Vies des douze Césars
qui maintenant la révère parmi ses dieux domestiques. (3) De plus, Antoine, dans ses lettres, appelle souvent Octave Thurinus par forme de mépris, et Octave lui répond qu’il trouve étrange qu’on lui fasse une injure de son premier nom. (4) Dans la suite il prit celui de César, puis celui d’Auguste, l’un d’après le testament de son grand oncle, l’autre en vertu de la motion faite par Munatius Plancus. Quelques-uns pensaient qu’il fallait l’appeler Romulus, parce qu’il était en quelque sorte le fondateur de Rome. Mais le surnom d’Auguste prévalut comme nouveau et plus noble. Il caractérisait les lieux saints, ceux où les augures consacraient quelque chose, soit que cette dénomination vînt d’auctus, soit qu’elle fût tirée des mots « auium gestus » ou « gustus », appliqués aux oiseaux, ainsi que l’indique ce vers d’Ennius : « Quand Rome s’éleva sous d’augustes présages, etc. »
VIII. Ses premières campagnes ; ses études. Précis de sa vie
(1) Il perdit son père à quatre ans. À douze, il prononça en public l’éloge funèbre de son aïeule Julie. (2) À seize, il prit la robe virile, et reçut des récompenses militaires dans le triomphe de César sur les Africains, quoique son âge l’exemptât du service. (3) Bientôt après son oncle partit pour aller combattre les fils de Cn. Pompée en Espagne. À peine relevé d’une maladie grave et sauvé d’un naufrage, Auguste l’y suivit avec une faible escorte, à travers des chemins infestés d’ennemis ; et le caractère qu’il annonçait déjà lui mérita hautement l’approbation de César pour l’habileté avec laquelle il avait accompli ce trajet. (4) Après la soumission de l’Espagne, César préparait une expédition contre les Daces et contre les Parthes. Auguste fut envoyé en avant à Apollonie, où il se livra à l’étude. (5) C’est là qu’il apprit la mort du dictateur qui le nommait son héritier. Après une longue hésitation, il voulut appeler à lui des légions voisines ; mais il rejeta ce parti comme téméraire et prématuré. (6) Cependant il revint à Rome, et se porta pour héritier de César, malgré les irrésolutions de sa mère et les vives remontrances de son beau-père Marcius Philippus, homme consulaire. (7) Ayant ensuite levé des armées, il gouverna la république d’abord avec le concours d’Antoine et de Lépide, puis avec celui d’Antoine seul pendant près de douze années ; et enfin il en fut souverain unique pendant quarante-quatre ans.
IX. Ses guerres
(1) Tel est le précis de sa vie. Je vais en détailler chaque partie, non pas suivant l’ordre chronologique, mais en classant les différents objets, pour les présenter sous un point de vue plus net et plus distinct. (2) Auguste soutint cinq guerres civiles, celle de Modène, celle de Philippes, celle de Pérouse, celle de d’Actium ; la première et la dernière contre Marc Antoine, la seconde contre Brutus et Cassius, la troisième contre L. Antoine, le frère du triumvir, la quatrième contre Sextus, fils du grand Pompée.
X. Ses menées à Rome. Ses premiers démêlés avec Marc-Antoine. Il embrasse le parti des grands, et lève une armée. Ses actes de lâcheté et de courage.
(1) Toutes eurent pour principe et pour cause l’obligation où il croyait être de venger la mort de son oncle, et de défendre ses actes. Dès qu’il fut revenu d’Apollonie, il résolut d’attaquer à l’improviste Brutus et Cassius ; mais ils prévinrent ce danger par la fuite. Alors, s’armant de l’autorité des lois, il les accusa, en leur absence, du meurtre de César. (2) Il célébra lui-même les jeux institués en mémoire de la journée de Pharsale, parce que ceux qui en étaient chargés n’osaient pas s’en acquitter. (3) Pour assurer l’exécution de ses volontés, il se porta candidat à la place d’un tribun du peuple qui venait de mourir, et cela, quoiqu’il fût patricien, mais non encore sénateur. (4) Toutefois, éprouvant beaucoup d’opposition de la part du consul Marc Antoine qu’il avait cru devoir être son principal appui, et qui ne lui accordait rien que le droit commun, celui qui découlait des règles établies, encore en stipulant pour lui d’immenses avantages, il passa dans la faction des grands. Il savait qu’Antoine leur était odieux, surtout depuis qu’il tenait Decimus Brutus assiégé dans Modène, et qu’il voulut le chasser d’une
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