Vies des douze Césars
paternels d’Auguste.
III. Services de C. Octavius, son père
(1) Octavius son père jouit, dès sa jeunesse, d’une grande fortune et d’une haute considération. J’ai donc lieu de m’étonner que des historiens l’aient fait passer pour un courtier, ou, même l’aient compté parmi les accapareurs de suffrages au champ de Mars. Élevé dans l’opulence, il parvint facilement aux emplois, et les exerça avec distinction. (2) Il obtint, après sa préture, la province de Macédoine. En s’y rendant, il remplit la mission extraordinaire dont le sénat l’avait chargé : il anéantit les restes fugitifs des troupes de Spartacus et de Catilina qui infestaient le territoire de Thurium. (3) Dans son gouvernement, il ne montra pas moins d’équité que de courage. Il défit dans une grande bataille les Besses et les Thraces, et traita si bien les alliés, que Cicéron, dans des lettres qui existent encore, engage vivement son frère Quintus, dont l’administration, comme proconsul d’Asie, excitait quelques mécontentements, à se concilier l’estime des alliés, comme son voisin Octave.
IV. Sa famille
(1) À son retour de Macédoine, il mourut de mort subite avant d’avoir pu se mettre sur les rangs pour le consulat. Il laissait de sa première femme Ancharia une fille nommée Octavie, et d’Atia sa seconde femme, une autre Octavie et Auguste. (2) Atia était fille de M. Atius Balbus, et de Julie, sœur de C. César. Du côté paternel, Balbus était originaire d’Aricie. Il comptait beaucoup de sénateurs dans sa famille. Du côté maternel, il tenait de très près au grand Pompée. En quittant la préture, il fut un des vingt commissaires chargés de partager les terres de Campanie en vertu de la loi Julia. (3) Cependant le même Antoine traite avec dédain les ancêtres maternels d’Auguste. Il prétend que son bisaïeul était africain, et qu’il avait été tour à tour parfumeur et boulanger à Aricie. (4) Dans une de ses lettres, Cassius de Parme ne se borne pas à dire qu’Auguste est le petit-fils d’un boulanger ; il le taxe aussi de petit-fils d’un courtier de monnaies : « Ta farine maternelle, dit-il, prise dans le plus grossier moulin d’Aricie, a été pétrie par les mains du changeur de Nerulum que l’argent avait noircies ».
V. Sa naissance
(1) Auguste naquit sous le consulat de M. Tullius Cicéron et d’Antoine, le neuf des calendes d’octobre, un peu avant le lever du soleil, dans le quartier palatin, près des Têtes de bœuf, à l’endroit même où il a maintenant un sanctuaire qui fut bâti peu de temps après sa mort. (2) Les actes du sénat rapportent que C. Laetorius, jeune patricien, convaincu d’adultère, pour obtenir qu’on adoucît sa punition, avait allégué, outre son âge et ses ancêtres, l’avantage qu’il avait d’être le possesseur, et, pour ainsi dire, le gardien du sol qui avait vu naître Auguste ; qu’il avait demandé grâce en considération de ce dieu qui lui appartenait plus particulièrement, et que le sénat avait ordonné que cette partie de la maison serait consacrée.
VI. Tradition superstitieuse touchant l’appartement où il fut nourri
(1) On montre encore, dans un faubourg de Vélitres et dans le logis de ses aïeux, la chambre où il fut nourri. Elle est fort petite, et ressemble à un garde-manger. Tout le canton croit que c’est là qu’Auguste est né. (2) On se fait un scrupule d’y entrer sans nécessité et sans lui rendre hommage. D’après une ancienne tradition, ceux qui visitent ce lieu avec irrévérence sont saisis d’horreur et d’effroi. Ce qui a confirmé cette croyance, (3) c’est que le nouveau possesseur de cette propriété, soit inadvertance, soit bravade, étant allé s’y coucher, en fut, quelques heures après, arraché de vive force par une puissance soudaine et inconnue, et on le trouva avec son lit presque demi-mort devant sa porte.
VII. Ses surnoms
(1) Dans son enfance, on le surnomma Thurinus, soit pour rappeler l’origine de ses aïeux, soit parce que, peu de temps après sa naissance, son père Octavius avait remporté quelques succès sur les fugitifs dans le canton de Thurium. (2) Il me serait facile de fournir des preuves certaines qu’il fut appelé Thurinus, d’après une petite médaille en bronze que je possède, où il est représenté encore enfant avec ce surnom en lettres de fer déjà presque effacées. J’en ai fait présent à l’empereur
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