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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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essaya de former un instrument harmonieux, en plaçant sur une table un certain nombre de verres de diverse grandeur et à moitié remplis d'eau. Une mort prématurée l'empêcha de perfectionner cette invention. Mais d'autres profitèrent de sa découverte. La douceur des sons, que rendoient ces verres, engagea Franklin à s'en occuper, et il produisit, enfin, cet élégant instrument, auquel on a donné le nom d'harmonica.
Dans l'été de 1762, Franklin retourna en Amérique. Dans la traversée, il remarqua le singulier effet, produit par le mouvement d'un vase qui contenoit de l'huile flottant sur l'eau. La surface de l'huile restoit unie et calme, tandis que l'eau étoit très-violemment agitée. Nous ne croyons pas que ce phénomène ait été encore expliqué d'une manière satisfaisante.
Franklin reçut les remerciemens de l'assemblée de Pensylvanie, et pour la fidélité avec laquelle il avoit rempli son devoir envers cette province, et pour les nombreux et importans services qu'il avoit rendus pendant son séjour à Londres, à toutes les colonies de l'Amérique septentrionale.
    L'assemblée décréta, en même-temps, qu'il lui seroit alloué une indemnité de cinq mille livres sterlings [Il y a dans l'original, argent courant de Pensylvanie, qui vaut à-peu-près un tiers de moins ; mais on a traduit sterling, parce qu'autrement, peu de lecteurs français auroient compris ce que cela auroit signifié. (Note du Traducteur.)], pour les six ans qu'il avoit passés à Londres.
Pendant son absence, il avoit été élu tous les ans membre de l'assemblée de Pensylvanie. À son retour, il reprit sa place dans ce corps, et il continua à être le courageux défenseur des droits du peuple.
Il survint, dans le mois de décembre 1762, un évènement qui répandit l'alarme dans la province. Une peuplade, composée d'une vingtaine d'Indiens, étoit dès long-temps établie dans le comté de Lancaster, et n'avoit pas cessé de se conduire paisiblement et amicalement envers les colons anglais. Cependant les dévastations que d'autres Sauvages commettoient sur les frontières, irritèrent tellement les colons, qu'ils résolurent de s'en venger sur tous les Indiens. Environ cent vingt habitans, qui, pour la plupart, étoient de Donnegal et de Peckstang ou de Paxton, dans le comté d'York, montèrent à cheval, se rassemblèrent, et prirent la route du petit établissement des paisibles et innocens Indiens de Lancastre. Ces bons Sauvages furent avertis qu'on venoit les attaquer : mais considérant les hommes blancs comme leurs amis, ils crurent n'avoir rien à craindre.
Lorsque les colons arrivèrent dans le village de ces Indiens, ils n'y trouvèrent que des femmes, des enfans, et quelques vieillards, parce que le reste de la peuplade étoit allé vaquer à ses occupations accoutumées.
    Ils égorgèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, entr'autres le chef, nommé Schahaès, distingué par son attachement aux colons. Cette action barbare excita l'indignation de tous ceux des habitans, qui avoient quelque sentiment d'humanité.
Les malheureux Indiens, qui, s'étant trouvés absens de leur village, avoient échappé à la mort, furent amenés à Lancastre et logés dans la geole, afin qu'ils pussent être à l'abri des nouveaux attentats de leurs assassins. Le gouverneur témoigna, par une proclamation, combien il désapprouvoit le massacre des Indiens, offrit une récompense à ceux qui feroient connoître les auteurs de cette barbarie, et défendit qu'on portât la moindre atteinte au repos du reste de la peuplade. Mais, au mépris de cette proclamation, les scélérats contre lesquels elle étoit rendue, marchèrent droit à Lancastre, brisèrent les portes de la geole et massacrèrent les infortunés Indiens qui y étoient renfermés.
Une seconde proclamation du gouverneur n'eut pas plus d'effet que la première. Un détachement de colons s'avança vers Philadelphie, dans le dessein d'égorger quelques Indiens amis qu'on y avoit conduits pour les dérober à la mort. Plusieurs citoyens de cette ville prirent les armes pour défendre ces malheureux. Les quakers même, à qui leurs principes religieux ne permettent pas de combattre pour leur propre défense, furent les plus ardens à protéger les Indiens [Ce trait, ce que Franklin rapporte du bon Denham, dans la première partie de ces mémoires, et tout ce que j'ai observé moi-même pendant mon séjour à Philadelphie, m'ont inspiré, je l'avoue, une grande

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