ouvrages de fer, d'acier, de cuivre, les peaux, les cuirs et divers autres objets sont en général de meilleure qualité, à prix égal, en Angleterre que dans les autres pays, c'est indubitablement parce que les ouvriers y sont mieux payés.
Le bas prix des salaires n'est donc pas la véritable cause des avantages du commerce de nation à nation : mais il est un des grands maux des sociétés politiques.
Examinons à présent quelle est à cet égard la situation des États-Unis. La condition du journalier, dans ces états, est infiniment meilleure, que dans les plus riches contrées de l'ancien monde, et particulièrement en Angleterre, où les salaires sont pourtant plus forts que dans aucune autre partie de l'Europe.
Dans la province de New-York, les ouvriers des dernières classes et qui exercent les genres d'industrie les plus communs, gagnent ordinairement par jour trois schellings six pences, monnoie de la colonie, valant
2 schellings sterling.
Un charpentier de vaisseau, gagne 10 sch. 6 pences, monnoie de la colonie, avec une pinte de rhum, valant en tout
5 sch. 6 pences st.
Un charpentier de haute futaie, ou un briquetier, 8 sch. de la colonie
4 sch. 6 pences st.
Un garçon tailleur, 5 sch. monnoie du pays, ou environ
2 sch. 10 pences st.
    Ces prix, bien plus forts que ceux de Londres, sont tout aussi hauts dans les autres parties des États-Unis qu'à New-York. Je les ai tirés de l'ouvrage d'Adams Smith sur la Richesse des Nations.
Un observateur éclairé qui, en 1780, voyagea dans une partie des États-Unis, nous donne une idée encore plus favorable du prix auquel la main-d'œuvre y est portée.
«Je vis, dit-il, fabriquer à Sarmington une espèce de camelot, et une autre étoffe de laine à raies bleues et blanches, pour l'habillement des femmes. Ces étoffes se vendent trois schellings et demi l'aune [D'environ 33 pouces.], monnoie du pays, ce qui fait à peu-près quarante-cinq sous tournois.—Les fils et petits-fils du maître de la maison travailloient au métier. Un ouvrier peut faire à son aise cinq aunes d'étoffe par jour ; et comme la matière première ne coûte qu'un schelling, il peut gagner dix à douze schellings dans sa journée».—Enfin, ce fait est si connu, qu'il est

Weitere Kostenlose Bücher