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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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demeurer en vigueur. La nomination de tous les officiers de terre et de mer devoit être faite par le président-général, et approuvée par le conseil. Les officiers civils, au contraire, devoient être nommés par le conseil, et approuvés par le président.
Telle est l'esquisse du plan que Franklin proposa au congrès d'Albany. Après une discussion, qui dura quelques jours, ce plan fut agréé par tous les commissaires ; et l'on en envoya une copie à l'assemblée de chaque province, ainsi qu'au conseil du roi.
    Sa destinée fut singulière. Les ministres anglais le désapprouvèrent, parce qu'il accordoit trop d'autorité aux représentans du peuple ; et les assemblées coloniales n'en voulurent point, parce qu'il donnoit au président-général, qui représentoit le roi, une plus grande influence qu'elles ne le jugeoient convenable dans un plan de gouvernement destiné à des hommes libres.
Peut-être ce double motif de rejet est ce qui prouve le mieux combien le plan de Franklin étoit convenable dans la situation relative où se trouvoient alors l'Amérique et la Grande-Bretagne. En homme intelligent et sage, il avoit exactement ménagé leurs intérêts divers.
L'adoption de ce plan auroit fort bien pu empêcher que les colonies anglaises ne se séparassent de leur métropole : mais c'est une question, qu'il n'est nullement aisé de décider. On peut dire qu'en mettant les colonies en état de se défendre elles-mêmes, on auroit écarté le prétexte, qui a servi à faire passer au parlement d'Angleterre l'acte du timbre, l'acte du thé et quelques autres, qui ont excité en Amérique un esprit de mécontentement, et occasionné par la suite la séparation des deux peuples. Mais d'un autre côté, on doit considérer que quand ces actes ne seroient point émanés du parlement, les Américains n'auroient pas tardé à briser les entraves que l'Angleterre mettoit à leur commerce, en les forçant de ne vendre leurs productions qu'aux Anglais, et de leur acheter les marchandises que le peu d'encouragement qu'il y avoit dans leurs manufactures leur rendoit nécessaires, et que ces Anglais leur fesoient payer beaucoup plus cher que ne l'auroient fait les autres nations.
En outre, le président-général devant être nommé par le roi d'Angleterre, il n'eût pas manqué de lui être exclusivement dévoué, et conséquemment il auroit refusé son consentement aux loix les plus salutaires, lorsque ces loix auroient eu la moindre apparence de blesser les intérêts de son maître.
    De plus, le consentement même du président n'eût pas suffi. Il auroit fallu que les loix eussent encore l'approbation du roi, qui, dans toutes les circonstances, auroit, sans doute, préféré l'avantage de ses états d'Europe à celui de ses colonies. Cette préférence eût fait naître des discordes perpétuelles entre le conseil et le président-général, et par conséquent entre le peuple d'Amérique et le gouvernement d'Angleterre.—Tandis que les colonies seroient restées faibles, elles auroient été obligées de se soumettre : mais aussitôt qu'elles auraient acquis de la force, elles seroient devenues plus pressantes dans leurs demandes ; et secouant enfin le joug, elles se seroient déclarées indépendantes.
Lorsque les Français étoient en possession du Canada, ils fesoient un grand commerce avec les Sauvages ; ils alloient même traiter jusqu'auprès des frontières des colonies britanniques ; et quelquefois ils formoient de petits établissemens sur le territoire que les Anglais prétendoient leur appartenir. Indépendamment du tort considérable que cela fesoit aux Anglais relativement au commerce des pelleteries, leurs colonies étoient sans cesse exposées à se voir dévastées par les Indiens qu'on excitoit contr'elles.
En 1753, il y eut quelques ravages commis sur les frontières de la Virginie. Les remontrances, qui furent faites à cet égard, restèrent sans effet. En 1754, on envoya sur les lieux un corps de troupes dont le commandement fut donné à Washington ; car, quoique très-jeune encore, cet officier s'étoit conduit, l'année précédente, de manière à prouver qu'il méritoit cette confiance.
Tandis qu'il marchoit pour aller prendre possession du poste situé dans l'endroit où se réunissent l'Allegany et le Monongahela, il apprit que les Français y avoient déjà construit un fort.
    Un détachement de leurs troupes s'avança aussitôt contre lui. Il se fortifia autant que les

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