Vies des douze Césars
dictateur, à telle tribu. Je vous recommande tels et tels, afin qu’ils tiennent leur dignité de vos suffrages ». (3) Il admit aux honneurs également les enfants des proscrits. (4) Il restreignit le pouvoir judiciaire à deux sortes de juges, ceux de l’ordre équestre et ceux de l’ordre sénatorial ; et il supprima les tribuns du trésor, qui formaient la troisième. (5) Il fit le recensement du peuple, non de la manière accoutumée, ni dans le lieu ordinaire, mais par quartiers, en passant par les propriétaires d’îlots. Le nombre de ceux à qui l’État fournissait du blé fut réduit, de trois cent vingt mille à cent cinquante mille ; et pour que la formation de ces listes ne pût être à l’avenir l’occasion de nouveaux troubles, il établit qu’avec ceux qui n’y seraient pas encore inscrits, le préteur pourvoirait chaque année, par la voie du sort, au remplacement de ceux qui seraient morts dans l’intervalle.
XLII. Ses mesures pour augmenter la population de Rome et éteindre les dettes
(1) Quatre-vingt mille citoyens furent répartis dans les colonies d’outre-mer. Pour que la population de Rome n’en fût point épuisée, César défendit par une loi qu’aucun citoyen au-dessus de vingt ans et au-dessous de soixante, à moins qu’il ne fût sous les drapeaux, restât plus de trois ans de suite absent de l’Italie ; qu’aucun fils de sénateur entreprît des voyages à l’étranger, si ce n’est dans l’état-major d’un général ou pour accompagner un magistrat ; et enfin que ceux qui élevaient des bestiaux eussent, parmi leurs bergers, au moins un tiers d’hommes libres en âge de puberté. (2) Il conféra le droit de cité à tous ceux qui pratiquaient la médecine à Rome et qui y professaient les arts libéraux, une telle faveur devant leur faire aimer davantage le séjour de cette ville, et en attirer d’autres encore. (3) Quant aux dettes, au lieu d’en ordonner l’abolition, qui était vivement attendue et réclamée sans cesse, il finit par décréter que les débiteurs satisferaient leurs créanciers suivant l’estimation de leurs propriétés, et conformément au prix de ces biens avant la guerre civile, et que l’on déduirait du principal tout ce qui aurait été payé en argent ou en valeurs écrites, à titre d’intérêts. Ce règlement anéantissait environ le quart des dettes. (4) César fit dissoudre toutes les associations, hormis celles dont l’institution remontait aux premiers âges de Rome. (6) Il augmenta les peines établies contre les crimes ; et comme les riches en commettaient d’autant plus facilement qu’ils en étaient quittes pour s’exiler, sans rien perdre de leur fortune, il ordonna contre les parricides, ainsi que le rapporte Cicéron, la confiscation entière, et contre les autres criminels, celle de la moitié des biens.
XLIII. Sa sévérité dans la distribution de la justice. Ses lois somptuaires
(1) Il rendit la justice avec beaucoup de zèle et de sévérité. Il alla jusqu’à retrancher de l’ordre sénatorial ceux qui étaient convaincus de concussion. Il déclara nul le mariage d’un ancien préteur qui avait épousé une femme séparée depuis deux jours seulement d’avec son mari, et cela sans qu’il y eût soupçon d’adultère. (2) Il mit des impôts sur les marchandises étrangères. Il défendit l’usage des litières, des vêtements de pourpre et des perles, excepté à certaines personnes, à certain âge et pour certains jours. (3) Il veilla surtout à l’observation des lois somptuaires, et il envoyait dans les marchés des gardes qui saisissaient les denrées défendues et les portaient chez lui. Quelquefois, même des licteurs et des soldats allaient, par son ordre, enlever jusque sur les tables des dîneurs ce qui avait pu échapper à la surveillance de ces gardes.
XLIV. Ses projets. Il médite la guerre contre les Parthes
(1) Il avait conçu pour l’embellissement et l’équipement de Rome, pour la sûreté et l’agrandissement de l’empire, des projets de jour en jour plus vastes et plus nombreux. (2) Il voulait, avant tout, construire un temple de Mars plus grand qu’aucun temple du monde, en comblant jusqu’au niveau du sol le lac où il avait donné le spectacle d’un combat naval. Il voulait aussi bâtir un immense théâtre au pied de la roche Tarpéienne. (3) Il voulait condenser le droit civil, et renfermer en un très petit nombre de livres ce qu’il y
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