Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
honoraires. Ainsi, à moins que les propriétaires [La famille des Penn.] de la province ne veuillent soutenir notre institution, je crains que nous ne soyons obligés d'attendre encore quelques années avant de la voir dans l'état de perfection, dont je la crois déjà susceptible ; et l'espérance que j'avois de vous voir établi parmi nous, s'évanouira.
»Le bon M. Collinson m'écrit qu'il n'épargnera pas ses soins à cet égard. Il espère qu'avec l'aide de l'archevêque, il décidera nos propriétaires [À la sollicitation de Franklin, de M. Allen et de M. Peters, l'archevêque Herring et M. Collinson, engagèrent MM. Thomas Penn et Richard Penn à souscrire pour une somme annuelle, et à donner ensuite 5000 livres sterlings au collége de Philadelphie.] ; et je prie Dieu qu'il le fasse réussir.
»Mon fils vous présente sa respectueuse affection.
»Je suis, etc.
B. Franklin.
P. S. Je n'ai pas reçu un seul mot de vous, depuis votre arrivée en Angleterre.»
Au même.
Philadelphie, le 18 avril 1754.
«Depuis que vous êtes de retour en Angleterre, Monsieur, je n'ai reçu qu'une petite lettre de vous, par la voie de Boston, et en date du 18 octobre dernier. Vous me mandez que vous m'avez écrit très au long par le capitaine Davis.—Davis a fait naufrage, et conséquemment votre lettre est perdue ; ce qui me fait beaucoup de peine.
»Mesnard et Gibbon sont arrivés ici, et ne m'ont rien apporté de votre part. Ma consolation est que vous ne m'écrivez point, parce que vous venez, et que vous vous proposez de me dire de vive voix ce qui m'intéresse. Étant donc incertain que cette lettre vous trouve en Angleterre, et espérant de vous voir arriver, ou au moins de recevoir de vos nouvelles, par le navire la Myrtilla, capitaine Budden, que nous attendons à tout instant, je me borne à vous renouveler les assurances de mon estime et de mon affection.»
B. Franklin.
Environ un mois après que cette lettre fût écrite, M. Smith arriva à Philadelphie, et fut aussitôt placé à la tête du collége. Par ce moyen, Franklin et les autres curateurs, purent exécuter le dessein de perfectionner leur collége, et de lui donner le degré d'étendue et d'utilité, dans lequel il s'est soutenu jusqu'à présent. Ils obtinrent pour cela une charte additionelle, datée du 27 mai 1755.
Nous avons cru nécessaire de montrer de quelle importance les soins de Franklin furent pour cette institution. Peu de temps après, il s'embarqua pour l'Angleterre, où l'appeloit le service de son pays ; et comme depuis le même service l'a presque toujours occupé au dehors, ainsi qu'on le verra dans la suite de ces mémoires, il n'eut plus que peu d'occasions de prendre une part directe aux affaires du collége.
Lorsqu'en l'année 1785, il retourna à Philadelphie, il trouva les chartes du collége violées, et ses anciens collègues, qui en étoient, comme lui, les premiers fondateurs, privés de leurs droits d'administration, par un acte de la législature. Quoique son nom eût été inséré dans la liste des nouveaux curateurs, il refusa de prendre place parmi eux, et de se mêler de l'administration jusqu'à ce qu'une loi eût rétabli les choses dans leur premier état.
Cette loi fut rendue. Alors Franklin convoqua ses anciens collègues dans sa maison. Ils le choisirent pour leur président ; et, à sa sollicitation, ils continuèrent long-temps à s'assembler chez lui. Cependant, quelques mois avant sa mort, craignant que l'attention qu'il donnoit aux affaires du collége, ne le fatiguât trop, ils lui proposèrent de tenir leurs assemblées dans le collége même, et il y consentit, quoiqu'avec quelque répugnance.
Non-seulement Franklin fut l'auteur de plusieurs institutions utiles, mais il favorisa celles dont d'autres hommes avoient conçu l'idée.
Vers l'année 1752, le docteur Bond, célèbre médecin de Philadelphie, touché de l'état déplorable des pauvres, qu'il visitoit dans leurs maladies, forma le projet d'établir un hôpital. Quels que fussent ses efforts, il ne put déterminer que peu de personnes à concourir à l'exécution d'un plan aussi utile. Mais ne voulant pas y renoncer, il eut recours à Franklin, qui travailla avec ardeur à le faire réussir, soit en employant son crédit auprès de ses amis, soit en démontrant, dans sa gazette, les avantages du projet.
Ses soins ne furent point inutiles. Les souscriptions s'élevèrent bientôt à une somme considérable. Cependant cette somme étoit
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