Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
vénération pour les quakers. (Note du Traducteur.)].
Les assassins entrèrent dans Germaintown [Petite ville à quatre milles de Philadelphie.
Elle a été bâtie par une colonie allemande, ainsi que l'indique son nom. (Note du Traducteur.)]. Le gouverneur se sauva dans la maison de Franklin, tandis que celui-ci marcha, avec quelques autres personnes, à la rencontre des enfans de Paxton, car c'est le nom qu'avoient pris les assassins. Franklin les harangua, et parvint à leur persuader d'abandonner leur entreprise et de retourner chez eux.
Les disputes entre les propriétaires [Les héritiers Penn.] et l'assemblée avoient été long-temps appaisées. Elles se renouvelèrent. Les propriétaires mécontens d'avoir cédé aux habitans, s'efforçoient de recouvrer leurs priviléges ; et quoiqu'ils eussent déjà consenti qu'on mît des impôts sur leurs biens, ils vouloient qu'ils en fussent encore exempts.
En 1763, l'assemblée adopta un bill concernant les milices. Le gouverneur refusa d'y donner son assentiment, à moins que l'assemblée n'y fît quelques changemens qu'il proposa. Ces changemens consistoient en une augmentation d'amende, en certains cas, et en une substitution de la peine de mort à l'amende, en quelques autres. Il vouloit aussi que les officiers fussent nommés par lui seul, et non élus par le peuple, comme le portoit le bill. Mais l'assemblée considéra ces changemens comme contraires à la liberté. Elle ne voulut point y souscrire. Le gouverneur s'opiniâtra ; le bill resta sans effet.
Cette circonstance et beaucoup d'autres du même genre, furent cause que la mésintelligence qui subsistoit entre les propriétaires et l'assemblée, s'accrut à un tel point, qu'en 1764, l'assemblée résolut de présenter au roi une pétition, pour le prier de changer le gouvernement propriétaire en un gouvernement royal.
Il y eut beaucoup d'opposition à cette mesure, non-seulement dans l'assemblée, mais dans les papiers publics.
On publia un discours de M. Dickenson [Auteur des fameuses Lettres d'un Fermier de Pensylvanie.], sur ce sujet, avec une préface du docteur Smith, qui s'efforça de montrer combien la démarche proposée étoit déplacée et impolitique.
M. Galloway fit imprimer un discours en réponse à celui de M. Dickenson ; et Franklin y mit une préface, dans laquelle il combattit victorieusement les principes de celle de Smith. Cependant, l'adresse au roi n'eut aucun effet ; le gouvernement propriétaire continua.
Lorsque vers la fin de l'année 1764, on fit les élections pour le renouvellement de l'assemblée, les partisans de la famille des Penn, firent tous leurs efforts pour exclure ceux qui leur étoient opposés, et ils obtinrent une petite majorité dans la ville de Philadelphie. Franklin perdit alors la place qu'il avoit occupée quatorze ans de suite dans l'assemblée. Mais ses amis y conservoient encore une prépondérance décidée. Ils le firent nommer, sur-le-champ, agent-général de la province ; et le parti opposé en fut si mécontent, qu'il protesta contre sa nomination. Mais la protestation ne fut point inscrite sur le registre, parce qu'elle étoit trop tardive. On la fit insérer dans les papiers publics ; et avant de s'embarquer pour l'Angleterre, il y répondit d'une manière ingénieuse et piquante.
On connoît les troubles que produisit, en Amérique, l'acte du timbre, présenté par le ministre Grenville [Dans un discours que prononça, le 15 mai 1777, dans la chambre des communes, Charles Jenkinson, devenu comte de Liverpool, il déclara que l'acte du timbre n'étoit point de l'invention de M. Grenville. On a su depuis que l'idée en étoit due à quelques Américains réfugiés en Angleterre, et mécontens de leur patrie.
(Note du Traducteur.)], et les oppositions qu'il y rencontra. Lorsque le marquis de Rockingham parvint au ministère, on crut devoir chercher à calmer les colons, et on pensa qu'un des meilleurs moyens d'y réussir, étoit la révocation de l'acte odieux. Pour savoir comment le peuple américain étoit disposé à se soumettre à cette loi, la chambre des communes fit venir Franklin à sa barre. Les réponses qu'il y fit, ont été publiées ; et elles sont une preuve frappante de l'étendue, de la justesse de ses connoissances, et de la facilité avec laquelle il s'exprimoit.
Il présenta les faits avec tant de force, que tous ceux qui n'étoient pas aveuglés par leurs préventions, virent aisément combien l'acte du timbre
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