Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
Vom Netzwerk:
Quelle que fût l’accusation, quelque fût le crime, il saisissait les biens des vivants et des morts. (3) Il suffisait d’alléguer la moindre action, la moindre parole qui blessât la majesté du prince. (4) On confisquait les successions les plus étrangères à l’empereur, pourvu que quelqu’un affirmât que, du vivant du défunt, il lui avait entendu dire que César était son héritier. (5) La taxe sur les Juifs fut exigée plus rigoureusement que toutes les autres. On y soumettait également ceux qui vivaient dans la religion juive sans en avoir fait profession, et ceux qui dissimulaient leur origine pour s’exempter des tributs imposés à cette nation. (6) Je me souviens d’avoir vu dans ma jeunesse un receveur visiter, devant une assemblée nombreuse, un vieillard de quatre-vingt-dix ans pour savoir s’il était circoncis. (7) Domitien, dès sa jeunesse, se montra dur, présomptueux, sans mesure ni dans ses discours ni dans sa conduite. Cénis, qui avait été la concubine de son père, à son retour d’Istrie, s’avançait pour l’embrasser, comme de coutume : il lui présenta sa main. Indigné de voir que le gendre de son frère eût des esclaves habillés de blanc, il s’écria : « Un grand nombre de chefs ne produit rien de bon ».
     
XIII. Son arrogance. Ses consulats. Il donne ses noms aux mois de septembre et d’octobre
    (1) Lorsqu’il fut monté sur le trône, il osa se vanter dans le sénat que son père et son frère n’avaient fait que lui rendre l’empire qu’il leur avait donné. En reprenant sa femme, après son divorce, il déclara qu’il la rappelait sur son siège sacré. (2) Un jour de festin public, il fut très flatté que l’on criât dans l’amphithéâtre : « Vive le maître et la maîtresse !". (3) Aux jeux Capitolins, tout le peuple lui demandait unanimement la réhabilitation de Palfurius Syra, qu’il avait autrefois chassé du sénat et qui venait de remporter le prix d’éloquence. Domitien ne daigna pas répondre et fit imposer silence par la voix du héraut. (4) C’est avec la même arrogance qu’il dicta au nom de ses procurateurs une circulaire qui commençait ainsi : « Notre maître et notre dieu ordonne...". (5) Depuis lors, il fut établi qu’on ne l’appellerait plus autrement, soit par écrit, soit dans la conversation. Il ne permit de lui ériger au Capitole que des statues d’or ou d’argent, et d’un poids déterminé. (7) Il fit élever, dans les divers quartiers de Rome, tant de portes et d’arcs de triomphe magnifiques, surmontés de quadriges et de trophées, que sur un de ces monuments on inscrivit en grec : « C’est assez. » (8) Il prit possession de dix-sept consulats, ce qui était sans exemple avant lui. De ces consulats, il y en eut sept consécutifs ; mais il n’en voulut guère que le titre. Il n’en conserva aucun au-delà des calendes de mai, et ne garda la plupart que jusqu’aux ides de janvier. (9) Après deux triomphes, il prit le surnom de Germanicus, et de ses noms appela les mois de septembre et d’octobre, Germanicus et Domitien, parce que dans l’un il était parvenu à l’empire, et que dans l’autre il avait vu le jour.
     
XIV. Ses pressentiments sur sa fin. Ses soupçons
    (1) Devenu odieux et redoutable à tout le monde, il périt enfin victime des complots de ses amis, de ses affranchis intimes et de sa femme. (2) Il avait depuis longtemps des pressentiments sur l’année et le jour qui devait terminer sa vie ; il soupçonnait même l’heure et le genre de sa mort. (3) Dès son adolescence, tout lui avait été prédit par les Chaldéens. Son père, le voyant s’abstenir de champignons dans ses repas, se moqua de lui en public, et lui dit que c’était plutôt le fer qu’il devait craindre, s’il savait sa destinée. (4) Toujours inquiet et tremblant, il s’épouvantait aux moindres soupçons, (5) et l’on croit qu’il n’eut pas d’autre raison pour laisser sans effet son édit sur les vignes, qu’un billet qu’en fit courir, et où se trouvaient ces vers :
     
    « Vouloir m’anéantir, c’est travailler en vain.
    Lorsque par ton trépas respirera le monde,
    Pour inonder ton corps, de ma tige féconde
    Ruisselleront toujours assez de flots de vin ».
     
    (6) Des craintes semblables lui firent refuser un honneur extraordinaire que lui avait décerné le sénat, quoiqu’il fût très avide de pareils hommages : c’était que, toutes les fois qu’il serait

Weitere Kostenlose Bücher