Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
membres. D'autres compagnies savantes désirèrent également d'inscrire son nom parmi ceux qui les illustroient. L'université de Saint-André, en Écosse, lui conféra le titre de docteur ès loix ; et cet exemple fut suivi par les universités d'Edimbourg et d'Oxford. Les premiers philosophes de l'Europe ambitionnèrent d'entrer en correspondance avec lui. Les lettres qu'il leur écrivit, contiennent des idées savantes et profondes, exprimées de la manière la plus simple et la plus naturelle.
Les Français possédoient alors le Canada, où ils avoient, les premiers, fait des établissemens. Le commerce que cette colonie les mettoit à même de faire avec les Sauvages, étoit extrêmement lucratif. Ils avoient trouvé là, un débouché considérable pour les produits de leurs manufactures, et ils recevoient en échange une grande quantité de belles fourrures, qu'ils vendoient chèrement en Europe. Mais si la possession du Canada étoit très-avantageuse à la France, les habitans des colonies anglaises souffroient beaucoup de ce qu'il lui appartenoit. Les Sauvages étoient en général jaloux de cultiver l'amitié des Français, qui leur fournissoient abondamment des armes et des munitions. Quand la guerre avoit lieu entre l'Angleterre et la France, les Sauvages s'empressoient de ravager les frontières des colonies anglaises. Bien plus : ils commettoient de pareils excès, lors même que la France et l'Angleterre étoient en paix.
D'après ces considérations, il n'étoit pas douteux que l'Angleterre ne fût intéressée à acquérir le Canada. Mais l'importance de cette acquisition n'étoit pas très-bien sentie à Londres. Franklin publia alors un pamphlet, dans lequel il démontra, avec la plus grande force, les avantages qui résulteroient de la conquête du Canada.
On traça aussitôt le plan d'une expédition, à la tête de laquelle fut mis le général Wolfe.
Le succès en est connu. Par le traité de paix signé en 1762, la France abandonna le Canada à la Grande-Bretagne ; et par la cession, qu'elle fit peu après, de la Louisiane, elle perdit toutes ses possessions dans le continent d'Amérique.
Quoique Franklin fût alors très-occupé de politique, il trouvoit le moyen de cultiver les sciences. Il étendit ses recherches sur l'électricité, et fit un très-grand nombre de nouvelles expériences, particulièrement sur le tourmalin. Il n'y avoit encore que très-peu de temps qu'on avoit découvert la singulière propriété qu'a cette pierre de s'électriser positivement, d'un côté, et négativement de l'autre, sans friction, et par la seule action de la chaleur.
Le professeur Simpson de Glascow, communiqua à Franklin quelques expériences que le docteur Cullen avoit faites sur le froid, produit par l'évaporation. Franklin les répéta, et il trouva que lorsqu'on pompoit l'air dans le récipient de la machine pneumatique, le froid y augmentoit à un tel degré, même en été, que l'eau y étoit convertie en glace. Il se servit de cette découverte pour expliquer un nombre de phénomènes, et particulièrement un fait, dont les physiciens avoient jusqu'alors cherché vainement la cause ; c'est que la chaleur du corps humain, dans un état de santé, n'excède jamais le quatre-vingt seizième degré du thermomètre de Fareinheit, quoique l'atmosphère qui l'environne puisse s'élever à un bien plus haut degré. Franklin attribua cela à l'augmentation de transpiration, et par conséquent à l'évaporation produite par la chaleur.
Dans une lettre écrite à M. Small, à Londres, et datée du mois de mai 1760, Franklin lui fit part d'un grand nombre d'observations, qui servent à prouver que dans l'Amérique septentrionale, les tempêtes du nord-est commencent dans le sud-ouest.
Il paroît, d'après une observation nouvelle, qu'une tempête du nord-est, qui s'étendit à une distance considérable, commença à Philadelphie quatre heures avant de se faire sentir à Boston.
Franklin essaya d'expliquer le fait, dont il rendoit compte, en supposant que la chaleur occasionnoit une raréfaction de l'air dans les environs du golfe du Mexique ; qu'alors l'air plus froid qui étoit immédiatement au nord, se portoit vers ce côté, et étoit remplacé par un air plus froid, que suivoit un plus froid encore : ce qui formoit un courant d'air continuel.
Le son produit par le frottement du bord d'un verre à boire avec un doigt mouillé, étoit généralement connu. Un irlandois, nommé Puckeridge,
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