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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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circonstances le lui permirent ; mais la supériorité du nombre l'obligea bientôt à rendre le fort de la Nécessité. Il obtint une capitulation honorable, et il retourna en Virginie.
Le gouvernement britannique crut ne pas devoir rester spectateur tranquille de cette querelle. En 1755, il donna ordre au général Braddock de marcher avec un corps de troupes régulières et quelques milices américaines, pour chasser les Français du poste dont ils s'étoient emparés. Lorsque les troupes furent rassemblées, il s'éleva une difficulté, qui fut sur le point d'empêcher l'expédition. C'étoit le manque de chariots. Franklin s'empressa d'en faire fournir ; et, avec l'aide de son fils, il en procura, en peu de temps, cent cinquante.
Braddock donna dans une embuscade, et y périt avec une grande partie de son armée. Washington, qui étoit au nombre des aides-de-camp de ce général, et l'avoit en vain averti de son danger, déploya alors de grands talens militaires, en rassemblant les débris de l'armée, et effectuant une jonction avec l'arrière-garde, que conduisoit le colonel Dunbar, devenu commandant en chef par la mort de Braddock. Ce ne fut pas sans peine qu'on parvint à conduire dans un endroit sûr les foibles restes de ces troupes. On crut devoir, en même-temps, détruire les chariots et le bagage pour empêcher qu'ils ne tombassent au pouvoir de l'ennemi.
Franklin avoit fait des obligations, en son nom, pour les chariots qui avoient été fournis à l'armée. Les propriétaires de ces chariots déclarèrent que leur intention étoit de le forcer à leur en tenir compte.
    S'ils avoient exécuté cette menace, il est certain que Franklin auroit été ruiné. Mais le gouverneur Shirley voyant qu'il n'avoit répondu des chariots que pour servir le gouvernement, se chargea de les faire payer, et retira Franklin d'une situation très-désagréable.
La nouvelle de la défaite et de la mort du général Braddock, répandit l'alarme dans les colonies anglaises. Toutes s'occupèrent de préparatifs de guerre. Mais en Pensylvanie, le crédit des quakers empêcha qu'on adoptât aucun systême de défense, qui pourroit forcer les citoyens à prendre les armes. Franklin voulant faire organiser une milice, présenta à l'assemblée, un bill, d'après lequel tout homme avoit la liberté de prendre les armes, ou non. Les quakers restant ainsi maîtres de ne pas s'armer, laissèrent passer le bill ; car bien que leurs principes ne leur permissent pas de combattre, ils ne les obligeoient pas à empêcher leurs voisins de combattre pour eux.
D'après ce bill, les milices de Pensylvanie devinrent une troupe respectable. L'idée d'un danger imminent enflamma d'une ardeur belliqueuse tous ceux à qui leurs principes religieux ne l'interdisoient pas. Franklin fut nommé colonel du régiment de Philadelphie, composé de douze cents hommes.
L'ennemi ayant fait une invasion sur la frontière nord-ouest de la province, on fut obligé de s'occuper à y porter des secours. Le gouverneur chargea Franklin de prendre, à cet égard, toutes les mesures nécessaires. Il reçut le pouvoir de lever des troupes, et de nommer leurs officiers. Aussitôt il forma un régiment, avec lequel il se rendit dans l'endroit qui exigeoit sa présence. Il y bâtit un fort, et y mit une garnison en état de s'opposer aux incursions qui avoient, jusqu'alors, inquiété les habitans.
    Il y séjourna même quelque temps, afin de s'acquitter mieux des soins qui lui avoient été confiés. Ensuite, l'intérêt du peuple demandant qu'il reparût dans l'assemblée, il retourna à Philadelphie.
La défense des colonies de l'Amérique septentrionale étoit très-dispendieuse pour l'Angleterre. Le meilleur moyen de diminuer cette dépense, étoit de mettre des armes dans les mains des habitans, et de leur enseigner le moyen de s'en servir. Mais l'Angleterre ne se soucioit point que les Américains apprissent à connoître leurs propres forces. Elle craignoit que dès qu'ils en seroient venus là, ils ne voulussent plus se soumettre au monopole qu'elle exerçoit sur leur commerce, et qui ne leur étoit pas moins onéreux qu'avantageux à elle-même. L'entretien des flottes et des armées qu'elle avoit en Amérique, n'étoit rien, en comparaison des profits du commerce qu'elle y fesoit.
Ce qu'elle crut pouvoir faire de mieux, pour retenir ses colonies dans une soumission paisible, fut de leur rendre sa protection nécessaire. Elle voulut écarter tout ce qui

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