Vie et Paroles du Maître Philippe
attestations de guérisons, écrites et signées par les
malades eux-mêmes sur papier timbré, avec leurs noms et adresses, accompagnés
souvent d’une légalisation du maire.
Ils déclarent qu’ils ont été guéris par M. Philippe sans
attouchement, sans remède, soit aux séances, soit à distance sans qu’il les ait
vus. Plusieurs sont écrites « pour servir à la vérité ou le
remercier » ; l’une d’elles dit : « Je donne ceci à M. Philippe
comme reconnaissance et rétribution puisqu’il n’en prend pas. » Une autre
: « J’écris ceci pour rendre hommage à la vérité et pour payer ma dette de
gratitude au dévouement humanitaire de M. Philippe qu’on ne saurait trop louer
et aider à accomplir la lourde tâche qu’il paraît s’être imposée. »
Ces attestations portent des dates échelonnées de mars 1869 à
septembre 1871, c’est-à-dire alors que le Maître était âgé de vingt à
vingt-deux ans.
Je me suis contenté de signaler une douzaine des guérisons de ce
dossier, concernant des maladies graves, en donnant les initiales des
intéressés et leurs adresses.
Mais il est d’autres maux moins visibles : déchirements du cœur,
tourments de l’esprit, souffrances de toutes sortes engendrées par la misère
que le « Père des pauvres » pansait avec une compassion infinie et
une bonté sans limites. Ceux qui l’entouraient connaissaient bien sa
générosité, mais nul ne pourrait dire les secours de toute espèce qu’il prodiguait,
tant il savait les entourer de silence et de discrétion. Ce n’est qu’après sa
mort que l’on sut quelque chose des nombreux pauvres dont il acquittait le
loyer, de veuves et de filles-mères qu’il aidait à vivre et à élever leurs
enfants.
14 mars 1869. - Guérison
d’une surdité ancienne. Mme Ph. B..., 9 rue des Quatre-Chapeaux, Lyon.
5 avril 1869. - Crises
d’épilepsie. M. J. L..., 7 rue Sainte-Blandine, Lyon.
5 avril 1869. - Maladie
de poitrine remontant à douze ans. M. D..., 63 rue de Trion, Lyon.
3 mai 1869. - Maladie de
cœur. M. P..., 15 rue du Chariot d’or, Lyon.
7 juillet 1869. -
Paralysie du pied droit. Mme G. M..., 14 rue du Chariot d’or, Lyon.
12 août 1869. - Perte de
sang durant depuis onze mois. Mme R. A..., Serrezin près Bourgoin (Isère).
13 août 1869. - Surdité
datant de vingt ans. Mme P. C..., 30 chemin de l’oratoire, Caluire.
20 août1869. - Guérison
d’un goître, existant depuis quatorze ans. M. P. A..., 19 rue du Belvédère,
Caluire.
31 décembre 1869. -
Hernie double, crachement de sang, perte de la vision de l’œil droit. M. C.
F..., à Duerne (Rhône).
15 novembre 1870. - Maux
d’yeux dont le fils du signataire souffrait depuis six ans. Maux d’estomac dont
sa fille souffrait depuis huit ans. M. B..., place du Change, Lyon.
14 décembre 1870. -
Fièvre intermittente, enflure aux jambes. M. L. K..., 88 avenue de Saxe, Lyon.
18 décembre 1870. -
Maladie de foie. M. G..., rue Camille, à Montchat.
J’ai assisté à la séance, 35 rue Tête-d’Or, où le professeur
Brouardel, de la Faculté de Médecine de Paris, est venu se rendre compte de ce
que faisait M. Philippe. Il y avait dans la salle une malade haletante,
marchant à grand-peine, fortement enflée du ventre et des jambes, qui attira
l’attention du professeur. M. Philippe pria ce dernier d’examiner la pauvre femme
dans une pièce contiguë à la salle des séances, en présence de quelques élèves,
dont moi-même, désignés par lui. En fin de séance, il nous rejoignit. « Eh
bien ; dit-il au professeur, que pensez-vous de cette femme » ;
Celui-ci expliqua que cette personne souffrait d’hydropisie généralisée et
qu’elle n’avait probablement que quelques jours à vivre. Lorsque la femme
revint dans la salle, soutenue par les élèves, elle avançait avec la plus
extrême difficulté ; sa respiration courte et oppressée faisait mal à
entendre. « Marche » ; lui dit M. Philippe. « Mais je ne
peux pas » ; - « Marche
plus vite » ;
Et voici qu’au bout d’un instant, sa marche hésitante se fit
plus aisée, et elle s’écria joyeusement : « Et maintenant, je vais
danser » ; tout en retenant ses vêtements devenus subitement beaucoup
trop amples. L’enflure du ventre avait disparu comme aussi celle des
jambes ; la joie de vivre était revenue dans son corps que la Faculté
avait condamné un instant auparavant. Et il n’y avait sur le plancher aucune
trace
Weitere Kostenlose Bücher