Vies des douze Césars
moins de peine, il ordonna qu’avant de s’asseoir, chacun offrirait du vin et de l’encens devant l’autel du dieu dans le temple duquel on se rassemblerait ; que le sénat n’aurait pas plus de deux assemblées réglées par mois, aux calendes et aux ides ; et que, dans les mois de septembre et d’octobre, personne ne serait tenu au service, excepté ceux que le sort aurait désignés comme formant le nombre nécessaire pour rendre des décrets. Enfin il créa pour lui un conseil que le sort lui désignait à chaque semestre, afin de préparer avec lui les affaires qui devaient être portées devant le sénat assemblé. (5) Dans les affaires importantes, il ne suivait, pour aller aux voix, ni le rang ni l’usage ; il interrogeait à son gré, afin que chacun s’appliquât à donner son opinion, plutôt qu’à approuver celle d’autrui.
XXXVI. Nouveaux règlements dont il est l’auteur
Il fut encore l’auteur d’autres dispositions. Il défendit de publier les actes du sénat, d’envoyer les magistrats dans les provinces immédiatement après qu’ils se seraient démis de leur charge. Il établit une indemnité pécuniaire pour les proconsuls, afin qu’ils pussent solder le prix des mulets et des tentes, qu’auparavant on fournissait par voie d’adjudication. Il fit passer l’administration du fisc des questeurs de la ville aux préteurs ou à ceux qui l’avaient été. Les juges nommés centumvirs, qui étaient ordinairement rassemblés par des questeurs honoraires, le furent désormais par des décemvirs.
XXXVII. Il crée de nouveaux offices
(1) Pour appeler un plus grand nombre de citoyens à l’administration de l’État, il imagina de nouvelles fonctions : la surintendance des travaux publics, des chemins, des eaux, du lit du Tibre, des grains à distribuer au peuple, la préfecture de Rome, le triumvirat pour le personnel du sénat, et un autre pour passer en revue les chevaliers, quand il en serait besoin. (2) Il créa des censeurs que, pendant un long espace de temps, on avait cessé de nommer, et augmenta le nombre des préteurs. (3) Il voulut aussi avoir deux collègues au lieu d’un, chaque fois que le consulat lui serait conféré. Mais il ne l’obtint pas, tout le monde se récriant que c’était déjà une assez forte atteinte à sa dignité personnelle, que de partager avec un autre un honneur qu’il pouvait garder pour lui seul.
XXXVIII. Il avance les fils des sénateurs. Il rétablit l’usage des revues des chevaliers
(1) Il ne fut pas plus avare de récompenses pour le mérite militaire. Il fit accorder le triomphe à plus de trente généraux, et les ornements du triomphe à un plus grand nombre encore. (2) Pour accoutumer de bonne heure les fils des sénateurs aux affaires publiques, il leur permit de prendre le laticlave en même temps que la robe virile, et d’assister au sénat. A peine commençaient-ils à servir, il les faisait tribuns de légion ou même commandants de cavalerie ; et, pour que personne ne restât étranger à la vie des camps, il mettait quelquefois deux chefs à la tête de chaque escadron. (3) Il passa souvent en revue les chevaliers, et rétablit leur marche solennelle au Capitole, qui était tombée en désuétude depuis longtemps ; mais il ne souffrit pas que, pendant cette marche, un accusateur pût, comme autrefois, faire descendre un chevalier de son cheval. Il permit à ceux qui étaient vieux ou mutilés d’envoyer leur cheval à leur rang, et de venir répondre à pied, si on les citait. Bientôt aussi ceux qui avaient plus de trente-cinq ans obtinrent la faveur de vendre leur cheval, s’ils ne voulaient pas le garder.
XXXIX. Il fait rendre aux chevaliers un compte rigoureux de leur conduite
Le sénat lui ayant accordé dix collaborateurs, il exigea que les chevaliers rendissent compte de leur conduite. Il châtiait ou flétrissait ceux qu’il trouvait en faute ; il en réprimandait plusieurs autres de diverses manières. Le genre de réprimande le plus doux était de leur remettre des tablettes qu’ils lisaient tout bas et sur-le-champ. Il nota aussi d’infamie quelques chevaliers pour avoir emprunté l’argent à de légers intérêts, et l’avoir replacé à de grosses usures.
XL. Ses règlements en faveur de l’ordre équestre. Ses distributions de blé au peuple. Sa conduite à l’égard des comices. Il restreint la faculté des affranchissements et le droit de cité. Il rétablit le costume
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