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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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publiques Lucius Vitellius, et lui érigea une statue devant la tribune aux harangues, avec cette inscription : « Modèle d’une piété invariable envers César. » (3) Aulus Vitellius, fils de Lucius, et qui fut empereur, naquit le huitième jour avant les calendes d’octobre, ou, selon d’autres, le septième jour avant les ides de septembre, sous le consulat de Drusus César et de Norbanus Flaccus. (4) Ses parents furent si effrayés de son horoscope, que son père fit tous ses efforts pour que, de son vivant, il n’eût aucun gouvernement, et que sa mère, lorsqu’il fut envoyé vers les légions et appelé empereur, le pleura comme si elle l’eût perdu. (5) Vitellius passa son enfance et sa première jeunesse à Caprée, au milieu des prostituées de Tibère, et subit toujours l’infamie du surnom de « Spintria ». On crut même qu’il fallait chercher dans ses lâches complaisances la cause de la fortune de son père.
     
IV. Il devient le favori de Caligula et de Néron
    Les années suivantes, il se souilla aussi de toutes sortes d’opprobres. Mais il sut tenir le premier rang à la cour de Caligula, en s’appliquant à conduire les chars, et à celle de Claude, en s’adonnant au jeu de dés. Néanmoins il fut un peu plus agréable encore à Néron par les mêmes moyens, et par un service particulier qu’il lui rendit. Un jour qu’il présidait aux jeux néroniens, voyant que l’empereur, jaloux d’entrer en lice avec les joueurs de luth, sans oser pourtant céder aux instances du peuple, allait sortir du théâtre, il l’arrêta comme chargé de lui porter le vœu public, et parvint à le retenir.
     
V. Ses dignités. Sa conduite
    (1) La faveur de ces trois princes l’éleva non seulement aux honneurs, mais encore aux premières dignités du sacerdoce. Dans son proconsulat d’Afrique et son intendance des travaux publics, sa réputation fut aussi diverse que sa conduite dans ces deux charges. (2) Il fit preuve d’un désintéressement parfait dans son gouvernement qui dura deux années, en restant légat de son frère quand celui-ci vint le remplacer. Mais, dans son administration urbaine, il passa pour avoir dérobé les offrandes et les ornements des temples, et substitué le cuivre et l’étain à l’or et à l’argent.
     
VI. Ses femmes et ses enfants
    (1) Il épousa Petronia, la fille d’un consulaire, et en eut un fils nommé Petronianus, qui était borgne. (2) Sa mère l’ayant institué héritier à condition qu’il cesserait d’être sous la puissance paternelle, Vitellius l’émancipa. Mais on croit qu’il le fit périr peu de temps après, en l’accusant de parricide, et qu’il prétendit que, pressé par le remords, son fils avait avalé le poison qu’il destinait à son père. (3) Il épousa ensuite Galeria Fundana, fille d’un préteur. Il en eut aussi des enfants de l’un et de l’autre sexe. Mais le garçon bégayait à un tel point qu’il en était presque muet.
     
VII. Il reçoit de Galba le commandement d’une armée. Ses créanciers veulent le retenir à Rome. Il est accueilli avec joie par les soldats
    (1) Galba l’envoya commander dans la Basse-Germanie, au grand étonnement de tout le monde. (2) Il fut, dit-on, redevable de cet honneur au suffrage de T. Vinius, alors tout-puissant et auquel il plaisait depuis longtemps à cause de leur prédilection commune pour la faction des bleus. Mais si l’on considère que Galba disait ouvertement que personne n’était moins à craindre que ceux qui ne songeaient qu’à manger, et que les appétits effrénés de Vitellius pouvaient engloutir les richesses de la province, on verra clairement dans ce choix plus de mépris que de faveur. (3) On sait qu’il n’avait pas l’argent nécessaire à ce voyage. Ses affaires étaient tellement délabrées que sa femme et ses enfants qu’il laissait à Rome, se cachèrent dans un galetas afin qu’il pût louer sa maison pour le reste de l’année. Il détacha même de l’oreille de sa mère une grosse perle, et la mit en gage pour subvenir aux frais de route. (4) La foule de ses créanciers l’attendait et voulait l’arrêter, entre autres les habitants de Sinuesse et de Formies, dont il avait détourné les tributs. Il ne parvint à leur échapper qu’en les menaçant d’accusations calomnieuses dont il avait déjà donné l’exemple. Un affranchi lui ayant énergiquement demandé ce qu’il lui devait, Vitellius lui intenta un procès

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