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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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sorte d'en tirer le meilleur parti possible.
    Notre premier numéro ne produisit pas plus d'effet que les autres feuilles périodiques de la province, soit pour les caractères, soit pour l'impression : mais certaines remarques, écrites à ma manière, sur la querelle qui s'étoit élevée entre le gouverneur Burnet et l'assemblée de Massachusett, paroissant saillantes à quelques personnes, les firent parler de la feuille et de ceux qui la publioient, et, en peu de semaines, les engagèrent à devenir nos souscripteurs. Beaucoup d'autres suivirent leur exemple ; et le nombre de nos abonnés continua à s'accroître.
Ce fut un des premiers bons effets des peines que j'avois prises pour apprendre à former mon style. J'en retirai un autre avantage ; c'est qu'en lisant ma feuille, les principaux habitans de Philadelphie, virent dans l'auteur de ce papier un homme si bien en état de se servir de sa plume, et jugèrent qu'il convenoit de le soutenir et de l'encourager.
Les loix, les opinions des membres de l'assemblée et les autres pièces publiques s'imprimoient alors chez Bradford. Une adresse de la chambre au gouverneur de la province, sortit de ses presses, grossièrement exécutée et avec beaucoup d'incorrection. Nous la réimprimâmes d'une manière exacte et élégante, et nous en envoyâmes une copie à chaque membre. Ils apperçurent aussitôt la différence ; et cela augmenta tellement l'influence de nos amis dans l'assemblée, que nous fûmes nommés ses imprimeurs pour l'année suivante.
Parmi ces amis, je ne dois pas oublier d'en nommer un, M. Hamilton, dont j'ai déjà parlé dans ces mémoires, et qui étoit revenu d'Angleterre. Il s'intéressa vivement pour moi dans cette occasion, ainsi que dans beaucoup d'autres qui suivirent ; et il me conserva sa bienveillance jusqu'à sa mort.
    À-peu-près dans le temps dont je viens de faire mention, M. Vernon me rappela ma dette envers lui, mais sans me presser pour le paiement.
 Je lui écrivis une lettre remplie de témoignages de reconnoissance, en le priant de m'accorder encore un petit délai, à quoi il consentit. Aussitôt que je le pus, je lui payai le capital et les intérêts, et lui renouvelai tous mes remerciemens ; de sorte que cette première erreur de ma vie fut presque corrigée.
Mais il me survint alors un autre embarras, auquel je ne croyois pas devoir m'attendre. Le père de Meredith qui, suivant nos conventions, s'étoit chargé de payer en entier le fonds de notre imprimerie, n'avoit payé que cent livres sterlings. Il en étoit encore dû autant ; et le marchand impatienté d'attendre, nous fit assigner. Nous fournîmes caution, mais avec la triste perspective que si l'argent n'étoit pas prêt au temps fixé, l'affaire seroit jugée ; le jugement mis à exécution, nos belles espérances s'évanouiroient, et nous resterions entièrement ruinés, parce que notre presse et nos caractères seroient vendus, peut-être à moitié prix, pour payer la dette.
Dans cette détresse, deux vrais amis, dont le procédé généreux sera présent à ma mémoire, aussi long-temps que j'aurai la faculté de me souvenir de quelque chose, vinrent me trouver séparément, à l'insçu l'un de l'autre, et sans que j'eusse eu recours à eux. Chacun d'eux m'offrit de m'avancer tout l'argent qu'il me faudroit pour me charger seul de l'imprimerie, si cela étoit praticable ; attendu qu'ils ne voyoient pas avec plaisir que je restasse en société avec Meredith, qu'on rencontroit, disoient-ils, souvent ivre dans les rues, et jouant dans les cabarets à bière, ce qui nuisoit beaucoup à notre crédit.
    Ces amis étoient William Coleman et Robert Grace. Je leur répondis que tant qu'il resteroit la moindre probabilité que les Meredith rempliroient leurs engagemens, je ne consentirois pas à leur proposer de me séparer d'eux, attendu que je croyois leur avoir de grandes obligations, pour ce qu'ils avoient fait déjà, et pour ce qu'ils étoient encore disposés à faire, s'ils en avoient le pouvoir ; mais que s'ils ne pouvoient pas enfin tenir leur promesse, et que notre société fût dissoute, je me croirois alors libre de profiter de la bienveillance de mes amis.
Les choses restèrent quelque temps en cet état. Un jour je dis à mon associé :—«Votre père est peut-être mécontent de ce que vous n'avez qu'une part dans l'imprimerie, et il répugne à faire pour deux ce qu'il feroit pour vous seul. Dites-moi franchement si cela est ainsi. Je

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