Vies des douze Césars
dans cette guerre et avant la guerre. (2) Un jour, assistant aux jeux publics, il fit expulser par l’appariteur un soldat qui s’était assis sur les bancs des chevaliers. Ses ennemis répandirent le bruit qu’il l’avait fait expirer dans les tourments ; et, par suite de l’indignation des soldats qui accouraient en foule, il s’en fallut de peu qu’Auguste ne perdît la vie. Heureusement pour lui, le soldat qu’on disait mort parut tout à coup sain et sauf. (3) Une autre fois, tandis qu’il offrait un sacrifice près des murs de Pérouse, il faillit être tué par une troupe de gladiateurs qui fit une brusque sortie.
XV. Ses vengeances après la victoire
(1) Après la prise de cette place, il sévit contre presque tous ses habitants. À ceux qui imploraient sa clémence ou tentaient de s’excuser, il ne répondait que ces mots : « Il faut mourir ». (2) Quelques auteurs rapportent que, parmi ceux qui se rendirent, il en choisit trois cents des deux ordres de l’État pour les immoler comme des victimes, le jour des ides de mars, sur un autel élevé à Jules César. (3) D’autres prétendent qu’il avait excité cette guerre uniquement afin que ses ennemis secrets, et ceux que retenaient plutôt la crainte que la volonté, profitassent, pour se montrer, de l’occasion qui leur donnait pour chef L. Antoine. Il voulait, après les avoir vaincus, confisquer leurs biens pour s’acquitter envers les vétérans des récompenses promises.
XVI. Guerre contre Sextus Pompée. Ses préparatifs. Sa conduite avant et pendant la bataille. Périls auxquels il est exposé. Il exile Lépide
(1) La guerre de Sicile fut une de ses premières expéditions. Mais il la traîna en longueur et l’interrompit souvent, tantôt pour réparer les flottes qu’il avait perdues dans un double naufrage au milieu de l’été, tantôt pour faire la paix, aux instances du peuple qui voyait intercepter les convois, et qui redoutait les progrès de la famine. (2) Mais, quand il eut fait reconstruire ses vaisseaux, quand il eut transformé en matelots vingt mille esclaves affranchis, il créa le port de Jules dans le voisinage de Baïes, et introduisit la mer dans le lac Lucrin et dans l’Averne. (3) Après y avoir exercé ses troupes pendant tout l’hiver, il vainquit Pompée entre Myles et Nauloque. Au moment du combat, il fut tout à coup plongé dans un si profond sommeil, que ses amis durent le réveiller pour donner le signal. (4) Voilà sans doute ce qui donna lieu à Antoine de lui reprocher « de n’avoir pas même osé lever les yeux sur un front de bataille ; d’être resté, dans sa stupeur, couché sur le dos, les regards attachés au ciel, et de n’avoir quitté cette attitude pour se montrer à ses soldats, que lorsque M. Agrippa eut mis en fuite la flotte ennemie ». (5) D’autres blâment à la fois ses paroles et ses actions, prétendant que, lorsque ses vaisseaux furent brisés par la tempête, il s’écria qu’il saurait bien vaincre malgré Neptune, et qu’aux premiers jeux du cirque, il fit enlever de la pompe solennelle la statue de ce dieu. (6) Dans aucune guerre peut-être il ne fut exposé à de plus grands et à de plus nombreux dangers. Il venait de faire passer une armée en Sicile, et se dirigeait vers le continent pour y chercher le reste de ses troupes, quand il fut attaqué à l’improviste par Démochare et Apollophane, lieutenants de Pompée, et il eut beaucoup de peine à se sauver avec un seul vaisseau. (7) Dans une autre circonstance, en passant à pied près de Locres pour se rendre à Rhégium, il aperçut des galères de Pompée qui côtoyaient le rivage. Persuadé qu’elles étaient des siennes, il descendit sur la plage, et fut sur le point d’être pris. (8) Il s’enfuit par des sentiers détournés. Un esclave de Paul Émile qui l’accompagnait, se souvenant qu’il avait autrefois proscrit le père de son maître, saisit l’occasion de la vengeance, et essaya de le tuer. (9) Après la fuite de Pompée, Lépide, le second de ses collègues, qu’il avait appelé d’Afrique à son secours, fier de l’appui de ses vingt légions, réclamait avec instances et menaces le premier rang dans l’État. Il le dépouilla du commandement, lui accorda la vie qu’il demandait à genoux, et le relégua à perpétuité dans l’île de Circéies.
XVII. Il se brouille avec Antoine. Bataille d’Actium. Mort d’Antoine et de Cléopâtre
(1) Son alliance avec
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