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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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tendoit à montrer un esprit militaire ; et quoiqu'on fût alors dans le fort de la guerre entre l'Angleterre et la France, le ministère anglais improuva l'acte par lequel l'assemblée de Pensylvanie avoit permis l'organisation des milices. Les régimens qui avoient été formés, furent licenciés ; et on fit marcher des troupes régulières pour défendre la province.
La guerre qui désoloit les frontières, n'empêchoit pas que les propriétaires [Les héritiers Penn.] et le peuple de la Pensylvanie, ne fussent toujours en mésintelligence. L'appréhension même d'un danger commun ne suffisoit pas pour les réconcilier un moment.
    L'assemblée prétendoit jouir du juste droit de mettre des impôts sur les terres des propriétaires : mais les gouverneurs refusoient opiniâtrement de donner à cette mesure, un consentement sans lequel aucun bill ne pouvoit être converti en loi.
Indignée d'une résistance qu'elle regardoit comme une iniquité, l'assemblée résolut enfin, de demander à la mère-patrie qu'elle y mît un terme. Elle adressa au roi et à son conseil, une pétition, dans laquelle elle montroit tout le tort que fesoient au peuple, et l'attachement exclusif des propriétaires à leur intérêt particulier, et leur indifférence pour le bien général de la colonie ; et elle en demandoit justice.
Franklin fut chargé d'aller présenter cette adresse, et nommé, en conséquence, agent de la province de Pensylvanie. Il partit d'Amérique au mois de juin 1757. Conformément aux instructions qu'il avoit reçues de l'assemblée, il eut une conférence avec les héritiers Penn, qui résidoient alors à Londres, et il essaya de les déterminer à abandonner des prétentions dès long-temps contestées. Mais voyant qu'ils refusoient toute espèce d'accommodement, il présenta au conseil-d'état, la pétition de l'assemblée.
Pendant ce temps-là, le gouverneur Denny donna son assentiment à une loi qui établissoit un impôt, sans faire aucune distinction en faveur des biens de la famille Penn. Alarmée de cette nouvelle et des démarches de Franklin, cette famille employa tout son crédit pour empêcher que la sanction royale ne fût donnée à la nouvelle loi. Ils la représentèrent comme une loi excessivement injuste, qui leur feroit bientôt supporter tous les frais du gouvernement, et auroit les conséquences les plus funestes pour eux et pour leur postérité.
Cette cause fut amplement discutée devant le conseil privé.
    Les héritiers Penn y trouvèrent plusieurs zélés défenseurs ; mais il y eut aussi des membres du conseil, qui soutinrent, avec chaleur, la cause du peuple. Après d'assez longs débats, on proposa que Franklin promît solemnellement que la répartition de l'impôt seroit telle que les biens des Penn ne paieroient pas au-delà de ce qu'ils devroient proportionnément aux autres. Franklin n'hésita point à le promettre. La famille Penn cessa de s'opposer à la sanction de la loi ; et la tranquillité fut rendue à la Pensylvanie.
La manière dont se termina ce différend, montre clairement la haute opinion qu'avoient de l'honneur et de l'intégrité de Franklin, ceux mêmes qui le considéroient comme opposé à leurs vues. Certes, cette opinion n'étoit point mal fondée. La répartition de l'impôt fut faite d'après les principes de la plus austère équité ; et les terres des Penn ne contribuèrent aux dépenses du gouvernement que proportionnément à leur valeur.
Après la conclusion de cette importante affaire, Franklin demeura à la cour de Londres, en qualité d'agent de la province de Pensylvanie. La profonde connoissance qu'il avoit de la situation des colonies, et son zèle constant pour leurs intérêts, le firent nommer aussi agent des provinces de Massachusett, de Maryland et de Georgie. Sa conduite dans cette place, le rendit encore plus cher à ses compatriotes.
Il eut alors occasion de cultiver la société des amis, que son mérite lui avoit procuré pendant qu'il étoit encore éloigné d'eux. L'estime, qu'ils avoient conçue pour lui, s'accrut, quand ils le connurent personnellement. Ceux, qui avoient combattu les avantages de ses découvertes en physique, se turent insensiblement, et les récompenses littéraires lui furent prodiguées.
    La Société royale de Londres, qui s'étoit d'abord refusée à insérer dans ses transactions, les écrits de l'électricien de Philadelphie, pensa bientôt qu'elle se feroit un honneur de l'admettre au nombre de ses

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