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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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plus éloquens et les plus subtils de ses adversaires, soutenir les opinions de ses amis, et entraîner les hommes impartiaux qui avoient été d'abord d'un avis différent du sien. Souvent une simple observation lui suffisoit pour détruire tout l'effet d'un long et élégant discours, et déterminer le sort d'une question importante.
Mais il ne se contentoit point de défendre ainsi les droits du peuple. Il vouloit les lui assurer d'une manière permanente. Pour cela, il savoit qu'il falloit en faire sentir tout le prix, et que le seul moyen d'y réussir étoit d'étendre l'instruction dans toutes les classes de la société.
L'on a déjà vu qu'il fut le fondateur d'une bibliothèque publique, qui contribua beaucoup à augmenter les connoissances des habitans de Philadelphie. Mais cette bibliothèque ne suffisoit pas. Les écoles étoient alors en général de très-peu d'utilité. Ceux qui les tenoient, n'avoient pas les qualités nécessaires pour remplir l'important devoir dont ils s'étoient chargés ; et tout ce qu'on pouvoit attendre d'eux étoit de donner les principes d'une commune éducation anglaise. Franklin traça pour la ville de Philadelphie le plan d'un collége, tel qu'il devoit être dans un pays nouveau. Mais dans ce plan, comme dans tous ceux qu'il a faits, ses vues ne se bornoient pas à l'intérêt du moment. Il regardoit dans l'avenir l'époque où il faudroit étendre les bases de ses institutions.
    Il considéroit le collége de Philadelphie, comme une établissement qui deviendroit, avec le temps, un séminaire de savoir, plus étendu et plus analogue aux circonstances.
D'après son plan, les statuts du collége furent dressés et signés le 13 novembre 1749 ; et on y nomma, en qualité de curateurs, vingt-quatre des plus respectables citoyens de Philadelphie. Les principales personnes que Franklin consulta, et sur son plan, et sur le choix des curateurs, furent Thomas Hopkinson, Richard Peters, alors secrétaire de l'assemblée provinciale, Tench Francis, procureur-général, et le docteur Phineas Bond.
Nous allons citer un article des statuts, pour montrer que l'esprit de bienfaisance, qui l'a dicté, est digne d'imitation ; et, pour l'honneur de Philadelphie, nous espérons qu'il continuera à être long-temps en vigueur.
«En cas que le recteur, ou quelque professeur devienne incapable de remplir sa place, soit par maladie, ou par quelqu'autre infirmité naturelle, qui peut le réduire à un état d'indigence, les curateurs auront le pouvoir de lui donner des secours proportionnés à ses besoins, à son mérite, ainsi qu'aux fonds qu'ils auront entre les mains.»
La dernière clause est exprimée d'une manière si tendre, si paternelle, qu'elle doit faire un honneur éternel à l'esprit et au cœur des fondateurs.
«On doit espérer que les curateurs se feront un plaisir, et même un devoir de visiter souvent le collége, soit pour encourager et soutenir la jeunesse, soit pour exciter et aider les maîtres, et par tous les moyens en leur pouvoir, faire en sorte que cette institution remplisse son but.
    On doit croire aussi qu'ils regarderont jusqu'à un certain point, les élèves comme leurs propres enfans ; qu'ils les traiteront avec familiarité et avec affection ; et que quand ils se seront bien conduits, qu'ils auront achevé leurs études, et qu'ils entreront dans le monde, les curateurs feront à l'envi tout ce qui dépendra d'eux pour les avancer et les établir, soit dans le commerce ou dans les emplois, soit par des mariages ou de toute autre manière qui pourra leur être avantageuse ; et cela préférablement à toute autre personne, même d'un mérite égal.»
Ces statuts étant signés et rendus publics, avec les noms des personnes qui se proposoient pour fondateurs et curateurs, le dessein en fut si bien approuvé par les généreux citoyens de Philadelphie, qu'au bout de peu de semaines, il y eut une souscription de huit cents livres sterlings par an, pour l'espace de cinq années. Au commencement du mois de janvier suivant [En 1750.], on ouvrit les écoles de latin, de grec, d'anglais et de mathématiques.
D'après un article du premier plan, on établit encore une école pour élever gratis soixante garçons et trente filles. Cette école a été, depuis, appelée l'École de Charité ; et malgré l'obstacle que les curateurs ont eu quelquefois à vaincre pour se procurer assez de fonds, cette école subsiste depuis quarante ans. Or, en comptant que chacun des

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