Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
Vom Netzwerk:
en effet, y remédier qu'en gagnant les courriers, qui étoient obligés de me servir à la dérobée, parce que Bradford avoit la malhonnêteté de le leur défendre. Cette conduite excita mon ressentiment ; j'en eus même tant d'horreur que, lorsqu'ensuite je succédai à Bradford, dans la place de directeur de la poste, je me gardai bien d'imiter son exemple.
J'avois jusqu'alors continué à manger avec Godfrey, qui occupoit, avec sa femme et ses enfans, une partie de ma maison. Il tenoit, en outre, la moitié de la boutique, pour son métier de vitrier : mais il travailloit peu, parce qu'il étoit continuellement absorbé dans les mathématiques.
Mistriss Godfrey forma le projet de me marier avec la fille d'un de ses parens. Elle ménagea diverses occasions de nous faire trouver ensemble ; et elle vit bientôt que j'étois épris, ce qui ne fut point difficile, la jeune personne étant douée de beaucoup de mérite.
Les parens favorisèrent mon inclination, en m'invitant continuellement à souper, et me laissant seul avec leur fille, jusqu'à ce qu'il fût, enfin, temps d'en venir à une explication.
Mistriss Godfrey se chargea de négocier notre petit traité. Je lui fis entendre que je m'attendois à recevoir, avec la jeune personne, une dot, qui me mît au moins en état d'acquitter le restant de la dette contractée pour mon imprimerie. Ce restant ne s'élevoit plus, je crois, qu'à cent livres sterlings.
    Elle m'apporta pour réponse, que les parens n'avoient pas une pareille somme à leur disposition. J'observai qu'ils pouvoient aisément se la procurer en donnant une hypothèque sur leur maison. Au bout de quelques jours, ils me firent dire qu'ils n'approuvoient pas le mariage ; qu'ayant consulté Bradford, ils avoient appris que le métier d'imprimeur n'étoit pas lucratif ; que mes caractères seroient bientôt usés, et qu'il faudroit en acheter de neufs ; que Keimer et Harry avoient manqué, et que vraisemblablement je ferois comme eux. En conséquence, on m'interdit la maison, et on défendit à la jeune personne de sortir.
J'ignore s'ils avoient réellement changé d'intention, ou bien s'ils usoient d'artifice, dans l'idée que leur fille et moi, nous étant engagés trop avant pour nous désister, nous trouverions le moyen de nous marier clandestinement ; ce qui leur laisseroit la liberté de ne nous donner que ce qu'il leur plairoit. Mais soupçonnant ce motif, je ne remis plus le pied chez eux.
Quelque temps après, mistriss Godfrey me dit qu'ils étoient très-favorablement disposés à mon égard, et qu'ils désiroient de renouer avec moi. Mais je déclarai que j'étois fermement résolu à ne plus avoir aucun rapport avec cette famille. Les Godfrey en furent piqués, et comme nous ne pouvions plus être d'accord, ils quittèrent la maison et allèrent demeurer ailleurs. Je résolus, dès-lors, de ne plus prendre de locataires.
Cette affaire ayant tourné mes pensées vers le mariage, je regardai autour de moi, et cherchai en quelques endroits à former une alliance. Mais je m'apperçus bientôt que la profession d'imprimeur étant généralement regardée comme un pauvre métier, je ne devois pas m'attendre à trouver de l'argent avec une femme, à moins que je ne désirasse en elle aucun autre charme.
    Cependant, cette passion de jeunesse, si difficile à gouverner, m'avoit souvent entraîné dans des intrigues avec des femmes méprisables, qui m'occasionnoient de la dépense et des embarras, et qui m'exposoient sans cesse à gagner une maladie que je craignois plus que toute autre chose : mais je fus assez heureux pour échapper à ce danger.
En qualité de voisin et d'ancienne connoissance, j'avois entretenu une liaison d'amitié avec les parens de miss Read. Ils avoient conservé de l'affection pour moi, depuis le temps que j'avois logé dans leur maison. J'étois souvent invité à aller les voir. Ils me consultoient sur leurs affaires, et je leur rendois quelques services. Je me sentois touché de la triste situation de leur fille, qui étoit presque toujours mélancolique et ne cherchoit que la solitude. Je regardois mon inconstance et mon oubli, pendant mon séjour à Londres, comme la principale cause de son malheur, quoique sa mère eût la bonne foi de s'en attribuer uniquement la faute, parce qu'après avoir empêché notre mariage avant mon départ, elle l'avoit engagée à en épouser un autre en mon absence.
Notre tendresse mutuelle se ralluma. Mais il y avoit de grands

Weitere Kostenlose Bücher