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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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sterlings. Il s'est élevé, durant la dernière guerre, à trois cents cinquante mille livres sterlings, et pendant ce temps-là, le commerce, le nombre des maisons, la population se sont continuellement accrus. Mais je suis maintenant convaincu qu'il est des bornes au-delà desquelles le papier-monnoie peut être préjudiciable.
Bientôt j'obtins, à la recommandation de mon ami Hamilton, l'impression du papier-monnoie de Newcastle, autre ouvrage avantageux, d'après la manière dont je voyois alors ; car de petites choses paroissent importantes aux personnes d'une médiocre fortune ; et en effet, elles furent importantes pour moi, parce qu'elles devinrent de grands motifs d'encouragement.
    M. Hamilton me procura aussi l'impression des loix et des opinions du gouvernement de Newcastle ; et je conservai ce travail tant que j'exerçai la profession d'imprimeur.
Sur ces entrefaites, j'ouvris une petite boutique de marchand de papier. J'y tenois des obligations en blanc et des accords de toute espèce, les plus corrects qui eussent encore paru en Amérique. Mon ami Breintnal m'avoit aidé à les dresser. Je vendois aussi du papier, du parchemin, du carton, des livres, et divers autres articles. Un excellent compositeur d'imprimerie nommé Whitemash, que j'avois connu à Londres, vint m'offrir ses services. Je l'engageai, et il travailla diligemment et constamment avec moi. Je pris aussi un apprenti, qui étoit le fils d'Aquila Rose.
Je commençai à payer peu-à-peu la dette que j'avois contractée ; et afin d'établir mon crédit et ma réputation, comme commerçant, j'eus soin, non-seulement d'être laborieux et frugal, mais d'éviter toute apparence du contraire. J'étois vêtu simplement, et l'on ne me voyoit jamais dans aucun lieu d'amusement public. Je n'allois ni à la pêche ni à la chasse. Un livre, il est vrai, me détournoit par fois, de mon ouvrage ; mais c'étoit rarement, à la dérobée et sans scandale. Pour montrer que je ne me regardois pas comme au-dessus de ma profession, je traînois quelquefois moi-même la brouette, où étoit le papier que j'avois acheté dans les magasins.
Ainsi, je parvins à me faire connoître pour un jeune homme laborieux et très-exact dans ses paiemens. Les marchands qui fesoient venir les articles de papeterie, sollicitoient ma pratique ; d'autres m'offroient de me fournir des livres ; et mon petit commerce prospéroit.
Pendant ce temps-là, le crédit et les affaires de Keimer diminuoient chaque jour.
    Il fut enfin forcé de vendre tout ce qu'il avoit pour satisfaire ses créanciers ; et il passa à la Barbade, où il vécut quelque temps dans la misère.
David Harry, qui avoit été apprenti chez Keimer, pendant que j'y travaillois, et que j'avois instruit, acheta le fonds de l'imprimerie et succéda à son maître. Je craignis d'abord, d'avoir en lui un puissant concurrent, car il tenoit à une famille opulente et respectée. En conséquence, je lui proposai une association, qu'heureusement pour moi il rejeta avec dédain. Il étoit extrêmement vain, se croyoit un homme très-élégant, fesoit de la dépense, aimoit les plaisirs et se tenoit rarement chez lui. Bientôt, ne trouvant plus rien à faire dans le pays, il prit, comme Keimer, le chemin de la Barbade, où il emporta ses matériaux d'imprimerie ; et là, l'apprenti employa, comme ouvrier, son ancien maître. Ils se querelloient continuellement. Harry s'endetta de nouveau, et fut obligé de vendre sa presse et ses caractères, et de retourner en Pensylvanie, pour reprendre son premier état d'agriculteur. Celui qui acheta son imprimerie, chargea Keimer de la diriger : mais ce dernier mourut peu d'années après.
Il ne me restoit, à Philadelphie, d'autre concurrent que Bradford, qui, étant riche, n'entreprenoit d'imprimer des livres que de temps en temps et lorsqu'il rencontroit des ouvriers. Il ne se soucioit nullement d'étendre son commerce. Cependant, il avoit un avantage sur moi : il tenoit le bureau de la poste ; et on s'imaginoit d'après cela, qu'il étoit mieux à même de se procurer des nouvelles. Sa gazette passoit pour être plus propre que la mienne, à avertir les acheteurs, et en conséquence, on y inséroit plus d'annonces.
    Cette source, d'un grand profit pour lui, étoit véritablement à mon détriment. En vain je me procurois les autres papiers-nouvelles, et j'envoyois le mien par la poste ; le public étoit persuadé de mon insuffisance à cet égard ; et je ne pouvois,

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