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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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obstacles à notre union. Quoique le mariage de miss Read passât pour n'être point valide, son mari ayant, disoit-on, une première femme vivante en Angleterre, il étoit difficile d'en obtenir la preuve à une si grande distance ; et quoiqu'on eût déjà rapporté que cet homme étoit mort, nous n'en avions pas la certitude ; d'ailleurs, en supposant que cela fût vrai, il avoit laissé beaucoup de dettes, pour le paiement desquelles il étoit à craindre que son successeur ne fût inquiété. Cependant, nous passâmes par-dessus toutes ces difficultés ; et j'épousai miss Read, le premier septembre 1730.
Nous n'éprouvâmes aucun des inconvéniens que nous avions craint.
    Elle fut pour moi une bonne et fidèle compagne, et contribua essentiellement au succès de mon magasin. Nous prospérâmes ensemble ; et notre étude continuelle fut de nous rendre mutuellement heureux. Ainsi, je corrigeai, autant que je le pus, le tort que j'avois eu envers miss Read, lequel étoit, comme je l'ai dit, une des grandes erreurs de ma jeunesse.
Notre club n'étoit point alors établi dans une taverne. Nous tenions nos assemblées chez Robert Grace, qui avoit fait arranger une chambre exprès. L'un des membres observa un jour que, puisque nos livres étoient fréquemment cités dans le cours de nos discussions, il seroit convenable de les avoir tous dans le lieu de nos assemblées, afin de les consulter au besoin. Il ajouta qu'en formant ainsi de nos différentes bibliothèques, une bibliothèque commune, chacun de nous auroit l'avantage de se servir des livres de tous les autres, ce qui seroit presque la même chose que si chacun possédoit tout. Cette idée fut approuvée ; et en conséquence, chacun de nous prit chez soi tous les livres qu'il crut devoir fournir, et nous les plaçâmes dans le fond de la salle du club. Cette collection ne fut pas aussi nombreuse que nous nous y attendions ; et quoique nous eussions occasion de les feuilleter souvent, nous nous apperçûmes, au bout d'environ un an, que le défaut de soin leur avoit un peu nui. Nous convînmes alors de séparer la collection, et chacun remporta ses livres chez soi.
Ce fut à cette époque que j'eus la première idée d'établir, par souscription, une bibliothèque publique. J'en fis le Prospectus. Les conditions furent rédigées suivant les formes d'usage, par le procureur Brockden ; et mon projet réussit, comme on le verra par la suite...
Ici s'arrête ce qu'on a pu se procurer de ce que Franklin a écrit de sa vie.
    On prétend que le manuscrit qu'il a laissé s'étend un peu plus loin ; et nous espérons qu'il sera tôt ou tard publié. Il y a lieu de croire que les lecteurs seront satisfaits de la simplicité, de la raison, de la philosophie, qui caractérisent ce qui précède ; c'est pourquoi nous croyons devoir y joindre la continuation qu'en a faite le docteur Stuber [Le docteur Stuber naquit à Philadelphie, d'une famille allemande qui s'y étoit établie. Il fut envoyé jeune au collége, où son esprit, son goût pour l'étude, et la douceur de son caractère lui acquirent l'affection de ses instituteurs. Après avoir passé par les différentes classes du collége, en beaucoup moins de temps qu'on a coutume de le faire, il en sortit, n'étant encore âgé que de seize ans.—Peu de temps après, il commença à étudier la médecine ; l'ardeur avec laquelle il s'y livra, les progrès qu'il y fit, donnoient à ses amis, raison d'espérer qu'il se rendroit un jour utile et célèbre dans cette carrière. Cependant, comme sa fortune étoit très-bornée, il cessa bientôt de croire que l'état de médecin pût lui convenir ; et après avoir pris un grade et s'être rendu capable de cultiver avec succès l'art de guérir, il y renonça pour se livrer à l'étude de la jurisprudence. Mais la mort vint interrompre le cours de ses travaux, avant qu'il eût le temps de cueillir le fruit des talens dont il étoit doué, et des soins qu'il avoit pris, en consacrant sa jeunesse aux sciences et à la littérature.] de Philadelphie, l'un des intimes amis de Franklin.
La culture des lettres avoit été long-temps négligée en Pensylvanie. Les habitans étoient, pour la plupart, trop attachés à des affaires d'intérêt, pour songer à s'occuper des sciences ; et le petit nombre de ceux que leur inclination portoit à l'étude, ne pouvoit s'y livrer que difficilement, parce que les collections de livres étoient trop bornées.
Dans ces

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