Vies des douze Césars
boisseaux de blé par tête et autant de livres d’huile, avec trois cents sesterces qu’il avait promis autrefois, et auxquels il en ajouta cent autres, pour compenser le retard. (3) Il remit même, pour un an, les loyers dans Rome jusque concurrence de deux mille sesterces, et dans le reste de l’Italie, jusqu’à concurrence de cinq cents. (4) À tous ces dons, il ajouta un festin public et une distribution de viandes. Après sa victoire en Espagne, il fit servir deux repas ; car le premier lui avait paru peu digne de sa magnificence : le second, donné cinq jours après, fut des plus somptueux.
XXXIX. Magnificence de ses spectacles
(1) Il donna des spectacles de divers genres : des combats de gladiateurs, des pièces de théâtre jouées dans tous les quartiers de la ville, et même par des acteurs parlant toutes les langues, des jeux dans le cirque, des combats d’athlètes, une naumachie. (2) On vit combattre dans le forum, parmi les gladiateurs, Furius Leptinus, d’une famille prétorienne, et Q. Calpenus, qui avait été sénateur et avocat. Les enfants de plusieurs princes d’Asie et de Bithynie dansèrent la pyrrhique. (3) Aux jeux scéniques, Decimus Laberius, chevalier romain, joua un mime de sa composition. Il reçut de César cinq cents sesterces et un anneau d’or ; et, de la scène, il alla, en traversant l’orchestre, s’asseoir sur l’un des quatorze gradins (réservés aux chevaliers). (4) Au cirque, l’arène fut agrandie des deux côtés ; on creusa tout autour un fossé qui fut rempli d’eau, et l’on vit des jeunes gens des plus nobles familles faire courir dans cette enceinte des chars à deux et à quatre chevaux, ou sauter alternativement sur des coursiers dressés à cette manœuvre. Des enfants, partagés en deux troupes, suivant la différence de leur âge, célébraient les jeux appelés Troyens. Cinq jours furent consacrés à des chasses. Le dernier spectacle fut celui d’une bataille rangée entre deux armées, et où combattirent, de part et d’autre, cinq cents fantassins, trente cavaliers et vingt éléphants. Afin d’ouvrir à ces troupes un plus vaste champ de bataille, on avait enlevé les bornes et dressé à leur place deux camps opposés l’un à l’autre. (5) Des athlètes luttèrent, pendant trois jours, dans un stade construit exprès dans le quartier du champ de Mars. (6) Pour la naumachie, un lac fut creusé dans la petite Codète, où s’affrontèrent des vaisseaux à deux, trois et quatre rangs de rames, chargés de soldats figurant une flotte tyrienne et une égyptienne. (7) L’annonce de tous ces spectacles avait attiré à Rome une si prodigieuse affluence d’étrangers, que la plupart d’entre eux couchèrent sous des tentes, dans les rues et dans les carrefours, et que beaucoup de personnes, entre autres deux sénateurs, furent écrasées ou étouffées dans la foule.
XL. Il réforme le calendrier
(1) Tournant ensuite ses vues vers la réorganisation de l’État, César corrigea le calendrier, tellement dérangé par la faute des pontifes et par l’abus, déjà ancien, des intercalations, que les fêtes de la moisson ne tombaient plus en été, ni celles des vendanges en automne. Il régla l’année sur le cours du soleil, et la composa de trois cent soixante-cinq jours, en supprimant le mois intercalaire, et en augmentant d’un jour chaque quatrième année. (2) Pour que ce nouvel ordre de choses pût commencer avec les calendes de janvier de l’année suivante, il ajouta deux autres mois supplémentaires, entre novembre et décembre, à celle où se fit cette réforme ; et elle fut ainsi de quinze mois, avec l’ancien mois intercalaire, qui, selon l’usage, s’était présenté cette année-là.
XLI. Ses règlements politiques
(1) Il compléta le sénat ; il créa de nouveaux patriciens ; il augmenta le nombre des préteurs, des édiles, des questeurs et des magistrats inférieurs. Il réhabilita des citoyens que les censeurs avaient dépouillés de leurs dignités, ou que les tribunaux avaient condamnés pour brigue. (2) Il partagea avec le peuple le droit d’élection dans les comices ; de sorte qu’à l’exception de ceux qui se présentaient au consulat, les candidats étaient élus, moitié par la volonté du peuple, moitié sur la désignation de César. Or, il désignait les siens au moyen de circulaires qu’il envoyait à toutes les tribus, et qui contenaient ce peu de mots : « César
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